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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 16:34

Les manifestations se multiplient, les destructions de portiques écotaxe et de radars aussi. 25 % des français se déclarent prêt à frauder le fisc en omettant de déclarer des revenus. Les Préfets alertent le gouvernement sur les risques d’explosion sociale, et la presse se charge, parfois complaisamment de relayer ces informations sans traiter le fond.

Qu’y a-t-il de commun entre un salarié de Doux ou de Marine Harvest et leurs patrons, avec la FNSEA, les commerçants ou artisans ou avec ceux qui détruisent des portiques ou des radars ?

Rien a priori, sauf qu’ils se sont peut-être retrouvés ensemble, à un moment ou à un autre, coiffés d’un bonnet de couleur pour manifester pacifiquement pour les uns, ou en cassant pour les autres les symboles de l’Etat « taxeur », et pour demander à cet Etat honni qu’il trouve des solutions à leurs problèmes individuels alors que sa vocation est l’intérêt général.

Sont-ils exempts de critiques ces manifestants et ces casseurs et doit-on tout leur pardonner au nom d’une détresse réelle pour certains ou fantasmée pour d’autres ?

L’exemple de la mauvaise foi peut-être symbolisée en Bretagne par la FDSEA qui tient avant tout à préserver le modèle productiviste en faisant payer aux autres la pollution générée par ce modèle, en gueulant contre les technocrates et les fonctionnaires tout en tendant la main pour le maintien des aides européennes et autres subventions nationales ou régionales déguisées.

Pour le volailler Doux et le transformateur piscicole Marine Harvest, les raisons de la faillite sont à rechercher dans l’erreur de gestion ou bien dans le modèle économique qui privilégie l’actionnaire au salarié.

S’agissant des commerçants et des artisans, il est indéniable que la concurrence conduit à la dilution du chiffre d’affaires et que le travail au noir plombe le secteur. Allez faire un tour du côté des caisses des grandes enseignes de bricolage : le paiement en espèces pour des sommes rondelettes est monnaie courante…Pas de traces, ni vu ni connu et même des artisans déclarés se livrent à ce sport. On aimerait entendre les responsables syndicaux de la profession d’abord sur ce sujet avant de manifester contre la hausse de la TVA.

La palme de la mauvaise foi revient sans doute aux restaurateurs qui se sont bien goinfrés lors de la baisse de la TVA de 19,6 à 7 % et qui n’hésitent pas aujourd’hui à se lamenter sur le relèvement à 10 % qui va les obliger à licencier, bien évidemment...

Et tous d’aligner des chiffres : tant de perte de chiffre d’affaire, tant de licenciements, tant de fermetures d’entreprises, augmentation de la courbe du chômage et chute de l’investissement.

Et une constante, dans les discours : la protection des consommateurs et des salariés dont on ignorait jusqu’à présent la sollicitude que leur portaient ces corporations, rarement en pointe sur le social.

Il y a sans doute de la manipulation dans tout cela, de l’opportunisme, de la récupération aussi (cf Le Pen coiffé d’un bonnet rouge ou les manifestants du « printemps français ») et une volonté de revanche pour les partis exclus du pouvoir pour les mêmes motifs que ceux reprochés aujourd’hui au pouvoir en place, à savoir son incapacité à gérer « la crise », celle dont on nous parle depuis des années et dont la solution ne viendra pas de mesures catégorielles.

Tout et son contraire aussi dans les discours politiques : il y a la période des promesses lorsqu’on est dans l’opposition et celle de la réalité quand on est au pouvoir. Ceux qui hier, se réjouissaient de la mise en place de l’écotaxe, rasent aujourd’hui les murs au mieux ou critiquent au pire le manque d’écoute du gouvernement qui a récupéré la patate chaude : tout est bon quand on est dans l’opposition.

Où est le pouvoir ?

..Le vrai, celui qui n’officie pas dans les couloirs ministériels ou au plus près du citoyen, mais celui qui d’un seul clic sur un ordinateur fera gagner des millions à des spéculateurs et à des rentiers ou qui décidera la fermeture d’une usine en mettant à la rue des salariés concurrencés par des Bengladais permettant ainsi aux actionnaires de se goinfrer un peu plus, le pouvoir qui spécule sur les matières premières étranglant le paysan ou l’artisan, le pouvoir de ceux qui ayant bénéficié des systèmes sociaux français décident une fois fortune faite de fuir honteusement vers des pays qui mettront bien à l’abri leurs billets auprès desquels ils pourront mourir tranquilles.

N’oubliez jamais qui est votre maître, vous qui manifestez aujourd’hui et au lieu de vous mobiliser contre un Etat qui n’est jamais que l’exécuteur des basses œuvres libérales et financières, interrogez vous sur les raisons de la crise réelle ou parfois supposée qui vous fait descendre dans la rue.

Lorsque salariés, ouvriers, commerçants et artisans se retrouveront ensemble pour combattre cette hydre financière qui nous détruit, au lieu de demander au pouvoir de régler leurs problèmes catégoriels, on pourra alors parler de convergence des luttes, mais le moment n’est pas encore venu et actuellement, on ne risque qu’une déstabilisation supplémentaire du Pays, qui n’en a pas besoin.

A qui faire confiance ?

Pas aux médias qui ont tendance à privilégier l’image sur le commentaire : un portique qui brule et qu’on passe en boucle sur les chaînes info en incrustation d’un commentaire factuel d’un journaliste formaté sera meilleur pour l’audience qu’un commentaire détaillé sur les tenants et les aboutissants de l’évènement.

Pas aux élus non plus qui nous ont montré, droite et gauche confondues que la politique était avant tout un métier avant d’être un mandat. Ils sont nombreux, ces élus qu’on n’a jamais vu exercer une activité professionnelle, qui cumulent les mandats et les indemnités, se piquent à la drogue du pouvoir et qui ont compris que pour durer il ne fallait pas indisposer les lobbies et remettre leur ordre mondial en cause.

La crise actuelle montre le discrédit du personnel politique national et de celui qui gouverne les grandes collectivités territoriales et pas seulement ceux issus des partis d’alternance, mais aussi ceux qui prétendent arriver « aux affaires » et nous promettent monts et merveilles. Ils oublient tous le citoyen et se contentent de vivre du prestige conféré par leurs titres ou leurs mandats.

Reste le citoyen…mais en a-t-il encore envie ou les capacités ?

L’explosion sociale ne se décrète pas. Ce qu’on observe actuellement n’est que le début du délitement de la nation, du chacun pour soi et il y aura toujours un « sauveur » qui saura profiter des opportunités pour administrer une potion encore plus amère que l’actuelle. On comprendra alors ce qui s’est passé, mais il sera trop tard. L’exemple de la Grèce doit être présent dans les esprits.

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commentaires

L
Tout et son contraire... Il est des catégories qui ne sont pas citées, et n'apparaitront pas dans les manifestations...Celles qui constituent les doublons ou les inutiles du mille-feuilles administratif Français.<br /> Certes, chaque corporatisme doit balayer devant sa porte, mais chacun contribue à financer ce qui en quelques années est devenu insupportable au sens littéral du terme.<br /> Ce n'est pas le &quot;mondialisme&quot; (mélange du capitalisme et de la mondialisation) qui dicterait cette nécessité d'adapter la voilure administrative aux missions qu'elle remplis (ou non), c'est l'injustice de classe qu'elle crée... Ne nous y trompons pas, l'histoire ne se répète pas, mais les ressorts des protestations sont toujours les mêmes.
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