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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 18:26

Acte 1 : la réforme fiscale, « formidable coup politique », clament en chœur les médias.

Acte 2, moins de deux jours après, « pourquoi cette réforme ne se fera pas » titrent les mêmes médias, après avoir pris l’avis de l’opposition politique et des partenaires sociaux (syndicats et organisations professionnelles).

Le mal Français

En deux phrases, voici illustré le mal français : des politiques dépassés qui cherchent à se maintenir ou à revenir au pouvoir, et souvent à faire carrière, des « partenaires sociaux » discrédités qui tirent à hue et à dia pour conserver ou obtenir des privilèges pour leurs mandants, et des médias moutonniers qui privilégient le gros titre ou la petite phrase au détriment de l’information développée et des citoyens ballotés dans ce maelstrom.

Société bloquée, direz-vous et vous n’aurez pas complètement tort même s’il faut nuancer le propos.

Notre classe politique dans son ensemble donne une image globale de démocratie représentative pitoyable. Les élus, en particulier les parlementaires et les dirigeants de collectivités territoriales importantes cherchent à faire carrière et cela se traduit trop souvent dans le compromis, voire de la compromission, à défaut de la recherche de consensus.

Cette classe politique est très bien entourée par des hauts fonctionnaires dont on nous dit qu’ils sont compétents, mais qui présentent également la particularité de vouloir durer et faire carrière, avec si possible des allers-retours entre fonction publique et entreprises privées ou fonctions électives. Cette consanguinité n’est certainement pas gage de bonne administration et de bons conseils de leurs ministres ou de leurs exécutifs de tutelle.

Côté partenaires sociaux, on oscille entre préservation d’acquis et recherche d’avantages particuliers au profit de mandants et l’on voit se profiler des exigences catégorielles parfois contradictoires (réduisons les dépenses publiques, mais pas touche à nos subventions, à nos dégrèvements, à nos niches fiscales, à nos postes financés…). C’est toujours l’autre qui n’est pas légitime.

Le tout est brassé, trituré, mélangé par des médias audio visuels qui sont dans l’instant et reprennent tous la même info, qu’elle soit politique, people, ou de l’ordre du fait divers, avec les mêmes commentaires et les mêmes commentateurs qui font le tour des plateaux pour nous asséner les mêmes propos, quelquefois pertinents, mais souvent calés sur leurs propres engagements ou leurs dogmes (économiques, politiques,…). Les alternatives sont balayées d’un revers de main avec une morgue et une suffisance qui appartiennent à ceux qui « savent ». La diversité et le traitement de fond se trouvent dans une autre presse, celle que l’on n’écoute ou qu’on ne lit pas spontanément : il faut souvent faire des efforts pour être citoyen et réfléchir, face au rouleau compresseur de l’info prémâchée et orientée.

Un exemple ? La réforme de la fiscalité.

Chacun affute ses arguments, non pour parvenir à un consensus, mais pour conserver, son privilège, son abattement, sa subvention ou sa niche fiscale. Les récents mouvements sociaux procèdent de la même logique : derrière le slogan « on paye trop d’impôts », se profile un sous entendu catégoriel explicite « surtout nous ! », quand il n’est pas individuel.

La plainte et la recherche de solutions sont renvoyées au gouvernement en place, qui, bloqué par « l’enveloppe constante de prélèvements », se contentera de botter en touche ou de différer la mesure. Pas question par exemple de tordre le bras à la grande distribution qui aurait dû prendre sa part dans l’écotaxe mais qui a imposé sa charge aux producteurs et aux transporteurs. De la politique à la petite semaine destinée à boucher les fuites avec du sparadrap alors que la structure menace de couler : tout cela pour anticiper les prochaines élections, pour conserver le pouvoir (quel pouvoir, face à l’économie et à la finance qui tirent les ficelles en coulisses ?).

Dans les prochaines semaines, nous entendrons donc la longue litanie de doléances catégorielles assorties de menaces destinées à affoler le bon peuple avec le relai de médias complices : « pas touche à ma niche fiscale, sinon les conséquences sur l’emploi seront immédiates ».

Le discours corporatiste global laisse aujourd’hui la place au discours de l’individu, celui pour lequel il faut trouver une solution immédiate. Les partenaires sociaux ne font plus leur travail et de contentent de vouloir fédérer les mécontentements face à la croissance de la diversité des individualismes. On en oublie ainsi les règles de la concurrence libérale qui nous sont assénées de puis plus trente ans qui voudraient que les entreprises en difficulté disparaissent : ce n’est plus possible et la revendication de fonctionnarisation indirecte du secteur marchand par l’apport de subventions, de dégrèvements prend la place du dogme, en situation d’urgence.

La fiscalité, avec toute sa complexité, ses croisements son accumulation et son code rendu illisible par des successions de décisions politiques réécrites par les conseillers Ministériels quand ce n’est pas par la technostructure européenne a encore de beaux jours devant elle.

Un second exemple : la réduction des dépenses publiques.

Malgré les annonces des gouvernements successifs, le chantier n’en est qu’à ses débuts et si on veut vraiment diminuer les dépenses publiques il faudra mettre un coup de pied dans la fourmilière et parler clair : si on veut réellement tailler dans ces dépenses, alors il faut envisager les conséquences économiques et sociales de ces mesures. Beaucoup d’entreprises vivent avec les marchés de l’Etat et des collectivités territoriales et réduire leurs sources de financement (impôts, taxes, redevances,…) se traduirait par des pertes d’emplois. Pour autant, l’Etat et les collectivités territoriales maîtrisent difficilement cette dépense publique, non par manque de compétences dans les services mais par lâcheté, toujours en disant que « il faut maintenir l’investissement, c’est bon pour l’emploi ». Ce dogme, non dénué d’intérêts politiques à court terme, voire de compromission, et destiné à maintenir le carnet de commande d’entreprises, nous vaut des travaux routiers, des projets démesurés pas toujours pertinents et des contrats prémâchés par les entreprises pour des élus et des ministères complaisants (cf le scandale du contrat écotaxe ou les nombreux Partenariats Publics Privés qui sont de superbes pompes à fric) et qui marquent la défaite de la puissance publique face aux intérêts privés. Là encore, l’économique et le financier guident la main des décideurs publics les empêchant de réfléchir à réorienter cette dépense publique vers des politiques novatrices ou destinées à faire face à l’urgence sociale (1 euro mis dans un rond point manquera toujours à la construction de logements sociaux).

On aimerait aussi que la réduction des dépenses publiques, s’accompagne d’une lutte efficace contre la fraude fiscale et sociale (travail au noir en particulier), mais dans ce domaine également, l’Etat ne s’est jamais doté des moyens nécessaires.

Le clou du spectacle : les dépenses sociales.

Les entreprises payent trop de charges, entend t’on dire et elles ne peuvent pas être compétitives, sauf que ce discours vaut principalement pour les entreprises exportatrices et moins pour l’artisan du coin qui se joint au concert des lamentations, parce que son revenu baisse en raison de la conjoncture ou de son mode de gestion et moins en raison des charges et des impôts. Là aussi, nous sommes souvent dans l’individualisme avant d’être dans le collectif, même si les directives sur l’emploi de salariés européens creusent l’écart.

Le système social est aussi au carrefour de dérives pas uniquement liées au vieillissement de la population ou l’apparition de pathologie nouvelles ou bien encore de la fécondité des populations immigrées qui plomberait le budget des allocations familiales mais provient aussi d’abus et de niches dont les bénéficiaires mais souvent les professionnels ou les auxiliaires de santé sans parler des laboratoires pharmaceutiques sont parfois à l’origine. Dans ce domaine également, c’est la politique du chien crevé au fil de l’eau qui consiste à faire des aménagements cosmétiques à défaut de réforme structurelles qui déplairaient aux lobbies.

Les Diafoirius se répandent en solutions toutes axées sur la réduction des allocations et remboursement sans remettre en cause le système ni sans en mesurer les conséquences sur le corps social en matière de paupérisation, d’accès aux soins et de durée de vie. Parfois même ce sont des bénéficiaires d’allocations qui s’élèvent contre les largesses supposées du système, pour les autres, bien sûr…

Où est la nation dans tout cela ?

Chacun défend son pré carré. Nous ne sommes même plus dans le corporatisme et nous basculons inexorablement dans l’individualisme propice à toutes sortes de dérives en attendant le jour où le populisme aura fait son œuvre, c'est-à-dire fait disparaître cette idée de Nation et la démocratie elle-même.

Il est plus que temps que nos « élites » se réveillent et acceptent de donner tout son sens à la démocratie participative, c'est-à-dire qu’ils fassent de l’éducation populaire, qu’ils expliquent et dialoguent avec les citoyens, fassent de la pédagogie et simplifient le système auquel plus personne ne comprend rien et qui est source de déstabilisation et surtout qu’ils acceptent de céder leur place et se retrouver avec ceux qu’ils sont censés représenter.

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