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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 23:11

Les magasins de bricolage Leroy Merlin et Castorama se disent déterminées à maintenir l'ouverture ce dimanche de leurs magasins frappés d'une interdiction de travail dominical et ce, malgré la décision défavorable du tribunal de commerce.

Derrière cet épisode juridique se cache des enjeux forts pour ces deux chaînes auxquelles s’ajoute l’enseigne Bricorama : capter la clientèle des bricoleurs du dimanche et si possible celle des concurrents.

A 120 000 euros le dimanche par infraction constatée, la note risque d’être salée pour les chaînes et on peut se demander combien de temps cette « guerre » interne au secteur pourra durer.

Bien sûr, les libéraux de tous poils vont s’empresser de s’indigner des « mauvaises manières » faites à ces enseignes au motif qu’il faut « libérer les énergies, que c’est bon pour la croissance, que l’ouverture du dimanche est créatrice d’emploi et qu’en plus les salariés que l’on paye plus cher, sont d’accord ».

On peut être perplexe : le marché du bricolage, s’il conserve quelques marges de progression, est comme les autres. On pourrait ouvrir les magasins 24 H/24 et 7 jours sur 7 que cela n’y changerait pas grand-chose : le marché du secteur ne se dynamisera que lorsqu’une enseigne aura disparu. C’est bien ce qui se trame en coulisse et les salariés qui défendent leur bonus actuel se réveilleront un jour ou l’autre avec la gueule de bois. La vraie « guerre » est entre les enseignes, pas contre une décision judiciaire.

Bien évidemment, le travail du dimanche peut rester une possibilité pour ceux qui le souhaitent, bien qu’on puisse penser que ce souhait ne soit pas pérenne compte tenu de l’évolution dans le temps de leur situation pécuniaire ou familiale. On peut penser que les « volontaires » pour travailler le dimanche n’ont pas toujours le choix s’ils veulent conserver leur boulot mais qu’ils s’y retrouvent en raison des majorations de salaires consenties. On retrouve dans cette catégorie de « volontaires » les étudiants ou autres précaires qui sont prêt à tout accepter et bien sûr quelques uns qui regardent d’abord la fiche de paye avant de se poser d’autres questions et sont prêts à sacrifier leur vie sociale.

Car le problème est bien là : combien y aurait-il eu de « volontaires » en l’absence de majoration salariale ?

Supposons maintenant que le dimanche soit un jour travaillé comme les autres dans tous les secteurs : quid des majorations salariales ? Il y a fort à parier que ce bonus financier disparaîtrait et que ce jour serait payé comme les autres. La majoration salariale actuelle n’est donc qu’un miroir aux alouettes. Par ailleurs, considérer le dimanche comme un jour ordinaire dans tous les secteurs ferait se tarir la clientèle des magasins de bricolage qui sont en première ligne actuellement. Il s’agit donc d’un combat sectoriel par la recherche d’un privilège qu’il ne faudrait surtout pas accorder aux autres : c’est le seul moteur de cette « guerre ».

Perplexité sur les perspectives de croissance du marché du bricolage, perplexité sur le soutien des salariés à leurs employeurs, perplexité enfin sur le maintien des majorations salariales à long terme : on peut ajouter également questionnements importants s’agissant de l’impact sur le lien social et familial qu’engendrerait la banalisation du dimanche.

Bien entendu, nous n’en sommes plus à « sanctuariser » le dimanche pour des raisons religieuses, mais avouez tout de même que la partie de foot, le ramassage des coquillages, des champignons, des noisettes, le repas de famille, la balade au parc, la partie de pêche avec les enfants ou les amis, le ciné avec le copain ou la copine ou tout simplement la grasse mat’ accompagnée sous la couette conservent encore leur charme.

Et c’est cela qu’il faut préserver.

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commentaires

R
Questions : 1° Avec l'interdiction de faire du bruit le WE pour ne pas déranger les voisins ,pourquoi ouvrir le dimanche ?<br /> 2° Ces bricoleurs du dimanche ,ne peuvent-ils point programmer leurs achats en semaine ?<br /> 3° Combien sont rémunérés ces &quot;employés des magasins concernés&quot; pour manifester devant les caméras ou devant le tribunal ?
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