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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 10:03

« Le suffrage universel peut conduire à la dictature des imbéciles lorsqu’il n’est pas assorti à une instruction publique éclairant les esprits »

Il avait raison, l’auteur de cette phrase (Condorcet), et ce qui manque à notre démocratie c’est la pédagogie désintéressée et pas la langue de bois que nous servent quotidiennement nos hommes politiques et certains commentateurs en masquant les enjeux et les conséquences. Où sont les voix qui permettraient au peuple de comprendre à minima un système représentatif qui se complexifie de plus en plus et auquel les élus sont farouchement attachés, pas toujours pour de bonnes raisons mais pour protéger leur situation ?

Les citoyens n’écoutent plus les discours et désormais, ils s’abstiennent. Les élections européennes confirmeront cette tendance lourde observée lors de tous les scrutins nationaux ou locaux.

Nous ne sommes pas dans la dictature des imbéciles dont parlait Condorcet puisque les citoyens se désengagent de plus en plus de la vie publique après avoir épuisé toutes les offres politiques qui s’avèrent toutes aussi pauvres les unes que les autres. Les citoyens ont compris.

Nous sommes dans la démocratie désespérée, celle du repli sur soi, de la peur du voisin, du mutisme, des courbettes aux nantis pour espérer quelques miettes, de l’absence de projet collectif, du serrage de ceinture pour certains et de la belle vie pour les autres, du regard détourné, bref, dans un entre-deux effrayant, dans le délitement en attendant on ne sait quoi qui ne vient jamais et qu’on n’attend plus.

Ceux qui s’en sortent sont les mieux organisés, ceux qui savent jouer collectif, qui savent user voire abuser de leurs privilèges, de leur position sociale et de leur entregent.

La démocratie des minables

Parmi ceux qui s’en sortent, se trouve la classe politique, celle qui nous promet toujours des lendemains qui chantent trois semaines avant les élections et qui viennent nous dire que ce n’est pas facile de mettre les mesures promises en œuvre, compte tenu des « contraintes » (budgétaires, réglementaires, européennes, au choix…). Ils nous servent toujours la même soupe indigeste et ne sont plus élus que par une minorité d’électeurs (les naïfs, ceux qui ont besoin de croire, les godillots ou bien encore ceux qui espèrent de miettes), compte tenu de l’abstention grandissante.

Sont-ils seulement dupes, ces élus et leurs partis, de la capacité à changer les choses dans un monde sclérosé par l’argent et où les véritables dirigeants ne sont pas élus mais siègent dans les conseils d’administration ?

A constater la permanence de beaucoup d’élus dans le temps et qui se succèdent à eux-mêmes depuis vingt, trente ou quarante ans, qui cumulent les mandats et s’échangent les postes entre eux, on constate que le mandat d’élu est devenu un métier comme un autre, mais totalement hors sol, c’est-à-dire quasiment illégitime pour voter des textes qui s’appliqueront aux citoyens.

Il existe même des formes d’agences de placement pour élus désavoués par les élections ou ayant fait preuve de leur incompétence. On citera à cet égard quelques cas significatifs : Harlem Désir, Nadine Morano, Vincent Peillon ou Pierre Moscovici, sans oublier le cas magnifique d’abnégation de Mme Alliot Marie qui nous dit qu’elle va perdre de l’argent si elle est élue au Parlement européen !, sans compter ceux qui, une fois élus, désertent ce parlement pour « siéger » dans les médias nationaux (Melenchon, Le Pen,...)

N’oublions pas non plus le recyclage de B. Poignant et de V. Feltesse près du Bon Dieu à l’Elysée après avoir essuyé une défaite électorale aux dernières municipales, ni les parachutages au Conseil Economique et Social d’anciens fidèles de l’ancien Président.

N’oublions pas non plus l’énergie déployée actuellement par des élus de tous bords opposés à la réforme des collectivités territoriales pas toujours pour des raisons objectives, mais dans un souci prégnant de garder leurs mandats et qui n’hésitent pas à mentir et à manipuler l’opinion pour faire peur : les citoyens sont instrumentalisés au profit des intérêts de cette classe politique obsolète.

Minables, ils sont minables, totalement déconnectés du terrain, et surtout soucieux de leur plan de carrière, de leurs indemnités, de leur régime spécial de retraite.

Ils ne font plus illusion, ils communiquent à défaut d’agir et sont seulement là, relayés par les médias qui s’intéressent davantage à la petite phrase qu’au moyen de sortir du marasme, en revalorisant la parole citoyenne.

Jusqu’à quand ?

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commentaires

G
C'est très bien écrit mais je ne suis pas d'accord. <br /> C'est le système représentatif qui rend tout le monde minable. Je vous invite à lire le Contrat social de JJ Rousseau puis de jeter un oeil sur le système politique suisse. Vous vous rendrez compte alors que l'argent et la démocratie réelle peuvent faire bon ménage.
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R
Toujours aussi pertinentes tes analyses
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