Le buzz qui explose en plein vol
Ouest France s’est piqué de donner un nom (un gentilé) aux habitants de notre département (qui en manquaient cruellement, sans doute) et a lancé une consultation . De nombreuses propositions ont été faites auprès des lecteurs de ce journal. 9000 d’entre eux ont répondu et ont mis en tête avec une grande longueur d’avance la plus ridicule : Breizh-illiens !
On félicitera la clairvoyance du Président du Conseil Général qui, interrogé par Ouest France lors du lancement de la consultation, avait déclaré qu’il ne se sentirait pas tenu par son résultat.
Imaginez répondre je suis « Breizh-illien » ou « breizh-illienne » à un voisin de location de vacances ou de camping qui vous demandera d’où vous venez. L’éclat de rire ou la marque d’un abattement profond seront sans doute les deux attitudes les plus courantes chez votre interlocuteur.
Le ridicule ne tue pas, certes, mais il y a des limites et entretenir une confusion phonétique avec les habitants du Brésil n’est certes pas du meilleur goût.
Ce n’est surement pas la recherche d’une identité basée sur des considérations historiques ou géographiques qui a conduit les sondés à retenir un gentilé ridicule mais davantage l’idée de faire le buzz comme on dit aujourd’hui : faire parler, à n’importe quel prix, telle semble être la logique de ce résultat. Cela procède d’une démarche analogue à celle de people qui peuplent les pages des journaux spécialisés disponibles chez votre coiffeur ou votre médecin, et qui, comme le disait Coluche, sont tout juste bon à emballer le poisson.
En ce qui me concerne, j’avais répondu à cette enquête en proposant comme gentilé les « Sacérariens », convaincu que dans six mois on ne parlerait plus de cette initiative incongrue.
Je ne pense pas m’être trompé de beaucoup et nous allons voir maintenant comment le journal Ouest France va sortir du pétrin dans lequel il s’est mis lui-même.
Pour conclure, je vous propose de relire le texte de la chanson de Georges Brassens « La ballade des gens qui sont nés quelque part » dont je vous livre le premier couplet
C'est vrai qu'ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n'ont qu'un seul point faible et c'est être habités
Et c'est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Juste pour illustrer ce que je pense de cette quête imbécile d’identité départementale au moment où cette collectivité territoriale est menacée de disparition.