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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 10:40

D'après un récent sondage Ipsos, pour près d’un Français sur deux, l'islam est compatible avec les valeurs de la société française. Un chiffre qui a doublé depuis deux ans.

93% des Français trouvent la religion catholique compatible avec ces mêmes valeurs, 81% pour la religion juive, et 47% ont la même opinion pour la religion musulmane.

Mais c’est quoi les « valeurs de la société française » ?

Selon la religion à laquelle on appartient, ou si on se définit comme athée, selon ses origines, son éducation ou ses convictions politiques, ces « valeurs » peuvent être différentes et par conséquent la question posée ne veut rien dire, sauf qu’elle arrive à point nommé après les meurtres de début janvier pour conforter le mouvement d’union nationale. Il serait intéressant sans doute d’aller plus loin dans le détail des sondages pour connaître l’échantillonnage des personnes interrogées et savoir, si avant de répondre, ces notions de « valeurs » et de « société française » était partagée par tous.

Les « valeurs » qui nous unissent sont simples et sont rappelées dans les textes fondateurs de notre république et la jurisprudence. La liberté d’expression en fait partie, l’égalité homme femme également, ainsi que les libertés syndicale ou religieuse. Elles passent également par le respect d’obligations en matière de contributions à la dépense publique, par exemple ou le respect de bornes définies par la loi.

Ainsi donc, à une question générale sur l’adhésion aux « valeurs » de la « société française » par l’Islam, on peut penser, en allant dans le détail, que l’adhésion à toutes ces valeurs déclinées et explicitées serait susceptible de poser problème aux croyants de toutes les religions.

Les religions et les affaires publiques

Si l’Islam est aujourd’hui pointé du doigt pour ses tentatives d’ingérence dans les affaires publiques dans notre pays en réclamant des droits particuliers pour ses membres, n’oublions pas que toutes les autres religions, en France ou dans le monde ont été, sont ou seront, à un moment ou à un autre, attirées par ces dérives visant à établir la primauté du religieux sur le laïc.

Les exemples sont nombreux de différents opposant les religions aux Etats ou les religions entre elles et menant parfois à des guerres civiles ou la prise du pouvoir par une théocratie, imposant, parfois de manière violente, leur dogme aux autres ou obtenant des privilèges particuliers aux vainqueurs et marginalisant les vaincus.

Heureusement, la France est un pays laïc !

On voudrait se rassurer en disant que le rempart de la laïcité est là pour nous prémunir de tout risque de dérive de ce genre, mais on voit bien que ce principe est de plus en plus contesté, car presque tombé en déshérence à cause des renoncements successifs de ceux qui sont censé le faire vivre. On a progressivement mis en avant un autre concept, celui du vivre ensemble, qui n’est rien d’autre qu’une version édulcorée de la laïcité et on parle de « société française » pour éviter de parler de Nation française.

La laïcité est de plus en plus attaquée et l’installation de crèches de Noël dans des mairies au mépris de la neutralité religieuse dans les bâtiments publics est un symbole du rejet des autres et par conséquent de la négation de la laïcité.

Les extrémistes quelles que soient leurs religions, se font de plus en plus entendre en intervenant de manière parfois musclée dans les espaces public ou privé en voulant imposer leurs codes moraux ou culturels.

La laïcité est enfin caricaturée ou « interrogée » dans certains médias bien-pensants qui n’ont pas encore digéré la séparation de l’église et de l’Etat. On parle alors de « laïcards » ou du concept fumeux de « laïcité positive » destiné seulement à racoler les voix des fameuses « communautés ».

Peut-on faire confiance aux élus ?

Une petite journée annuelle de la laïcité accompagnée d’embauche de référents en milieu scolaire et de crédit destinés à promouvoir la laïcité seront-ils suffisants ? La réponse est non, bien entendu. L’unité nationale autour des évènements tragiques du début janvier commence à s’effilocher et s’efface devant l’impérieuse nécessité de reprendre ou conserver le pouvoir politique. Dans ce domaine, l’exemple des rapports (Aubin en 2004) enterrés parce que non politiquement corrects vis-à-vis des « communautés », ou des plans banlieues ruineux qui se succèdent avec les résultats que l’on connait, sont là pour jeter le doute sur la capacité des hommes politiques à se battre réellement pour imposer la laïcité, seul ferment de l’unité nationale, dans notre pays.

On pourra ajouter également le contorsionnisme juridique des élus désireux d’accorder des subventions à des associations qui s’avancent masquées mais dont le but est de promouvoir des valeurs religieuses en quémandant des fonds publics. Tout cela pour ne pas déplaire aux « communautés » et s’assurer de leur soutien lors des élections. Cela vaut pour toutes les religions, tous les niveaux de collectivités territoriales et les élus de tous bords.

La laïcité, comment ?

Ce n’est pas cela la laïcité. La Laïcité est un principe fondamental et toujours d’actualité de notre république destiné à séparer l’espace public de l’espace religieux tout en reconnaissant le droit à chacun de mener la vie spirituelle qui lui convient à condition qu’il ne cherche pas à l’imposer aux autres.

Tous, religieux ou non, individus et associations devront faire vivre ce principe, c’est-à-dire combattre et écarter de l’espace public les extrémismes et tous devront exiger des élus qu’ils ne soient pas les simples spectateurs de dérives communautaristes ou sectaires en refilant la patate chaude aux autres mais les véritables garants de la laïcité.

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