Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 10:23

En France, il y a 5.2 millions de passoires thermiques c’est-à-dire des logements classés F et G dans le Diagnostic de Performance Energétique (DPE), soit 17 % des 30 Millions de logements composant le parc, toutes catégories confondues (maisons individuelles et parc privé, en location ou habité par les propriétaires, et parc de logements sociaux).

Autant dire que les propriétaires occupants ou locataires de ces logements ont vu flamber leurs factures d’énergie avec la crise récente.

La « solution » MaPrim’Rénov

Le gouvernement vient de mettre 4 Milliards d’euros sur la table et espère atteindre 200 000 rénovations pour 2024 avec son nouveau dispositif « MaPrimRénov » qui cherche désormais à favoriser les rénovations globales, visant l’efficacité et la remontée du classement de ces logements en catégorie B du DPE.

Le montant moyen attribué par rénovation pour 2024 (4 Milliards/200 000) s’établit donc à 20 000 €, somme nettement insuffisante pour couvrir des rénovations globales de logement estimées à 70 000 €, ou 53 000 (pour une amélioration du DPE de G à D) selon les exemples fournis par France Rénov’ dans sa plaquette de présentation du plan gouvernemental.

Même si d’autres aides de moindre ampleur, limitées au changement d’une chaudière pour une pompe à chaleur subsistent, il semble difficile de croire pour des raisons budgétaires, mais aussi de délai d’instruction des dossiers que l’objectif de 200 000 rénovations thermiques d’ampleur sera atteint en 2024.

A ce rythme, et sous réserve que le gouvernement maintienne son effort budgétaire, il faudra au mieux plus de 30 ans pour résorber le parc des passoires thermiques.

Point positif, les demandeurs (classements F et G des DPE) seront accompagnés dans leurs démarches par des « tiers de confiance » conseillers de France Rénov’ situés dans 560 espaces conseils. Cela devrait éviter les arnaques et autres déconvenues des dispositifs précédents (isolation à 0 €). Les dossiers seront ensuite gérés par l’ANAH qui pilotera l’ensemble des aspects de financement (et qui jouera sans doute également le rôle de frein ou d’aiguillon en fonction des crédits votés).

La face cachée du dispositif

 Lorsqu’on rentre un peu plus dans le dispositif, on relève quelques détails et effets pervers. En annonçant son plan, le gouvernement a précisé que tous les propriétaires sont concernés, qu’ils occupent leur bien ou le mettent en location, c’est-à-dire que les attentistes occupant leurs passoires et/ou les propriétaires qui se sont contentés de percevoir des loyers (en faisant payer de lourdes charges d’énergie à leurs locataires) vont pouvoir à priori bénéficier du dispositif : chacun appréciera….).

On notera par ailleurs que les mesures d’interdiction de locations de passoires thermiques (les G en 2025 et les F en 2028) ont du plomb dans l’aile : Bruno Le Maire, toujours sensible aux lobbyistes, et « contre l’écologie punitive » bien entendu ,a proposé de « décaler les calendriers », en raison de la hausse des taux (!), mais il faut bien le dire en raison de la baisse des budgets de l’Etat en faveur du logement qui va provoquer une tension sur l’offre. Ces « pauvres » propriétaires auront donc un sursis supplémentaire pour faire des travaux et ainsi bénéficier des aides prévues par le gouvernement….

Autre question importante : en favorisant l’installation de pompes à chaleur en remplacement de chaudières au fuel ou au gaz, le gouvernement s’est-il assuré que l’électricité nécessaire pourra être fournie aux utilisateurs, compte tenu par ailleurs de la montée en puissance du parc de véhicules électriques ? Indice inquiétant : l’Etat annonce qu’il va tester la limitation temporaire de la consommation d’électricité d’environ 200 000 foyers…

Il faut également prévoir une augmentation des prestations des entreprises de rénovations en raison de la demande provoquée par le dispositif. On peut déjà constater l’envolée des prix pour les pompes à chaleur et l’isolation par l’extérieur et les effets d’aubaine ne sont pas loin.

On remarquera enfin que les dispositifs de « confort d’été », c’est à dire la pose de stores et bannes extérieurs sont éligibles au dispositif, ce qui est surprenant, alors qu’ils n’apportent aucune amélioration de la performance énergétique à partir du moment où le logement rénové dispose de doubles vitrages et de volets roulants, par exemple. Là également, il faut sans doute voir la patte d’un lobby auprès du gouvernement.

L’arbre qui cache la forêt

Ce côté « volontariste » évite de parler de la situation énergétique déplorable du parc immobilier de l’Etat et de celui des collectivités territoriales (Administrations, hôpitaux, universités, lycées, collèges, établissements sportifs, casernements, prisons, tribunaux,…).

MaPrimRénov’, qui incite les particuliers à se mettre en conformité avec les objectifs de développement durable, ne serait-il pas l’arbre qui cache la forêt du gâchis énergétique des collectivités publiques et aussi des 10 milliards promis aux entreprises polluantes (Ouest-France du 12/05/2023) qui font pourtant de juteux bénéfices redistribués aux actionnaires (Total, Arcelor,…) ?

 

Les intérêts privés sont plus puissants que l’Etat qui doit se contenter de bricoler dans son coin des mesurettes limitées en mettant la poussière sous le tapis. S’il fallait expliquer l’abstention aux élections, on ne s’y prendrait pas autrement.      

 

  

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Michel
  • : Société - Politique - Réforme des collectivités locales - Vie des collectivités locales d'Ille et Vilaine - Nouvelles - Coups de gueules
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens