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16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 16:27

Dans un beau tir groupé, les Maires de Bordeaux et de Lyon se sont attaqués, avec le langage politique qui leur appartient, à deux symboles de la « tradition française » que sont le sapin de Noël (l’arbre mort) et le Tour de France (machiste et polluant). « Ils renient les traditions et ils prennent les français pour des cons » a tranché Macron, en parlant « d’art de vivre à la française »

La France « pays de traditions » ?

Il existe des traditions qui font partie du patrimoine commun et d’autres qui ont été créées et formatées pour les besoins d’une cause (souvent économique). On peut respecter les éléments du patrimoine local ou les manifestations issues de la nuit des temps, qui sont l’expression d’une culture, à condition tout de même que cela ne devienne pas, une « vérité révélée » un piège à touriste et à consommateur, ou la survivance d’un ordre ancien par la réécriture de l’histoire et les libertés que l’on prend avec elle. Certaines formes de traditions familiales existent également, mais il faut savoir aussi s’en extraire lorsqu’elles peuvent devenir pesantes ou en contradiction avec l’idée de ce qu’on se fait de la famille. Enfin, le mot tradition est souvent mis en avant pour évoquer des fêtes « d’intégration » ou des coutumes religieuses niant l’égalité homme/femme. Bref, un mot fourre-tout à manier avec précaution

Le sapin de Noël fait-il partie d’une « Tradition » immuable ?

Pour répondre à cette question Il faudrait se pencher sur l’origine de la fête de Noël (païenne à l’origine), sur la raison et la signification du sapin dans cette fête (le seul arbre vert en décembre ?) et sur ce qu’elle est devenue, en l’espèce, bien souvent, une affaire commerciale avec orgie de consommation sponsorisée par la Mairie et l’Union des Commerçants

Certains doivent même considérer que les « baraques à fric » des marchés de Noël font aussi partie de la « tradition ». Autant dire que dans cette description, la célébration religieuse d’un évènement fondateur ancien pour un groupe religieux, est quasiment absente. Elle ne doit en aucun cas occulter la grande fête de la consommation avec photo du petit dernier dans la galerie marchande sur les genoux du Père Noël, autre personnage du système inventé pour contourner les croyances religieuses et faire tourner la boutique.

Au final, on ne manque pas d’arguments, pour peu que l’on veuille s’en saisir, pour se construire un Noël sur mesure. On pourrait même argumenter sur le coût pour la collectivité locale du transport, de la mise en place, de la visite de la commission de sécurité et de la décoration du « traditionnel » arbre de Noël. Alors pourquoi utiliser l’argument le « l’arbre mort ». Y aurait-il une forme de mimétisme dans l’argumentaire avec celui de végans pour les « animaux morts » que nous consommons ?

Et le Tour de France, alors ?

Tradition ou business ? L’origine du Tour de France est relativement trop récente pour que l’on puisse parler de tradition. Par contre, si l’on examine l’évolution de cet évènement au fil du temps, on constatera un certain nombre de dérives que l’on tente d’oublier, comme le long épisode du dopage et de ces gagnants chargés comme des bourriques, déchus sans bruits ou presque après avoir été célébrés sur les Champs Elysées.

Comment ne pas s’interroger sur ce « spectacle populaire » faisant parie de « la tradition estivale » et  « dernier grand événement sportif gratuit » comme l’indique bêtement le Député LR Damien Abad qui feint d’ignorer le business plan juteux de l’organisateur ASO composé du ticket d’entrée et les frais annexes payés par les villes qui accueillent le Tour, les droits d’entrée des équipes et des sociétés qui composent la caravane et les droits de retransmission télé.

Alors, dernier évènement gratuit le tour ? Bien évidemment non ! Le citoyen contribuable et consommateur paye avec ses impôts et sa consommation l’ensemble de ces coûts, y compris les « goodies » jetés aux spectateurs massés sur les bas-côtés de la route par la caravane publicitaire. A ce sujet, un sondage rappelé par Ouest France indique que 47 % des spectateurs sur le Tour viennent pour la caravane, ce qui en dit long sur « l’évènement sportif » qui représente de moins en moins d’intérêt.

Pour tout dire, entre le nombre d’étapes qui se terminent par un sprint, les fausses échappées qui essaient de maintenir un faux suspense, et les étapes « verrouillées » par l’équipe du leader, on peine à voir l’intérêt de « l’évènement sportif ». Seul, le paysage peut nous captiver un petit moment avant de nous endormir en raison des longs silences des commentateurs qui n’ont pas grand-chose à dire parce qu’il ne se passe rien.

Alors ? Machiste, le Tour ? Encore un mauvais argument, comme pour l’arbre mort… Le Maire de Lyon aurait pu s’en tenir à l’argument de la pollution (et encore…), ou à la critique du modèle économique et de l’aspect sportif de cet évènement « traditionnel », sans en rajouter.

Mais les verts ont souvent tendance à faire dériver le débat vers les sujets sociétaux ce qui explique sans doute la saillie sur le machisme qui ne concerne pas plus le tour que d’autres manifestations sportives ou d’autres activités économiques.

Alors, la tradition dans tout ça ?

Si l’on considère que « la tradition  est un héritage immatériel qui peut constituer le vecteur d’identité d’une communauté humaine » on peut craindre que les chercheurs du futur soient atterrés ou pliés de rire lorsqu’ils étudieront notre société, ses débats indigents, les arguments politiques décalés des verts et les réponses moutonnières des autres composantes politiques.


 

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