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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 09:37

J’aime bien cette phrase de Condorcet : « Le suffrage universel peut conduire à la dictature des imbéciles lorsqu’il n’est pas assorti d’une instruction publique éclairant les esprits ».

C’est précisément au nom de ce principe que je m’abstiendrai de voter dimanche pour les élections au Conseil départemental.

Je me suis déjà exprimé sur cette abstention

Certains comprennent ma position qui n’est pas basée essentiellement sur des considérations politiques mais également sur le fait qu’on nous demande de légitimer une assemblée départementale dont on pourrait fort bien se passer.

D’autres prônent le vote blanc, c’est-à-dire qu’ils légitiment malgré tout cette collectivité inutile en se déplaçant, sachant que leur vote blanc ne sera à aucun moment pris en compte.

Enfin, il y a ceux qui ne comprennent pas ma position et me le font savoir parfois vertement. C’est ainsi que j’ai été comparé à un intellectuel fuyant le nazisme en laissant le soin au résistants de le combattre tout en continuant à leur prodiguer leçons et conseils. Mazette !

Il y a également ceux qui me reprochent de déserter devant l’ennemi.

Dans les deux cas, on place le Front National au centre du débat et cette posture annihile et interdit toute autre réflexion, notamment celles basées sur l’opportunité de garder une collectivité inutile.

Le droit de vote

Certaines critiques portent sur le droit de vote : « Comment ne pas être indigné au regard de ceux et celles qui sont morts et se battent encore pour avoir ce droit », me fait-on savoir pour critiquer ma posture d’abstentionniste.

Tant que le vote n’est pas obligatoire, je considère que l’abstention n’est pas répréhensible. Mais ce qui gêne ceux qui critiquent l’abstention, c’est qu’elle n’est plus uniquement désormais le fait de fainéants qui ne veulent plus se déplacer, de gens qui s’en foutent, ou de nihilistes ou antisystème de tous poils, mais qu’elle procède d’une réflexion construite sur l’instrumentalisation politique du vote, voire même sur le rejet des résultats. Le cas du non au référendum de 2005 est à cet égard exemplaire. Aujourd’hui, c’est le rejet important de la classe politique et de son fonctionnement qui génère l’abstention.

S’agissant du droit de vote, on pourra citer des exemples à l’étranger où son exercice n’est pas synonyme de démocratie. Les scrutins/plébiscites en faveur d’un candidat unique ou simplement accompagné d’adversaires « faire-valoir » sont encore courants, de même que les jeux de chaises musicales à la « Poutine/Medvedev ».

En conséquence, le suffrage universel et son corollaire, l’exercice du droit de vote, comme le dit Condorcet doit être assorti d’une instruction publique éclairant les esprits sous peine d’aboutir à la dictature des imbéciles.

Demain, si nous n’y prenons garde, on multipliera les scrutins et les occasions de voter. On nous fera voter pour tout et pour rien, pour élire les gardes champêtres, les gardiens de phare, les vigiles de supermarchés ou bien les concierges d’immeubles, tout cela bien sûr au nom de la démocratie. On votera comme on vote pour son artiste préféré à la Nouvelle Star ou comme on répond à un sondage : êtes-vous pour ou contre ?

Etes-vous pour ou contre ?

La vraie question est là dans le débat politique français et ce depuis le 21 avril 2002 où on nous demanda de voter contre, au nom de la démocratie, bien sûr. Que s’est-il passé de majeur sur le plan démocratique dans notre pays depuis cette date ? Rien, ou plutôt si : le pouvoir n’est plus politique, il est économique et financier et il dicte sa loi aux nations. Le pouvoir politique est donc réduit à sa plus simple expression et ne trouve plus une légitimité que dans l’accompagnement de la mondialisation et du libéralisme.

Vous pouvez donc bien voter, cela ne risque pas de provoquer les bouleversements nécessaires ou promis, d’où la fin des idéologies politiques. C’est pourquoi, lorsqu’on vous demande de voter pour un programme, vous devriez vous méfier : Les armoires des partis politiques regorgent de promesses non tenues, que ce soit à l’Ump qui nous promet encore de faire demain ce qu’ils n’ont pas fait hier ou au PS où le discours du Bourget provoque encore beaucoup de prurits.

Demain, ce sera la même chose pour les promesses alléchantes de Mme Le Pen.

On en est toujours là ! Le vote contre qui a animé et anime encore cette campagne sur les départementales. Pour seul programme le PS nous propose de nous mobiliser pour voter contre le FN. A défaut, à l’instar du PS d’avoir des propositions construites, l’UMP fait campagne sur le rejet du PS et de Hollande.

Cette campagne pour les départementales a été nationalisée alors même que les conseils départementaux détiennent des compétences sur lesquelles il aurait été intéressant de faire de la pédagogie (cette fameuse instruction publique dont parle Condorcet) auprès des citoyens. On aurait même pu trouver, au terme de cet exercice, un consensus pour dire que le Conseil départemental, lieu d’administration de dispositifs sociaux, de gestion des collèges, des transports ou de la voirie, ne nécessitait pas une assemblée élue et que les fonctionnaires de cette collectivité, rattachés à la Région ou aux intercommunalités pouvaient très bien gérer ces dispositifs et pour moins cher.

C’est cela le vote « pour ».

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commentaires

I
Bonjour Pierre<br /> Je crois que faire le pari de l'intelligence est toujours payant, c'est pourquoi je crois aux vertus de l'éducation populaire destinée à éclairer l'esprit des citoyens.
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P
Avant l'éducation pour tous, il aurait été intéressant pour ceux qui ont institué la réforme, 1 de l'expliquer, 2 de la terminer avant de demander l'avis des électeurs, ou demander leur avis sur la réforme. Quand les "sondages" donnent l'avis pour nous ce n'est pas meilleur, le choix des suffisamment intelligents pour répondre au sondeurs est alors le déterminant. C'est donc un régime censitaire qu'il faut rétablir, ou un test de niveau de connaissance et de capacité à choisir, le résultat du référendum sur l'Europe en est l'exemple. La représentativité c'est tout le problème de la démocratie.
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