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6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 21:34

Tout le monde a été surpris par la violence des évènements du 5 octobre lors de la présentation du « plan B » au personnel de la compagnie aérienne et les plus hautes autorités du pays sont montées au créneau de manière ferme.

Ils sont dans leur rôle

Le premier Ministre, martial comme à son habitude, rappelant le Ministre de l’Intérieur qu’il fut, n’a pas été avare dans ces propos, condamnant de manière très ferme les agissements de syndicalistes et en réclamant la plus grande fermeté envers les auteurs des agressions.

Le Président de la République y est allé également de sa condamnation ferme et parlé de l’image désastreuse de la France à l’étranger que donnait cet évènement.

Les médias étrangers, notamment russes ou britanniques, deux pays où le droit du travail et le droit de grève sont en jachère ou subissent des attaques permanentes, ont été cité abondamment dans cette charge visant à discréditer un pays concurrent dans la grande course au racolage des entreprises, avec bien sûr des arrières pensées politiques.

Tout cela participe de « l’image » de la France gravement atteinte par ces évènements, et se fonde sur les conséquences en oubliant d’analyser les causes.

Le pays où tout va bien…

C’est l’image que l’on veut donner du pays et on fait en sorte que cette image corresponde au mieux à la réalité sociale « économique ». Pour que la France soit crédible aux yeux des « investisseurs étrangers » le gouvernement (socialiste, rappelons-le) s’efforce d’abaisser le droit social et le droit du travail français à leurs exigences, c’est-à-dire un droit quasi inexistant, dans l’idéal avec des contrats zéro heure comme en Grande Bretagne.

Dans cette optique, on retrouve fréquemment en première ligne M. Macron avec sa loi sur l’ouverture des magasins le dimanche, ses tentatives de diminuer les indemnités des salariés licenciés abusivement, ses attaques contre les 35 heures, le code du travail ou bien le statut des fonctionnaires pour ne parler que de cela.

Oh, bien sûr, M. Macron est régulièrement recadré gentiment par M. Valls et le Président, trop gentiment sans doute par rapport à leurs attaques virulentes contre les auteurs des agressions à Air France, que personne n’excuse, mais le ver libéral est dans le fruit. La réaction violente de l’exécutif illustre bien que tout ce qui viendra gripper le belle machine libérale qu’on nous prépare n’est pas le bienvenu dans un contexte où nos gouvernants ressemblent de plus en plus à des représentants de commerce et sont prêts à s’adapter à tout et à dilapider l’argent public pourvu que le chômage diminue. Malheureusement, cela ne marche pas !

La violence de la direction d’air France

On part d’un plan qui prévoyait que l’ensemble des personnels devait faire des gains de productivité, ce qui a été atteint, sauf par les pilotes qui se sont contentés de 13 % et qui ne veulent pas aller au-delà.

Après l’échec des négociations avec les pilotes, et sur la base du seul blocage avec cette catégorie (un peu plus de 10 % des effectifs globaux de la compagnie), la direction d’Air France a sorti son « plan B » avec 2900 suppressions de postes à la clé dont 900 hôtesses et stewards, 1700 personnels au sol et 300 pilotes.

Que dire de cette annonce, sinon qu’elle porte en elle une réelle violence à l’égard des personnels qui avaient joué le jeu des gains de productivité et qui se voient frappés par le refus des pilotes ?

La direction, en publiant son « plan B » devait bien se douter des réactions des personnels qui avaient apporté leur contribution au redressement de la compagnie. Elle devait sans doute avoir comme stratégie de monter les catégories les unes contre les autres et susciter un effet de levier contre les pilotes : raté ! C’est bien contre la direction de la compagnie, se sentant sans doute légitimée par le grand virage libéral du gouvernement que la réaction a été la plus violente.

Tous responsables

Tout le monde s’accorde pour dénoncer les violences et sans doute ceux qui auront contribué à les provoquer par leur attitude, leur stratégie, ou leur laisser-faire, mais il serait injuste de ne fustiger que les seuls personnes qui ont participé à l’agression des cadres d’air France.

Face aux attaques contre les salariés, les menaces de licenciements massifs, les promesses de réduction des droits alors même que le monde économique et financier dicte ses lois à des pouvoirs politiques affaiblis et prêts à tout pour les satisfaire, il serait indécent de s’interroger uniquement sur la violence des réactions de salariés en oubliant la violence institutionnelle et économique.

A ce petit jeu du billard à trois bandes, le gouvernement et la direction d’Air France, qui a joué avec le feu, ont perdu. Il serait temps de faire un peu d’introspection et de reprendre un dialogue social sérieux.

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