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18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 09:51

Disons-le tout net, la publication en 2011 de dessins brocardant l’islam dans Charlie Hebdo paraissait pour moi simplement inutile. Il faut dire que mon désamour vis-à-vis de l’hebdo satirique avait commencé avec le licenciement de Siné au motif déclaré, mais inexistant après jugement, d’antisémitisme. Ce désamour s’était poursuivi lors du départ de Philippe Val à la direction de France Inter sous le règne Sarkozy.

17 morts plus tard, et le prix payé est effarant, je constate que les publications contestées ont agi comme un formidable révélateur, un accélérateur d’une prise de conscience collective que les religions, lorsqu’on leur laisse le terrain libre, peuvent faire vaciller les démocraties.

Ouvrons les yeux

Après la mondialisation économique on assiste à celle de la religion où chacune d’entre elles raisonne en part de marché et veut imposer sa loi aux autres et aux démocraties. Les religions se situent globalement sur le terrain de la conviction, du prêche et de la conversion, objectif final, alors que certaines de leurs franges extrémistes, passent progressivement à la lutte armée et au combat anti démocratique pour imposer leurs points de vue et abattre les règles que nous nous sommes données. Ils nous entraînent progressivement dans une logique de guerre civile.

La prise de conscience a été brutale. Il a fallu 17 morts pour que nous nous apercevions du problème alors même que chaque jour au Niger ou en Syrie ou en Irak, on enlève, on tue, on lapide, on décapite, on égorge, on asservit les populations qui n’ont pour seul tort que d’appartenir à d’autres religions, ou de pratiquer d’autres rites. Il existe encore aujourd’hui des pays « amis de la France » plus pour des raisons financières, commerciales ou géostratégiques que pour le respect des droits de l’homme, où l’on emprisonne, on fouette à mort ou l’on tue pour délit d’opinion. Depuis le 7 janvier nous savons que cette « loi » barbare est désormais appliquée chez nous, contre notre gré : cette fameuse mondialisation de la religion.

Conservons notre patrimoine républicain

17 morts plus tard, chez nous, en France, nous sommes amenés à réfléchir sur le sens de ces meurtres et sur ce qui doit être mis en place pour que cela ne se reproduise plus. Les rassemblements du week-end dernier ont été l’expression d’une formidable unité nationale, mais qu’on ne se leurre pas, tout cela n’aura qu’un temps et les querelles politiques ou l’oubli feront leur œuvre. Combien seront-ils les lecteurs de Charlie Hebdo dans un ou deux ans. Combien sont-ils ceux qui se sont précipités chez leur marchand de journaux uniquement pour pouvoir dire « j’y étais » sans lire ce journal ou bien en disant « ils vont quand même un peu trop loin », justifiant par là même les débordements d’extrémistes ? A côté de ceux-là, d’autres peut-être auront acquis la conscience de ce que nous pourrions perdre si nous sommes passifs et si nous concédons un seul pouce de notre liberté aux religions en les laissant imposer leurs lois.

Les droits que nous nous sommes données et parmi ceux-ci le droit à la critique et à la caricature font partie de notre patrimoine républicain. Nous n’aspirons pas à les imposer dans les pays qui ne les veulent pas, mais nous ne tolérons pas qu’elles soient contestées sur notre propre sol par des extrémistes, au nom d’une croyance qu’ils voudraient nous imposer.

17 morts plus tard, que faire pour que cela ne se reproduise pas ? La déclaration des droits de l’homme, la constitution et des lois votées par les représentants du peuple fondent notre vivre ensemble. Ces textes ne s’inspirent pas d’une religion ou d’une autre, voire de plusieurs. Ils sont fondamentalement marqués par la laïcité et la liberté d’expression. C’est cela qui dérange. C’est cela qu’il faut préserver par tous les moyens.

Il n’y a qu’une seule communauté en France

Des apprentis sorciers ont cru intelligent d’avancer le concept imbécile de « laïcité positive » pour mieux racoler les voix des « communautés », mot vide de sens dans notre démocratie où il n’en n’existe qu’une seule : la communauté nationale. Tant que ce terme sera galvaudé par les politiques et les médias, on laissera planer le doute sur le fondement même de la République qui ne serait alors que la simple addition de « communautés » exigeant d’elle des droits particuliers propres à chacune des religions.

Codes alimentaires ou vestimentaires, pratiques religieuses s’imposant aux autres, censure de la presse, voire statut de seconde zone pour les femmes, voilà la dérive à laquelle nous sommes exposés si nous ne réaffirmons pas avec vigueur cette laïcité qui reconnait toutes les religions à partir du moment où elles adhèrent à ce principe. Ce qui nous guette, c’est une application différenciée des lois sur notre propre sol en fonction des confessions de chacun comme cela se passe dans certains pays d’Europe.

Une riposte globale et ferme

Mais le rappel de ces règles, particulièrement en milieu scolaire, s’il s’avère indispensable, au même titre que des mesures législatives et réglementaires supplémentaires pour renforcer la sécurité, à condition qu’elles ne restreignent pas les droits des citoyens, ne saurait suffire.

C’est d’abord sur le terrain économique que cette bataille se gagnera : que faire face à la désespérance de milliers de chômeurs qui voient croitre chaque mois leur nombre ? On le sait, l’inactivité se traduit par une montée en puissance de l’économie parallèle et de la délinquance qui conduisent souvent à la prison, lieu de toutes les manipulations mentales pour des personnes mal éduquées et en perte de repères.

Bien sûr l’éducation est essentielle, à condition que cela débouche sur l’insertion dans la vie active. Le gouvernement s’apprête à faire, il n’y a pas d’autres mots, un cadeau de 40 milliards aux entreprises, quasiment à fonds perdus (pas pour tout le monde), comme cela a déjà été le cas lors de l’abaissement de la TVA sur la restauration.

Il faut absolument faire cesser ce « pacte » et M. Gattaz qui défilait entre Bastille et Nation dimanche dernier serait bien inspiré de revoir sa posture.

Tous concernés

Le Président de la République, qui excelle en tant que chef de guerre sur des théâtres d’opérations extérieurs et dont la gestion de la crise intérieure récente a été unanimement reconnue, serait bien inspiré d’ouvrir un nouveau front : le combat économique. De leur côté, les médias ne peuvent plus se contenter d’éditoriaux à l’eau tiède pour ne froisser personne et s’engager rapidement, dans le respect du pluralisme religieux, dans la promotion de la laïcité, en la nommant et en l’expliquant. Les élus, quant à eux, ne doivent plus renier nos valeurs pour de sordides calculs électoraux et cesser de financer les cultes par des voies détournées et de participer es- qualité à des manifestations religieuses. Les citoyens eux-mêmes doivent être vigilants tout en ne cédant pas aux sirènes du racisme et de l’exclusion, dont certains ont fait leur fonds de commerce

Voilà, 17 morts plus tard, il est temps que chacun prenne ses responsabilités.

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