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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 07:16

Je ne suis pas un perdreau de l’année et jusqu’à il y a peu j’ai toujours voté, à tous les scrutins, pour faire mon devoir de citoyen et pour respecter la mémoire de ceux qui se sont battus pour que je vive dans un pays libre.

Comment en suis-je arrivé là ?

Depuis quelques temps je me pose des questions sur l’utilité de mon vote et je me demande si je ne suis pas devenu le spectateur voire le complice d’une mascarade en continuant à voter.

Les premières questions ont commencé à surgir après le référendum de 2005 sur le traité constitutionnel et depuis les choses ont empiré : de Sarkozy en Hollande en passant par des épisodes Mélenchonesques, la pitoyable volonté suicidaire des verts et par la sempiternelle rengaine et les affaires de la famille Le Pen, j’ai fini par comprendre que quel que soit le résultat d’une élection, nous n’échapperions pas à la logique libérale et à sa gouvernance occulte. Il faut dire que l’épisode Grec a conforté pleinement ce sentiment diffus.

J’ai tout de même cru longtemps que la gouvernance locale échapperait à cette logique mortifère auto destructrice, jusqu’à ce que le débat sur la réforme des collectivités territoriales m’ôte mes dernières illusions. J’ai donc franchi le pas et je me suis abstenu lors des dernières élections départementales après moultes réflexions et, pour tout dire, je n’ai eu aucun sentiment de culpabilité après ce que d’aucuns considèrent comme une trahison aux valeurs républicaines.

Je ne me sens pas seul, compte tenu des taux de participation à ces élections et ceux encore pire que l’on nous annonce pour les régionales.

J’ai enfin compris (il n’est jamais trop tard) que le triste spectacle politique fait de renoncements, de promesses non tenues, de soumission aux marchés et aux banques, voire de non-respect des résultats électoraux avait envahi toute la classe politique, des plus hauts sommets de l’Etat jusqu’aux communes, en passant par les (nombreuses) strates intermédiaires.

Votez pour moi !

« Je vous promets une France passée au Karcher, une finance moralisée, une laïcité sans faille, un pays sans immigrés et des valeurs judéo chrétienne ». Rien qu’en énonçant cette triste litanie, on se fait déjà une idée du débat politique national.

Le pire c’est que ce débat est le même pour les élections locales et on ne voit pas poindre le moindre début de réflexion et de programme basé sur les compétences respectives de ces collectivités.

D’ailleurs, pour revenir aux régionales, les électeurs sont à peine 30 % à répondre lorsqu’on les interroge sur les compétences de ces collectivités et sur ces 30 %, combien iront voter ? Je ne prétends pas qu’il faille connaître tout ce que fait telle ou telle collectivité, mais un minimum serait le bienvenu. Encore faudrait-il que les élus eux-mêmes et les partis se départissent du poujadisme de leurs propos pour expliquer l’utilité de leur mandat autrement que par leur propre stabilité professionnelle. Au lieu de cela, on maintient le bon peuple dans une ignorance crasse et on lui demande de voter comme on demande d’acheter le produit en tête de gondole au supermarché.

La politique, une nouvelle race de marketing !

Sur ce même fil, un commentateur s’indignait qu’un auteur utilise le terme « optimisation » emprunté au secteur privé pour parler des économies à faire dans les communes en les fusionnant. Et pourtant, en regardant de plus près, la frontière entre commerce et politique est plus que ténue. Voici une définition empruntée à wikipedia qui valide cette affirmation :

« Le marketing est une méthodologie concurrentielle de gestion de la compétitivité des marques d’une entreprise ou d’une organisation ; et, simultanément, de l'établissement d'une relation interactive de fidélisation à long terme, si possible à vie, par la cocréation de services pour ses clients et ses partenaires. »

Voilà, je pense qu’il est inutile de se livrer à une analyse plus poussée, sauf à dire que la relation de fidélisation politique à long terme découle de la multiplication des collectivités territoriales qui offrent chacune des services pour lesquels, paradoxalement, il n’est jamais fait état dans les campagnes électorales.

On pourrait dire, pour pousser la comparaison, que, compte tenu de la défection croissante de la « clientèle » abstentionniste, les produits proposés ne sont plus dans l’air du temps et que le « bien-être futur » véhiculé par le marketing politique ne tient plus ses promesses.

Les sous-traitants

En fait les partis politiques actuels, avec leur offre dépassée, me font penser aux sous-traitants des multinationales que l’on laisse vivoter gentiment afin de garder au chaud les parts de marchés et en donnant l’illusion de la concurrence. Ils sont justes là comme passeurs des idées les plus libérales qui vont de la dérégulation constante du droit social jusqu’à envisager un traité commercial transatlantique qui mettra un point final à nos illusions démocratiques.

Localement, le ton est donné par les succursales du Medef qui montent en première ligne pour exiger que les futures Régions s’interrogent en permanence sur chaque dépense, chaque subvention et proposent de réduire les effectifs de fonctionnaires en ne remplaçant pas deux fonctionnaires sur trois, sans doute pour mieux dégager des crédits à leurs profits exclusifs et pour des investissements pas toujours utiles.

Plus haut, c’est l’incroyable morgue bancaire qui prépare tranquillement l’explosion d’un nouvelle bulle spéculative et qui tisse constamment ses réseaux avec le pouvoir politique : de Macron issu de la banque à Villeroy de Galhau qui y retourne après un passage sous les ors de la République, pour ne parler que du quinquennat Hollande. Le renflouement par nos impôts en cas de faillite bancaire est déjà assuré.

Enfin, les sous-traitants, ce sont les multiples collectivités territoriales dont font partie les Régions, converties à la logique libérale. Ils s’apprêtent devant la crise des finances publiques et le ras le bol des français devant l’impôt à préférer l’investissement clinquant qui fera plaisir au Medef et aux banques en sucrant les subventions aux associations, en diminuant la qualité de l’accueil des usagers les plus faibles parmi lesquels les personnes âgées et la petite enfance. Un plan social en quelque sorte…

Trop, ils sont trop. Ils ne sont plus que des sous fifres de la doxa économique et financière ou bien pour être plus clair, des syndics de faillite chargés de nous faire passer la pilule. Leur récompense : des miettes pour les plus petits, c’est-à-dire le port d’une écharpe symbolique ou bien la photo officielle d’une inauguration dans le journal local. Au stade départemental ou régional, les mêmes hochets avec en plus le parfum enivrant de la tutelle sur les petits et les sans grades locaux et en sus parfois le cumul des mandats.

Au « sommet », c’est le jackpot bien payé et avec une retraite confortable. Des petites mains payées par le contribuable pour gérer l’image et le cumul qui sévit également dans les sphères parlementaires. Et surtout, surtout, la sollicitude jouissive des lobbies de tous poils, ceux qui vous dénaturent en moins de deux un projet de loi dont on avait cru qu’il pourrait changer les choses pour les citoyens.

La loi « Macron 1 » malgré ses ambitions (à moins que ce ne fussent que des postures), n’a pas réussi à réformer certaines professions réglementées comme les notaires. La « Macron 2 » envisage de déréglementer la profession de coiffeur dont on ne savait pas qu’elle avait une place aussi importante dans notre économie. Tout est dit !

Aucun parti, aucun projet ne répond aujourd’hui à mes attentes et c’est pourquoi je m’abstiendrais en décembre lors des élections régionales.

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commentaires

D
pour ma part je suis dans la même réflexion et j'irai voter blanc ..
Répondre
R
lu et approuvé
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