Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 20:55

Vous l’entendez la petite musique ? Vous le voyez le bout du tunnel ? Vous voyez peut être aussi « la ligne d’horizon qui se rapproche » (auquel cas vous seriez victime d’une hallucination) ?

Les agents d’ambiance sont mobilisés

Ça repart, ça va repartir, ça ne saurait tarder, préparez-vous, faites des stocks dans les entreprises, sortez le pognon amassé sur le livret de l’écureuil, achetez des bagnoles, investissez dans l’immobilier, préparez vos vacances, j’en passe et des meilleures. Ayez confiance…

Sonnez clairons, résonnez trompettes, voilà donc la reprise annoncée. Pour quand, on ne sait pas, mais ce qu’on sait c’est que nos brillants économistes sont sur tous les plateaux pour mettre l’ambiance. Même qu’on devrait faire mieux que l’Allemagne en 2021, c’est dire !

On prépare même ces fameux protocoles dont le pays a le secret et qui nous permettrons de re-consommer, de nous bâfrer, de racheter des trucs inutiles, juste parce que notre économie repose avant tout la dessus, puisque tout le reste a été délocalisé dans les pays à moindre coût salariaux y compris les masques, les tests ou le paracétamol pour pouvoir mieux rémunérer les actionnaires. Un peu court, non pour une reprise affichée à plus de 5 % en 2021 juste derrière l’Inde et les USA ? Est-ce qu’on n’aurait pas été un peu trop optimiste, comme pour le retour des touristes étrangers qui donnent un sacré coup de main à l’économie en temps normal, par exemple ?  

L’ambiance, justement…

N’y aurait-il pas un léger décalage entre cet optimisme débridé et la situation sanitaire que nous vivons et les mesures qui vont avec, qui s’accumulent et se contredisent, sans que l’on s’aperçoive d’un début de cohérence entre territoires, sauf celle qui consiste à dire que c’est avant tout l’économie qui guide les décisions et que c’est même pour ça que les écoles ne ferment pas ? Car c’est bien le paramètre économique qui fonde la décision de ne pas rajouter d’autres mesures en Ile de France alors que d’autres départements doivent supporter des ersatz de mesures vexatoires comme celle du couvre-feu du week end. Sortez pour aller bosser et rentrez sagement chez vous le vendredi soir et n’en sortez pas avant le lundi matin : beau programme, mais qui commence à lasser.

Les lits de réanimation se font de plus en plus rares et on s’apprête à nouveau à jouer au Tétris avec les brancards pour désengorger les Hôpitaux saturés d’Ile de France ou du Nord vers la province. Vive l’aménagement du territoire !

Le nombre de contaminations ne baisse pas et il y a une statistique dont on ne parle pas beaucoup, c’est celle des morts enregistrés. On frise les 90 000 depuis le début quand même, et ce nombre ne tient sans doute pas compte des dégâts collatéraux suite aux déprogrammations d’opérations qui se traduiront dans quelques semaines ou quelques mois par une augmentation des chiffres de mortalité.

On ne parle que très peu de cette mortalité attribuée au Covid et surtout du fait que depuis la fin de du confinement d’octobre, elle se situe à une moyenne quotidienne entre 300 et 400 décès, soit environ 10 000 morts chaque mois, tout de même. Non, les commentateurs et experts préfèrent disserter doctement pendant des heures sur la courbe des contaminés qui semble se stabiliser, le nombre de lits encore disponible ou bien encore la faible contagiosité de tel ou tel variant jugé redoutable la semaine précédente, pour nous dire que tout va mieux et qu’il faut être optimiste.

Le PIB vaut bien quelques morts de plus

Qu’est ce qui permet cet enthousiasme soudain concernant la reprise ? Le fait précisément que Macron, contre l’avis des comités Théodule et de son gouvernement ait décidé qu’un confinement total, n’était pas à l’ordre du jour.

Le Chef a « pris son risque », c’est-à-dire qu’il a considéré d’abord la courbe du PIB et de l’endettement avant celle de la mortalité, sans être certain que cela tienne. Il a suivi en cela les François de Closets et autres experts qui nous disent que toutes les morts ne se valent pas et qu’on doit préserver les jeunes et faire le tri parmi les vieux : une théorie économique puante qui renvoie à la sélection et au film « Soleil vert ».

Au gouvernement, on a l’impression d’avoir la 7ème compagnie avec le sergent-chef Chaudard qui vient nous dire chaque jeudi d’un ton péremptoire les mesures qui infirment celles de la semaine passée (« hier, nous étions au bord du gouffre et depuis nous avons fait un grand pas en avant »). Comment leur faire confiance, à ces guerriers de pacotille qui ont tout raté depuis le début, des masques, en passant par les tests, et jusqu’à la vaccination qu’ils sont en train de pourrir avec leurs revirements successifs uniquement parce que leurs annonces concernant la livraison de vaccins ne tiennent pas compte des stratégies des laboratoires.

Le « risque » pris par le Chef de l’Etat va donc être mis à mal par l’impéritie de son gouvernement et de ses hauts fonctionnaires. Il n’est pas exclu qu’il se plante et que le couplet sur la reprise se crashe sur la réalité des choses.

Sous réserve d’inventaire…

A part sauter en l’air en clamant « la reprise, la reprise » intéressons-nous plutôt à l’état dans lequel sera le pays, le jour où l’immunité acquise (quand ?) le permettra.

Combien de chômeurs supplémentaires (qui seront confrontés par ailleurs à la baisse des indemnités chômage) ? Combien de commerces et d’entreprises définitivement fermés ? Combien de centaines de millions (voire plus) distribués sans compter à des escrocs et autres entreprises fantômes au titre du fonds de solidarité et évaporés dans la nature ? Combien de prêts garantis par l’Etat qui ne seront pas remboursés ? Dans quel état psychique seront certaines catégories de la population ? L’accroissement de la dette servira-t-il à justifier un tour de vis fiscal (pour les particuliers uniquement…) ou une réforme des retraites plus dure, avec fonds de pension « souverain » ? Comment faire pour « guider » l’épargne amassée pendant la crise ?

A quelque chose, malheur est bon : la stratégie qui consiste à laisser filer le nombre des décès au nom de l’économie, aura quelques effets sur les comptes publics ou les recettes fiscales. Plus de morts (confirmés par la baisse de l’espérance de vie en bonne santé) parmi les seniors, ce sont des retraites en moins à verser (de l’ordre de plus du milliard par an, voire deux), moins de prestations sociales et de remboursements de frais maladie également (plus on vieillit, plus on coûte cher à la Sécu). Les morts en plus, ce sont aussi des héritages qui profiteront aux générations montantes et aussi aux notaires et collectivités locales qui prélèvent ou touchent les droits de mutations pour l’immobilier. Pareil pour l’Etat avec les droits de succession, etc…, etc…

Une « reprise » en trompe l’oeil

On feint de croire comme d’habitude que la « reprise » et quelques spéculations vont résoudre la crise. Il n’y a aucune raison objective que la situation plus que délicate dans laquelle nous étions avant la pandémie, s’améliore avec quelques grosses ficelles, uniquement en répétant que demain sera formidable. Ceux qui tirent les ficelles, les secteurs économiques et financiers…, s’opposeront fermement à la remise à plat du système fiscal et à la lutte contre l’évasion fiscale. Pas de grand soir à prévoir, par conséquent, mais plutôt de nouvelles régressions sociales à prévoir pour les salariés et les plus précaires. Mais ce sera pour après 2022…  

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Michel
  • : Société - Politique - Réforme des collectivités locales - Vie des collectivités locales d'Ille et Vilaine - Nouvelles - Coups de gueules
  • Contact

Recherche

Catégories

Liens