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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 17:24

Qu’il était beau le discours de F. Hollande au Bourget ! Son ton enflammé, ses propositions auxquelles on avait envie de croire. Bon, ne boudons pas notre plaisir, le retrait de nos troupes d’Afghanistan est en cours, le Président et les ministres ont diminué leurs indemnités de 30 %, le mariage pour tous est en cours, les rémunérations des dirigeants d’entreprises publiques ont été plafonnées, les emplois d’avenir sont sur les rails et le renforcement des moyens de l’Education Nationale est déjà une réalité.

Mais pour le monde de la finance (l’adversaire du candidat), les fonds spéculatifs et les agences de notation, la fin des paradis fiscaux pour les banques, la suppression des stocks options, on attend encore, de même que pour la fusion IRPP/CSG ou bien l’abrogation de la loi Hadopi.

Pourquoi ces reculs ?

Le procès en illégitimité intenté par la droite et la virulence des propos des ténors de l’UMP ne sont pas pour rien dans cette glaciation du pouvoir, dont témoignent par ailleurs les bourdes commises par les membres du gouvernement mal préparés à la communication en temps de crise ou pour le moins mal entourés dans leurs ministères.

A cette attitude de la droite, exacerbée par le débat interne à l’UMP pour la prise de pouvoir au parti, s’ajoute celle de certains corps intermédiaires ou autoproclamés comme tels, que l’on n’avait pas entendu sous la présidence précédente.

Entre les pigeons qui ont réussi le hold up parfait face à un gouvernement tétanisé, les dindons et autres volatiles, on a vu apparaître des mouvements « spontanés » de certaines organisations ou marques commerciales, s’insurgeant contre la politique menée en matière de fiscalité.

Le « bâtiment en colère », Les « fast food mécontents » ont déjà publié des pleines pages dans la presse pour dire leur mécontentement. Les patrons de l’AFEP (dont Total…) montent au créneau pour dire au gouvernement ce qu’il faut faire en matière de fiscalité (diminuer les charges des entreprises, augmenter la pression fiscale des ménages et sans doute tailler dans la protection sociale). Actuellement ce sont les restaurateurs qui protestent contre un retour au régime normal de la TVA, et demain sans doute on verra  monter au créneau d’autres corporations.

Car c’est ainsi, le gouvernement socialiste qui devrait revenir aux fondements de la démocratie et prendre appui sur les citoyens, devient totalement prisonnier des lobbies qui disent représenter le monde économique et menacent chaque jour d’allonger la liste des plans sociaux s’ils ne sont pas entendus. Ils sont accompagnés dans ce travail de sape par M. Copé qui menace de faire descendre les français dans la rue.

Le gouvernement prend donc acte du fait qu’il ne détient qu’une faible partie du pouvoir et navigue à vue, sans cohérence et, sans doute plus grave, en donnant l’impression qu’il écoute moins le corps électoral de qui il tient sa légitimité que les éternuements des agences de notation.

Il se prépare déjà à rendre le pouvoir à la droite au terme d’un mandat fade et insipide fait d’amateurisme, de bourdes et de promesses non tenues, avec à la clé l’émergence future d’une politique à la Romney pour qui l’existence d’un état (fédéral ou autre) et de budgets sociaux est une hérésie.

Il est à craindre qu’un des principaux bénéfices de l’arrivée au pouvoir des socialistes aura été le départ de Sarkozy.

Le retour à la terre

Les socialistes se préparent donc d’ores et déjà à un repli en bon ordre dans leurs fiefs électoraux, c'est-à-dire les Régions, les Départements, les grosses communautés d’agglo et autres syndicats locaux. Il faut savoir que le PS (comme l’UMP, par ailleurs) est un parti d’élus  et de notables locaux qui ont tissé leur toile et leurs réseaux depuis des années, et qui à chaque élection ont conquis de nouvelles assemblées locales. Ce capital, ce fonds de commerce local, le PS y tient par-dessus tout et les parlementaires du parti voient dans ce système une voie de repli confortable en cas de non réélection à l’Assemblée ou au Sénat et d’alternance politique.

Déjà l’Elysée et les Ministères sont assiégés par les différents lobbies d’élus locaux régionaux, départementaux, grandes villes et agglomérations… qui promettent tous de participer activement à la relance économique du pays et à la politique gouvernementale d’emplois d’avenir, à condition qu’on ne touche pas à leur échelon territorial alors qu’une réforme d’ampleur serait nécessaire pour mettre de l’ordre dans ce foutoir territorial où tout le monde s’occupe de tout.

Ces braves gens vous diront en cœur que les collectivités territoriales réalisent 75 % de l’investissement public en France en oubliant de préciser que cela ne représente que 4% du PIB. Cet investissement public est payé avec les impôts locaux et comme les dotations de l’Etat vont diminuer, il faut vous attendre à des augmentations sur vos prochaines feuilles d’impôt pour payer les ronds points et autres aménagements urbains ou bordures de trottoirs dont nous sommes déjà saturés.

Il faut savoir anticiper…

On devine par conséquent que la limitation du cumul des mandats sera vidée de son contenu, surtout lorsque l’on voit le peu d’empressement des élus du P.S. à abandonner le ou les mandats de trop malgré les engagements pris par le Parti.

On sait aussi que la décentralisation promise sera un flop et que l’on confortera les mandarins locaux sur leurs territoires : difficile de supprimer un niveau de gestion locale sans supprimer les mandats électifs et les emplois de cabinet qui vont avec et qui sont, rappelons-le, majoritairement détenus par le PS.

Parce que c’est ainsi en France, les élus sont des professionnels de la politique qui veulent durer et par conséquent savent s’adapter, là où la démocratie imposerait que ces notables refassent de temps à autre un retour à la vie active, ne serait-ce que pour apprécier pleinement l’application des lois qu’ils votent.

 

 

 

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