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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 16:24

C’est l’expression largement utilisée lorsqu’on veut expliquer les modalités d’intervention des forces de l’ordre. Légitime, veut lire légale, c’est-à-dire qui trouve sa source dans la loi votée par le parlement. Bien sûr, il y aurait beaucoup à redire tant certaines images d’interventions des forces de l’ordre qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux donnent une image très particulière de cette légitimité.

Le sentiment qui prévaut aujourd’hui, c’est que la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre c’est, quelle que soit la manière, empêcher non seulement des casseurs d’opérer, ce qui est logique, mais de développer un mode violent, dans lequel le discernement n’est plus de mise, et dont la finalité est de dissuader les manifestants de manifester avec comme dommage collatéral la radicalisation de certains manifestants.

Il est clair que les forces de l’ordre dont certaines composantes ou individus ne font pas dans la dentelle, ont perdu aujourd’hui la popularité qu’elles avaient pu avoir lors des attentats de 2005 et on n’entend plus guère la chanson de Renaud : « J’ai embrassé un flic ».

Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce stade ? Comme l’indique Alain Bauer, Professeur de criminologie : « Tout gouvernement, confronté à un mouvement social essaye le pourrissement, puis la violence ».

S’agissant du pourrissement on a vu les choses à l’œuvre lors du début du mouvement des gilets jaunes à l’automne dernier. Ne rien voir, ne rien dire (sauf une communication gouvernementale destinée à discréditer le mouvement), et ne rien entendre : le secret du bonheur ! Sauf que la particularité de ce mouvement fait que ça n’a pas marché et que Macron a dû lâcher du lest le 10 décembre.

Depuis, nous sommes revenus au pourrissement avec le grand débat avec, point d’orgue, quelques annonces sorties de nulle part sur les retraites et le temps de travail et le rejet ou le report d’autres mesures, techniques éprouvées des gouvernants pour refiler la patate chaude aux successeurs.

Avec ce retour du pourrissement, mal accueilli, est venu le temps de la répression des manifestants sans distinction avec l’alibi des Black Bloc, avec dommages collatéraux évidents. C’est ce qui s’est passé mercredi. Cette stratégie s’est accompagnée de la manipulation de l’information, avec la complaisance des chaînes d’info en continu au sujet de l’intrusion à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière.

Tout le monde s’accorde à dire que ces « casseurs » ceux « qui s’attaquent aux services publics » comme l’ont si bien dit le Premier Ministre et celui de l’Intérieur n’étaient que des manifestants pris dans une « nasse » policière et qui effarés par la violence de la répression n’ont fait que chercher une échappatoire.

Les propos tenus par ces responsables politiques laissent pantois, surtout en l’absence de conclusions d’une enquête, ce qui dénote la volonté évidente de manipulation de l’information.

Donc, pourrissement permanent, manipulation de l’info et violence croissante de la répression avec dérives individuelles des membres des forces de l’ordre qui ont oublié leurs cours de déontologie.

Pourquoi ne sort-on pas de ce conflit ? Parce que ses sources échappent au cadre habituel. Il ne s’agit pas d’un conflit catégoriel comme une grève dans les hôpitaux dont les effets sont neutres pour le service public. Pas non plus une grève dans le secteur public dont on sait que la force diminue avec le temps et les retenues sur salaires, ni la démonstration de force de salariés d’entreprises lâchés par leurs actionnaires qui trouvent leur bonheur dans des contrées moins fermes sur le droit du travail et des salaires et qu‘on calmera avec un « Plan de sauvegarde de l’emploi ».

Le mouvement syndical totalement discrédité aujourd’hui dont l’objet principal est de sauver les meubles de sa petite entreprise est inaudible soit parce qu’il reste droit dans ses bottes avec la lutte des classes, en appelle à la révolution pour d’autres ou recherche désespérément jouer un rôle que Macron ne veut pas leur donner.

Le mouvement qui émerge et qui accepte de copiner avec les plus extrémistes à cela de singulier qu’il ne rentre pas dans le schéma du discours politique actuel. Les pansements du 10 décembre sortent du cadre traditionnel d’un gouvernement de droite qui ne voit que par l’entreprise pour résoudre une crise qui s’éternise.

Il est en effet paradoxal que les mesures adoptées visent à augmenter le pouvoir d’achat des actifs par le versement de primes à l’emploi, le dégrèvement des cotisations sociales ou la défiscalisation des heures supplémentaires ou primes annuelles, creusant ainsi sans barguigner le déficit de l’Etat. Les bénéficiaires de ces « largesses » ont tort de se réjouir. Cela se paiera avec la baisse des retraites et de la protection sociale. C’est une bombe à retardement.

Le mouvement actuel n’est pas celui des fainéants, des faux chômeurs ou des vieux qui crachent jaune, c’est celui des actifs, qu’ils soient salariés, commerçants, artisans ou agriculteurs qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois parce que les dépenses contraintes augmentent régulièrement et que l’endettement fait des ravages.

Ils font mine de ne rien comprendre. Ou plutôt, ils comprennent très bien mais ne veulent pas déplaire à leurs commanditaires comme le Medef gavé au CICE ou bien les multinationales et les bonnes âmes de Davos qui font la loi, celle du libre-échange, de la libre circulation des capitaux et des travailleurs qui viennent concurrencer les autres, et de l’évasion fiscale.

Ils refusent d’entendre que le modèle imposé par ces bonnes âmes qui n’hésitent pas à balancer des dizaines de millions dans la corbeille à la quête pour la reconstruction de Notre Dame est considéré comme un crachat à la figure de ceux qui travaillent et de ceux qui voudraient bien travailler si les actionnaires n’étaient pas si rapaces, de ceux qui veulent vivre dignement tout simplement, tout au long du mois.

Il faut donc protéger l’ordre établi, celui de la doxa néolibérale, des bienfaits de la mondialisation avec cette Europe qui devrait protéger et qui se comporte comme le petit commissionnaire de cette nébuleuse qui dirige le monde.

Pour protéger l’ordre établi, il ne faut pas rechigner à abonder les budgets du maintien de l’ordre et de l’armée, même si cela porte préjudice aux budgets sociaux ou à celui de la justice. Pour la culture, on sait déjà qu’il existe des mécènes…

Voilà, c’est nouveau, ça vient de sortir. Le conflit social actuel sorte du cadre traditionnel et s’intéresse à la reprise en mains de la gouvernance par les citoyens. Il est parti pour durer. Les politiques aux ordres sont comme des lapins pris dans les phares d’une voiture.

C’est dire si le pourrissement et la violence « légitime » ont de beaux jours devant eux.

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