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24 janvier 2017 2 24 /01 /janvier /2017 09:25

Qu’est ce qui lui a passé par la tête au petit Benoit dont tout le monde parlait jusqu’à présent avec mépris et qui se voit propulsé en tête des primaires de la « belle alliance » ?

Relativisons, le danger est tout de même relatif, même s’il gagne les primaires de la gauche, il fera au mieux 4ème ou 5ème au premier tour de la présidentielle. L’enjeu est ailleurs, c’est-à-dire la prise de contrôle du PS afin de le rougir un peu jusqu’à la prochaine alternance, laquelle sera suivie du renoncement habituel pour raison de « pragmatisme ». On a vu ce que cela donnait avec Hollande…

Le microcosme éructe

Depuis le succès (tout à fait relatif) de Benoit Hamon dimanche soir, ses adversaires et le microcosme médiatique et financier éructent et, à défaut d’avoir un analyse construite sur le sujet, se bornent au mieux à parler avec condescendance d’utopie, de l’avènement de la société de la paresse et de la ruine des finances publiques.

Manuel Valls, « le candidat du travail » a ouvert le feu contre cette mesure dont il perçoit désormais l’importance et ne propose rien d’autre que d’assurer un « revenu décent », autrement dit l’assistanat actuel tellement décrié par la droite, pour les exclus du monde du travail et ceux qui sont condamnés aux petits boulots payés à coups de lance pierres.  

L’utopie

Hamon, lui, il serait plutôt dans l’utopie, mais pourquoi pas ? On ne demande pas à nos gouvernants d’être les gestionnaires des désastres du capitalisme, mais de les corriger, voire les combattre. Quant à savoir si une telle mesure serait susceptible de faire ce boulot, il est un peu tôt pour le dire, la mesure n’ayant été déclinée que partiellement par le candidat.

Le revenu universel, donc…

Il part de l’idée que la « destruction créatrice » des emplois n’est pas vérifiée et que les nouvelles technologies se traduiront par de plus en plus de chômage dans les années à venir et que par conséquent le plein emploi devient un rêve.

Bien sûr, cette analyse est combattue par le système actuel qui clame que les beaux jours reviendront, sauf que les statistiques du chômage disent le contraire et encore, on parle très peu des travailleurs ou auto entrepreneurs précaires qui survivent tout juste et dont la variable d’ajustement s’appelle « Resto du cœur, Secours catholique ou populaire ».

750 euros par mois pour les bénéficiaires des minimas sociaux et pour les jeunes de 18 à 25 ans : voici donc la première proposition du candidat, financée notamment par le redéploiement des aides sociales ainsi que les 45 milliards d’euros, donnés aux entreprises dans le cadre du pacte de responsabilité, avec le succès que l’on sait en matière de création d’emplois…

Evaporés ces 45 Milliards, au mieux auront-ils servis à rétablir la trésorerie de certaines entreprises, par l’augmentation de leurs marges, au pire auront-ils été utilisés à verser de bons dividendes aux actionnaires (l’an passé fut une année à exceptionnelle à cet égard, puisque ce sont 56 Milliards qui ont été distribuées).

La théorie dite du « ruissellement » trouve ses limites dans cette goinfrerie financière qui profite aux plus riches qui s’enrichissent encore davantage laissant sur le carreau de plus en plus d’exclus (en France, 21 Milliardaires possèdent autant que les 40 % les plus pauvres de la population française…)

La levée de bouclier

Les médias dont la majorité sont aux mains de milliardaires donnent le ton : pas de ça chez nous ! Pas la peine de débattre du sujet, sur ce qui le motiverait et sur ses effets au quotidien pour les exclus du marché du travail ou sur le pressurage libéral.

Ce qui gêne dans cette mesure pour ses adversaires, c’est l’idée même que le revenu universel serait à même de permettre par exemple à des agriculteurs de pouvoir vivre décemment en subissant moins la loi des industriels du lait ou de la viande ou des vendeurs de pesticide.

Ce qui gêne également, c’est la disparition d’une certaine « flexibilité » du marché du travail induit par une moindre demande de la part de jeunes qui pourraient ainsi se consacrer à plein temps à leur études au lieu de cumuler les petits boulots pour payer leur loyer.

Ce qui gêne, c’est aussi que les autoentrepreneurs « ubérisés » puissent choisir de ne plus travailler 12 heures par jour pour s’assurer des revenus décents.

Bien évidemment, on se garde bien de mesurer l’impact d’une telle mesure sur l’économie (les bénéficiaires sont aussi de consommateurs et ont également des projets) et sur la citoyenneté (les « assistés » ne seraient plus regardés comme des loosers et seraient davantage enclins à participer à la vie de la collectivité et à faire du bénévolat) et sur le coûteux mille-feuille public et privé qui accompagne les personnes en précarité.

Ce qui gêne enfin, c’est que le système actuel puisse être réformé : trop d’intérêts en jeu, trop de pouvoirs qui en résultent. Lorsqu’on parle de réforme c’est toujours pour faire un pas en arrière, pour limiter les droits des salariés ou de précaires. On ne touche jamais au vrai scandale de la précarité, des jeunes qui « choisissent » des études courtes (ou pas d’études du tout) parce qu’ils n’auront jamais les moyens d’en faire des longues (on réserve cela aux élites ou à ceux qui peuvent s’endetter).

Le progrès ou le recul

Soyons clair, je n’ai pas voté aux primaires de gauche ni à celles de droite. J’attends seulement que les choses se décantent avant de savoir si j’irai voter ou non aux présidentielles. Une chose est certaine, j’en ai assez de voter contre et, placé devant une situation à la 2002, je m’abstiendrai.

On a coutume de dire que la France importe avec dix ans de retard ce qui se fait de pire aux Etats Unis.

Aujourd’hui, Trump, un milliardaire, est au pouvoir. Les américains vont s’apercevoir rapidement que lui et ses secrétaires d’Etat milliardaires n’ont pas été élus pour partager mais pour promouvoir l’idée de la fermeture au monde et la limitation des droits qui ne peut se traduire que par un recul pour les plus pauvres et les minorités.

Gardons-nous de ce genre d’aventure, même si parfois l’impression qui prévaut est de mener un combat d’arrière-garde tant le Trumpisme à la française semble avoir le vent en poupe.

 

 

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commentaires

M
Savez-vous qu'un revenu de base a été mis en place pendant quelque temps dans les années 70 dans une province au Canada (Dauphin) ? Les retombées (positives) ont vites été enterrées par le gouvernement conservateur qui a été élu à la suite de cette expérimentation...Il y a un potentiel énorme à libérer les gens et les énergies dans une société mais cela implique un meilleur partage économique, mais pas seulement ! On a besoin de partager aussi le pouvoir et ça c'est plus difficile !<br /> Merci pour votre éclairage<br /> François-Michel D.<br /> Coordinateur Pôle Réseaux Sociaux - MFRB
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I
J'ignorais, mais je ne suis pas surpris par la réaction : trop de remise en cause du modèle dominant.

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