Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 09:34

La pollution gouvernementale

Il faut savoir parfois aller plus loin que les déclarations martiales sur la dangerosité potentielle du mouvement des gilets jaunes, son éventuelle récupération par les extrêmes, la fameuse transition écologique qui sert de cache misère, pour découvrir la réalité des fins de mois difficiles, l’absence de mesures efficaces en matière de pollution, l’hypocrisie fiscale ou bien encore le poids des lobbies qui œuvrent dans l’ombre.

« Hier nous étions au bord du gouffre et depuis nous avons fait un grand pas en avant »

On peut résumer ainsi la position du gouvernement qui maintient contre vents et marées sa position sur la fiscalité « écologique » qui préserve surtout les ressources budgétaires et ne concerne que très peu la fameuse transition écologique condamnée à végéter faute de moyens financiers.

Par conséquent, plutôt que de changer de cap (il est permis de faire des erreurs) le gouvernement bricole à la va-vite un petit plan à 500 Millions destiné à aider les plus fragiles. En même temps, il met fin à l’avantage fiscal concernant le changement des fenêtres des logements qui coûtait 800 Millions au budget : cherchez l’erreur !

Il faut donc dénigrer ce mouvement des gilets jaunes traité de poujadiste, accusé de récupération par les extrêmes, non structuré et par conséquent dangereux, la preuve ayant été confirmée par la mort d’une manifestante, de nombreux blessés, le tout causé par l’inexpérience des organisateurs. Voilà pour la version officielle.

Il est utile de rappeler que le gouvernement à l’œuvre a tout fait depuis le début du quinquennat pour discréditer les corps intermédiaires (syndicats, élus locaux, mouvement associatif) pour entrer dans une gouvernance verticale qui « assume ».

Difficile de pleurer sur ce qui arrive aujourd’hui : le contact direct entre les élites et le peuple.

Ah, la fameuse transition écologique !

Résumons : le poids de cette fameuse transition écologique est essentiellement porté actuellement par les automobilistes et les consommateurs. Entre taxes sur l’essence, le diesel, le fuel, le gaz et l’électricité, sans oublier les taxes sur les emballages et autres taxes sur le sel, le gras ou les boissons énergétiques, c’est bien le consommateur final qui supporte tous le poids d’une fiscalité qui se veut écologique et bonne pour notre santé.

Il fallait écouter M. Darmanin ces jours derniers nous parler avec des trémolos dans la voix des enfants et des adultes qui meurent chaque année des suites d’insuffisances respiratoires causées par la pollution automobile. La Ministre de la santé fait la même chose pour nous inciter à mieux consommer afin de limiter les maladies cardio-vasculaires. Les deux en tenant ce discours à destination des consommateurs irresponsables que nous sommes, justifient leur propre irresponsabilité, à savoir celle qui consisterait à prendre des mesures en amont pour que toutes les saloperies qui polluent ou nous rendent malades ne soient plus en vente libre ou du moins à en limiter les effets.

Nous aurions là un véritable plan de transition écologique, pas seulement de la gestion budgétaire à la petite semaine pour boucher les trous du déficit et assommer le consommateur.

Dernier point, et non des moindres concernant l’automobile : l’émission de gaz à effets de serre de ce mode de transport ne représente que 15,6 % du total de cette pollution. Où sont les mesures concernant les autres sources de pollution, comme l’agriculture (17 %), le résidentiel et le tertiaire (17 % également), les poids lourds (6 %), l’industrie et la construction (11 %) ? Rien non plus concernant les déchets, la production de l’énergie, les utilitaires, les tracteurs, le transport fluvial, les transports aériens ou maritimes…

Faute de volonté politique, le conducteur automobile semble être au final le seul pollueur en France.

Gilets jaunes et transition écologique

Il est totalement idiot d’opposer les deux en faisant comme le très délicat Benjamin Griveaux ceux qui clopent, roulent au diésel (il pourrait ajouter maintenant, et qui se chauffent au fuel…) avec les écologistes. Beaucoup de personnes ont désormais conscience que notre mode de vie nous conduit à la ruine de la planète et cette opinion est largement partagée y compris chez les gilets jaunes.

Ce qui se joue dans ce mouvement c’est l’horizon de la fin du mois, des factures à payer, des dépenses contraintes (loyers, abonnements, essence,…) qui représentent jusqu’à 60 % d’un SMIC, de la voiture qui ne passera pas le prochain contrôle technique, des trajets quotidiens incontournables en l’absence de transports en commun, les déplacements obligatoires toujours plus chers pour les personnels soignants et les aides à la personne ou bien encore les charges en carburants des artisans.

Ce qui se joue aussi, c’est la peur du déclassement avec les salaires qui stagnent et une forme d’injonction à consommer (le dernier smartphone, le parc d’attractions pour les enfants, l’ordinateur pour faire toute les démarches administratives obligatoires,…).

Alors on serre les boulons, on arbitre sur les vacances, la nourriture, les loisirs, l’habillement, avant d’en arriver pour les travailleurs pauvres à solliciter les associations caritatives.

Et surtout, grande nouveauté, on descend dans la rue avec son gilet parce qu’on ne croit pas un seul instant aux fameux gains de pouvoir d’achat du gouvernement qui ont été soit engloutis dans les pleins d’essence ou par l’inflation, soit qui se traduiront par d’autres augmentations masquées de tarifs publics, par leur suppression ou la diminution des allocations (APL, chômage, maladie,…).

Où sont les solutions alternatives ?

Comme on l’a vu plus haut, la transition écologique ne doit pas être supportée uniquement par les automobilistes avec les conséquences désastreuses sur leur niveau de vie. La taxation des autres sources de pollution doit être mise en œuvre.

De nouvelles ressources doivent être dégagées afin de travailler à la structuration de réseaux de transports en commun dignes de ce nom et pour lequel la rentabilité écologique et non exclusivement financière doit être examinée. Parmi ces ressources, la lutte contre l’évasion fiscale (100 Milliards, tout de même, dont la taxation des activités réalisées en France par les géants du numérique) et celle contre la fraude sociale, sans parler d’un impôt (inévitable) de solidarité écologique sur la fortune ou bien encore des mesures directes comme la fin de l’épandage de saloperie dans les champs au nom de la « compétitivité » et de l’impact sur la balance commerciale de l’agro-business.

Arrêtons de nous balader avec le véhicule électrique qui ne résoudra rien sur le plan écologique et rien non plus en matière de bouchons sur les routes, à supposer que tout le monde puisse s’en acheter une... Arrêtons de nous proposer des primes à la conversion qui ne sont la survivance d’une industrie automobile dépassée mais qui joue très bien son rôle de lobby, comme l’agriculture qui bloque de fait toute possibilité de consommation de terres agricoles y compris pour ce qui pourrait être une des solutions : la construction de sites propres pour les transports en commun et des pistes cyclables dignes de ce nom.

Il y a donc des solutions, mais voilà, elles n’entrent pas dans le logiciel de nos gouvernants qui ne sont que les marionnettes des lobbies et des banques. C’est dire si la contestation directe, en l’absence de corps intermédiaires, devrait avoir de beaux jours devant elle.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Michel
  • : Société - Politique - Réforme des collectivités locales - Vie des collectivités locales d'Ille et Vilaine - Nouvelles - Coups de gueules
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens