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3 février 2023 5 03 /02 /février /2023 11:16

Entendre M. Darmanin utiliser l’expression « valeur travail » comme il l’a fait récemment dans un entretien au Parisien, c’est comme entendre un chasseur dire qu’il aime les animaux.

Lorsque le Ministre de l’Intérieur utilise cette expression pour mieux stigmatiser une partie de la gauche et « son profond mépris pour cette valeur », qui chercherait « à bordéliser le pays » et prônerait une « société sans effort », on ressent comme un malaise parce que son discours ressemble furieusement à celui du médef, étrangement silencieux en ce moment : pas besoin d’apparaître, le gouvernement fait le job. Il a retenu les enseignements du cabinet Mac Kinsey.

Les saillies verbales radicales de Darmanin procèdent davantage de la protection des possédants et de la menace à peine voilée de l’usage de la matraque pour y parvenir, que de l’envie d’un dialogue social apaisé.

Le Ministre de l’intérieur et le gouvernement auquel il appartient ont donc basculé clairement du côté obscur de la force et privilégient la rente et le en mettant en œuvre des réformes qui vont toutes dans le même sens, celui de la régression sociale au nom d’un ordre mondial libéral qui ne supporte pas le partage.

La société « sans effort », elle est là, c’est un puits sans fond dans lequel tombent les exonérations de cotisations sociales, les primes diverses et variées à la compétitivité, à l’emploi, la baisse de l’impôt sur les sociétés, ou encore l’ISF, les dividendes, sans espoir de redistribution autre que parmi un petit cercle d’initiés qui iront investir dans les paradis fiscaux.

Pour faire bonne mesure, M. Darmanin aurait pu préciser son discours en donnant une signification nouvelle à la « valeur travail », définie dès lors comme outil de spéculation du patronat et du système financier, pour améliorer la  « rentabilité » ou la « profitabilité » et tant d’autres termes fleuris.

 Dans ce verbiage pseudo économique on parle donc des salariés comme d’une « variable d’ajustement », un « indicateur économique » parmi d’autres… On les déshumanise en les assimilant à «l’outil de production », à la machine qui produit et qu’on aimerait bien voir fonctionner 50 heures par semaine, 6 jours sur 7, voire plus, comme dans les ateliers chinois. On spécule, sans le dire trop fort, sur la mort, pas celle qui délivrera le salarié âgé de sa condition, mais celle qui diminuera le déficit des caisses de retraites.

Dans ces conditions, le fameux ruissellement cher à M. Macron, celui qui doit irriguer notre économie en multipliant les investissements, les profits et quelques emplois non délocalisables perd toute sa saveur, étant entendu que les salariés et tous les petits entrepreneurs qui croient au miracle libéral seront relégués à leur triste condition d’esclaves en devenir parce que le patronat et le gouvernement ont décidé qu’ils ne devaient pas participer au partage et que les efforts pour « sauver le régime des retraites » ne pouvaient décemment pas être demandés aux riches…

Vous verrez qu’une fois accompli leur méfait et une fois les régimes de retraite devenus excédentaires, ils n’hésiteront pas un seul instant à demander que leurs soient versés des dividendes (défiscalisés, bien évidemment) au titre du « retour sur investissement » dont profiteront, bien entendu, tous les anciens ministres partis pantoufler dans les entreprises du CAC 40.

 

  

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commentaires

A
J'ai partagé ton article sur mon FB, en commentaire de la vidéo de Michael Zemmour sur France Inter
Répondre
I
Merci ! Bon choix s'agissant de la vidéo de Michael Zemmour

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