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22 octobre 2017 7 22 /10 /octobre /2017 15:06

Coup de gueule

J’ai tout fait comme on me l’a dit : j’ai acheté mon logement, une voiture, je suis parti en vacances avec mes trois enfants. C’était d’autant plus facile que cela ouvrait de nouvelles perspectives à ma génération par rapport à celle de mes parents qui avaient connu la guerre, la morosité qui régnait chez eux pendant ma jeunesse, la difficulté à boucler les fins de mois et la tristesse de la radio nationale sur le poste à lampes.

J’ai tout fait comme on me l’a dit et je ne suis pas le seul. J’ai donc contribué aux trente glorieuses sans savoir que je polluais quand je partais en montagne ou à la mer avec ma 4L. J’ai fumé des gauloises sans savoir que fumer tue.

J’ai fait tout ce qu’on m’a dit de faire parce que ceux qui avaient conscience des risques se gardaient bien de nous alerter, et comme il fallait bien chauffer nos logements, véritables passoires thermiques, j’ai consommé du gaz pas très propre et de l’électricité qui venait des centrales nucléaires et j’ai participé au grand boom de la consommation en remplissant mon chariot dans les premiers supermarchés.

En plus, ce qu’il y avait de bien dans les années 80, c’est que les intérêts des emprunts à taux fixe souscrits pour le logement étaient bouffés par l’inflation et les augmentations de salaires qu’elle entraînait. Ça nous a bien aidés à devenir ce que nous sommes aujourd’hui, des retraités à l’aise qui peuvent profiter enfin d’une certaine sérénité après avoir bossé 45 ans et pas à 35 heures la semaine.

Fin de partie

Aujourd’hui, on vient me dire que tout ça c’est fini, non seulement pour les générations à venir mais aussi que je vais morfler avec la CSG à partir de 1200 euros par mois sans compter le maintien de la Taxe d’habitation pour les plus « nantis ». On me dit que je suis plus aisé que les jeunes et que je dois faire un effort pour eux.

D’où me vient cette affreuse idée qui me trotte dans la tête qu’en payant davantage d’impôts je vais aider les enfants de MM. Gattaz et Pinault et ceux de feue Mme Bettencourt à constituer une pelote de milliards supplémentaires ?

Et on voudrait sans doute que je batte ma coulpe en disant que tout ce qui arrive, le chômage, la pauvreté, la pollution, tout ça ce serait de ma faute, qu’il serait bon que j’avoue avoir pollué la planète, creusé la dette sans me soucier des générations à venir et qu’au final je fasse gentiment des chèques pour boucher le trou budgétaire de la suppression de l’ISF pour les plus riches. Pas question de fermer ma gueule ! A chacun ses responsabilités !

Accusés, levez-vous !

J’ai envie de convoquer devant le tribunal de l’histoire tous ces « industriels », ces banquiers et ces goinfres qui une fois fortune faite en délocalisant se sont empressés d’aller planquer leur fric en Suisse ou dans des iles exotiques. J’ai envie de convoquer en tant que complices tous les économistes qui nous servent leurs sempiternelles balivernes jamais étayées par un début de résultat tangible et qui font le sale boulot que leurs maîtres aux mains propres répugnent à effectuer. J’ai envie de demander des comptes aux politicards de tous poils et de tous bords qui savent si bien cirer les pompes des premiers et manipuler les économistes bavards pour nous dire qu’il n’y a pas d’alternative, que tout ça c’est pour notre bien et que le bout du tunnel est proche, en période électorale, seulement.

 

La parole est à la défense

Et que nous diraient-ils ces industriels de la finance et du chômage ? Tout simplement que la mondialisation est leur nouveau terrain de jeu et que d’un simple claquement de doigts ils peuvent envoyer des milliers de salariés au tapis parce qu’en France, Monsieur, il y a trop de charge et que ça les empêche de faire des bénéfices à deux chiffres pour leurs actionnaires.

Si vous êtes gentils, nous diraient-ils, c’est-à-dire si vous renoncez à vos systèmes de protection sociale et de retraite qui nous coûtent cher, à nous les entrepreneurs, alors on pourrait voir ce qu’on peut faire, on pourrait peut-être rester en France, si le coût du travail est égal à celui du Bangladesh.

Ils nous diraient cela pour leur défense, les industriels du profit, en ajoutant : on paye trop d’impôts et de taxes chez vous, nous sommes obligés d’aller ailleurs, en Irlande ou au Luxembourg ou bien au Portugal comme les chanteurs qui veulent jouer dans la cour fiscale des grands.

Et en plus, il y a trop de normes qui nous empêchent de polluer tranquillement…

Ils nous diraient que, bon, votre gouvernement actuel fait des efforts en supprimant l’ISF et en instituant une flat-tax sur les avoirs financiers, le tout payé par les classes moyennes, celles qui précisément sont à la retraite et qui ont pu faire leur petite pelote de laine qu’on essaye de leur voler aujourd’hui.

Ils nous diraient que le gouvernement a bien raison de leur taper dessus fiscalement parce qu’en économie, la leur, il n’y a pas de place pour les classes moyennes, seulement pour les riches et pour les pauvres, c’est plus facile à gérer.

Que nous diraient les économistes ?  Ils nous citeraient la fameuse règle des 5 C : C’est Con mais C’est Comme Cela, rien de plus, confirmant si besoin est que l’économie est tout sauf une science.

Que nous diraient les politiques ? Qu’ils ont bien essayé d’infléchir le cours des choses et d’adoucir la potion amère du libéralisme mondialisé, mais qu’ils n’ont pas pu aller plus loin dans les concessions avec M. Gattaz, vous savez, ce boloss qui veut qu’on recrute à Pôle Emploi pour faire pointer les chômeurs tous les jours. Nous aussi, on a notre Trump.

Ils nous diraient, les politiques, que la vieille économie c’est du passé et que derrière chaque chômeur, il y a un milliardaire en puissance, à condition qu’il se sorte les doigts du nez, ou d’ailleurs, qu’il prenne son vélo et aille livrer une saloperie de bouffe formatée à son voisin. La microentreprise, c’est l’avenir puisque les délocalisations et les gains de productivité repoussent sans cesse la perspective de la diminution de la courbe du chômage.

Quel verdict ?

Au terme de ce procès devant le tribunal de l’histoire, le verdict serait clément pour les financiers industriels, parce que la cour considèrerait qu’en l’absence de collusion avérée avec les politiques, il n’ont fait que leur métier en protégeant leurs actionnaires et en s’achetant des yachts de luxe immatriculés aux iles Kiribati et que s’ils ont pu faire ce qu’ils voulaient c’est quand même grâce au laxisme de la classe politique.

Ils pourraient être reconnus tout de même un peu coupables, mais dispensés de peine, comme Mme Lagarde avec son « arbitrage » à 400 Millions dans l’affaire Tapie/Adidas

Les économistes seraient condamnés à ne plus apparaître dans les médias afin de mettre un terme à leur incontinence verbale et à faire vœu de silence en se retirant dans un monastère.

Le citoyen, coupable en dernier ressort…

Quant aux politiques, ils diraient simplement pour leur défense qu’ils ont été élu par les citoyens et que toutes les conneries qu’ils ont pu faire, c’était au nom du suffrage universel et qu’ils étaient tenu par notre vote, bien que le mandat impératif n’existe pas.

C’est de votre faute si tout cela est arrivé, vous avez élu au mieux des buses qui ont profité du système avec les emplois familiaux et au pire des hommes politiques en phase avec les théories des industriels de la finance (Ou peut être les deux à la fois) qui se contentent de passer les plats pour aller pantoufler ensuite dans les conseils d’administration du CAC 40.

Et que trouve-t-on dans cette catégorie ? des politiques biberonnés au service public, passés par les plus grandes écoles de la République payées par vos impôts, qui se hâtent de cracher dans la soupe en rejoignant une banque d’affaires, ou en allant toucher des stocks options chez les industriels en échange d’un plan social qui fera grimper l’action ou pour les gagne petits de se faire rémunérer à 52000 € par mois chez un transporteur ferroviaire en déficit chronique.

On ne me fera pas avaler que ces braves gens se sacrifient en renonçant à leurs avantages pour un salaire de Ministre et de Président pour s’occuper de la France et des Français. J’ai simplement en tête qu’ils sont en service commandé et qu’une fois le sale boulot fait, leur rond de serviette les attend chez les industriels de la finance.

Le sale boulot ?

C’est couvrir autant que possible les agissements des laboratoires pharmaceutiques et homologuer des médicaments contre le cancer à des prix faramineux en sachant que tout le monde ne pourra pas en bénéficier.

C’est accepter que des industriels de la chimie fassent la loi dans les campagnes et empoisonnent les terres avec la complicité de syndicats agricoles et polluent l’environnement de tout le pays en provoquant des pathologies graves.

C’est accepter que les sociétés d’autoroute continuent de racketter les automobilistes en l’échange de programmes d’investissement bidons.

C’est développer des discours écologiques avec des idiots utiles au gouvernement et couvrir les agissements des constructeurs automobiles qui traficotent les tests de pollution.

C’est ne rien faire pour éviter qu’on bouffe des lasagnes à la viande de cheval en limitant les effectifs et le champ d’action des agents chargés du contrôle alimentaire.

C’est accepter la fraude fiscale (60 à 80 Milliards d’euros) et les niches fiscales qui coûtent plus que le rendement actuel de l’impôt sur le revenu.

C’est donner des milliards aux entreprises avec le CICE sans que rien ne se passe sur le front de l’emploi.

C’est traiter les gens de fainéants pour les culpabiliser un peu plus d’être sans emploi et dire à ceux qui en ont un de se tenir à carreau.

Etc,… Etc,…

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commentaires

L
Je comprends que vous êtes une victime et que vous cherchez des coupables pour vous réconforter... et peut-être repousser encore à plus loin le moment d'examiner par vous-même quelle est votre propre rôle dans tout cela. Car enfin, si vous avez vécu les trente glorieuses comme vous le déclarez au début de votre post, il serait malhonnête de dire que vous avez "tout fait comme on vous a dit" et que vous ne saviez pas. Tout ce qui est arrivé depuis a été dénoncé à l'époque. Des mouvements on été constitué, des gens se sont opposés, d'autres ont choisi une vie en refusant de faire ce qu'on leur disait de faire. Alors si vous n'en étiez pas capable à l'époque, pourquoi le seriez-vous maintenant. D'ailleurs vous ne proposez rien. Vous ne faites qu'ânonner une litanie de malédictions,celle qui plombe les gens et finalement les empêche de faire quoique ce soit pour se libérer. Yen a marre de ce bla bla. Des actes !
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