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28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 18:11

 

Difficile d’y voir clair dans les limitations de vitesse et surtout sur les motifs qui ont poussé à limiter à 80 Km/h certains axes. 3 à 400 morts en moins, certes ce n’est pas rien et si cela se confirme, j’en serais heureux, mais pourquoi un tel dispositif ? Pourquoi ne pas s’attaquer d’abord à des causes connues de la mortalité routière qui ne font pas l’objet d’une attention suffisante de la part des forces de l’ordre et de la justice ?

La communication autour de la mesure

On ne pourra pas dire qu’on n’a pas été prévenus : des spots télé, des pages dans la presse et des émissions dans lesquels on ne démontre par A + B que rouler à 80 diminuera la mortalité routière. Il y a même ce fameux spot autour du nombre 13 qui met en scène un camion venant de la droite et une voiture venant sur sa gauche dont le conducteur aura la vie sauve car il roule à 80 ! C’est simple mais on ne sait pas qui camion ou de la voiture est a priori en tort (priorité à droite ou stop grillé par exemple ?). Pas grave puisque lorsqu’on roule à 80 le code de la route n’est pas important puisque les fameux 13 mètres gagnés sur le freinage nous permettrons d’avoir la vie sauve : on y croit !

Certains partisans de la mesure nous disent que simplement l’effet de l’annonce permettra une conduite plus vertueuse et ce, même si le résultat en terme de mortalité n’est pas au rendez-vous. C’est dire si toute cette communication est basée sur des données scientifiques irréfutables !  

Rouler à 80, ça change quoi ?

Il se peut que dans quelques mois cette mesure soit respectée par le plus grand nombre et que le nombre de morts diminue et là tout le monde se félicitera, mais il se peut également qu’un petit nombre ne la respectant pas, entraîne une mortalité plus importante.

Ce qui peut paraître bizarre c’est que tous les véhicules (VL, Motos, Poids lourds) et toutes les catégories de conducteurs (permis probatoire pour les jeunes) soient désormais soumis à la même règle de 80, ce qui ne manquera pas de causer quelques conflits et dépassements dangereux (de la part de camions, de camionnettes,…). Il y a donc des risques potentiels induits par la mesure comme également le manque de vigilance consécutif à l’impression de rouler au ralenti causera sans doute des dégâts matériels.

Par contre le point fort de la mesure semble être la répression. A côté des radars fixes et mobiles, la nouveauté ce sera le radar embarqué piloté par des sociétés privées qui flasheront à tout va. La mesure de prévention destinée à diminuer le nombre de morts sur la route se transformera vraisemblablement en bonne affaire pour les caisses de l’Etat et les organismes réalisant des stages pour récupérer des points.

Y avait-il d’autres solutions ?

Oui, comme les radars tronçon qui auraient pu être déployés sur les endroits les plus dangereux, mais si l’objectif d’avoir moins de morts sur ces routes aurait pu être atteint, celui d’engranger des recettes provenant des amendes sur l’ensemble du réseau ne l’aurait pas été.

Laisser les élus locaux décider ? Mauvaise solution ! La capacité de résistance d’un élu local face à ses électeurs étant très faible, nous aurions assisté à la mise en place de mesures cosmétiques destinées à flatter l’électeur rural ne réglant en rien la mortalité routière.

Pourquoi ne miser que sur la diminution de la vitesse ?

La réponse qui vient immédiatement à l’esprit est que c’est facile, ça rapporte et que le gain hypothétique en matière de mortalité routière, cela viendra éventuellement conforter la mesure.

Pour autant, l’impression qu’on peut avoir, c’est que l’alcool, les stupéfiants et la conduite sans permis (et le défaut d’assurance, bien souvent) sont traités de manière accessoire et que l’on s’en remet aux contrôles classiques dont on connaît la porosité et à une répression judiciaire qui n’est pas à la hauteur.

Exemple (réel) : En cas de retrait de la totalité des points, un conducteur reçoit de l’autorité administrative l’injonction de remettre son permis de conduire au Préfet de son département de résidence et perd le droit de conduire. Le fait de refuser de se soumettre à cette injonction est puni de deux ans d’emprisonnement et de 4500 euros d’amende (article L 223-5 du code de la route).

En novembre 2017, un individu sous le coup d’une annulation depuis 4 mois, en état d’ivresse, sous l’emprise de stupéfiants et en excès de vitesse a percuté un véhicule et en a tué le conducteur de 44 ans, père de famille.

Les suites données à cette affaire donnent une idée du manque de réactivité de la Préfecture qui aurait du diligenter la gendarmerie dans les jours qui ont suivi le refus par l’intéressé de remettre son permis pour lui signifier son inculpation comme le prévoit le code de la route.

Ce qui suit fait encore plus froid dans le dos puisque l’intéressé, après un bref séjour à l’hôpital, n’a été convoqué par la gendarmerie qu’à la mi-janvier et déféré au tribunal pour « comparution immédiate », ce qui laisse sans voix. Compte tenu du délai, de droit, pour préparer sa défense, il a été jugé un mois plus tard après avoir été mis (enfin) en détention provisoire et condamné à quatre ans de prison dont un avec sursis (avec peines accessoires) alors que la peine de prison maximum encourue était de 10 ans.

Morale de l’histoire

Le législateur se donne bonne conscience en votant des peines importantes qui ne sont jamais appliquées par les tribunaux, laissant les familles des victimes dans le désarroi.

Les Préfectures n’assurent pas un suivi de l’effectivité des mesures de retraits ou d’annulations de permis en n’ayant pas recours à la force publique en cas de mauvaise foi évidente des délinquants qui continuent de rouler et tuent parfois : En 2016, ce sont 241 personnes qui ont été tuées dans un accident de circulation impliquant un conducteur sans permis.  

Avant de prendre un marteau pilon pour écraser une mouche en limitant de manière unilatérale la vitesse à 80 km/h, les pouvoirs publics auraient été bien inspiré d’appliquer d’abord les dispositions légales et règlementaires qui existent déjà afin de diminuer le nombre de morts.

Ce n’est pas le choix qui a été fait. Le gouvernement n’est pas crédible. On peut penser qu’il cherche simplement à remplir les caisses de l’Etat. Courir après les délinquants routiers ne semble pas être sa priorité : cela coûte sans doute trop cher.    

  

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