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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 15:21

C’est une petite musique qui fait son chemin dans les médias : il y aurait désormais une « gauche moderne ».

Le marketing est partout

L’avantage de ce qualificatif, c’est qu’il renvoie dans les cordes l’ensemble de ceux qui ne se retrouvent pas dans cette dénomination. Ils deviennent ipso facto des ringards, des has-been, des vieux cons et au mieux des frondeurs.

Les socialistes ne sont pas les seuls à vouloir cliver pour des raisons de stratégie électorale et aussi afin de ne pas assumer le tournant libéral de nos gouvernants. En effet, il y a quelques temps, nous avons entendu parler de la « droite forte » de Guillaume Pelletier, qui faisait sans doute écho à une droite devenue molle du côté de l’UMP.

Que nous annonce la « gauche moderne » ?

Afin de bien comprendre, il convient de nommer la tête de gondole de ce mouvement : Emmanuel Macron, en personne, avec ses saillies qui sentent si bon le libéralisme que l’on croyait jusqu’à présent être la chasse gardée de la droite (molle ou forte), avec explication de texte en Anglais pour rassurer les investisseurs étrangers.

Ainsi donc, être moderne, ce serait en vrac, être pour la réforme du code du travail, la remise en cause des 35 heures, la fin du statut de la Fonction publique, revoir les conditions d’âge et de montant des retraites, ainsi que les conditions du dialogue social dans les branches professionnelles. Tout cela pour le bien des français, bien sûr avec l’appui d’idiots utiles qui prennent fait et cause pour ces réformes sans se douter qu’ils en seront les principales victimes.

On reste confondu par la succession des déclarations de M. Macron que ne réfuterait aucun leader de droite, et qui n’entraînent que quelques désaveux mous de la part du premier Ministre ou du Président de la République. Sous d’autres gouvernements, ces déclarations auraient valu à son auteur de retourner à ses chères études, et là, rien.

De là à dire que les rôles sont partagés entre Macron et les autres, il n’y a qu’un pas pour que toute la gauche au pouvoir adopte prochainement la dénomination de « gauche moderne » synonyme de « droite normale » et annonçant des alliances consanguines avec la droite mole et les écolos verts pâles pour gagner les prochaines échéances électorales.

On aimerait y croire…

Certes, des réformes sont sans doute nécessaires pour relancer l’économie et combattre le chômage, mais toutes celles qui sont proposées vont dans le sens de la régression sociale, afin de conforter le pouvoir économique et le pouvoir politique. La mode est au libéralisme et les français, qui ne comprennent rien à la modernité, sont méfiants compte tenu de l’état du dialogue social : on a vu ce qui pouvait se passer quand les patrons d’une compagnie aérienne oublient sciemment les bases de ce dialogue et imposent au salariés une violence toute aussi importante que celle subie par des cadres de cette compagnie.

Déjà, à ce stade, on voit également la brutalité du pouvoir qui a décidé d’interpeller les salariés d’Air France en cause à 6 heures du matin à l’instar de dangereux criminels. Il ne nous semble pas que les époux Balkany aient eu à subir de pareilles affres malgré la batterie de casseroles qu’ils trimbalent depuis plus de 20 ans. Cela annonce une « gauche moderne » très sourcilleuse sur le respect des lois, surtout lorsque les intérêts patronaux sont en jeu.

On aimerait y croire, mais faire plaisir au Medef ou aux corporations patronales, n’a jamais produit d’effet sur les créations d’emplois. Il n’est que de se souvenir du cadeau sur la TVA sur les cafetiers et restaurateurs pour s’en convaincre ou bien encore mesurer les effets du pacte de responsabilité qui se chiffre en dizaines de milliards de cadeaux ou d’économies aux entreprises (dont certaines continuent de licencier…) pour constater que cela n’a aucun effet.

M. Gattaz, digne successeur de son père à la tête du lobby patronal, a fini par planquer son pin’s annonçant la création d’un million d’emploi et s’il s’en prévaut encore, en oubliant les cadeaux financiers du gouvernement, qu’il considère comme une aumône, c’est pour dire à cor et à cri que le salut pour l’emploi réside dans l’assouplissement du code du travail, la fin des 35 heures, etc…, la même litanie que celle de la « gauche moderne » : la boucle est bouclée.

Tant que les français penseront que le salut réside dans l’alignement de leurs droits et salaires au niveau sur le pays le moins disant, c’est-à-dire sans doute la chine, le Vietnam, ou le Bangladesh, la « gauche moderne », qui déroule le tapis aux monde économique, qui parle surtout d’argent et rarement de morale, aura de beaux jours devant elle.

On aimerait y croire enfin, mais décidément, le revirement - certains parleront de trahison – de Hollande depuis son élection sur les promesses électorales sur le traité européen, par exemple, ou bien encore la finance, n’augurent rien de bon et confortent l’hypothèse de la « gauche moderne », ventre mou de la politique, dépourvue d’idéologie et passeuse de plat au Medef ou à l’économie mondialisée, dont il sera le chef de file en 2017, avant de céder le flambeau en 2022 à Valls, puis en 2027 à Macron.

La belle société « moderne » promise

Elle sera prospère, mais seulement pour quelques-uns, ceux qui pourront profiter des offres du commerce de luxe, qui auront des petites mains serviables et corvéables à merci pour satisfaire leurs moindres caprices et qui n’hésiteront pas à délocaliser leurs activités juste par caprice ou parce qu’ils auront trouvé moins cher ailleurs.

Elle n’aura plus besoin d’un système éducatif performant puisqu’il faut bien le dire, il ne sera plus nécessaire d’instruire des gens qui n’en n’auront pas besoin, sans compter le danger d’avoir un peuple instruit qui pourrait se révolter. Les récentes réformes de l’éducation et l’indigence de nos universités vont dans ce sens.

Elle n’aura plus besoin de la classe moyenne, vouée à la disparition à terme par le lissage sociétal déjà à l’œuvre avec les impôts.

Elle sera rayonnante avec le grand soir du Tafta, traité commercial transatlantique qui laissera les mains libres à tous les tricheurs automobiles ou bien les vendeurs de lasagnes à la viande de cheval et à l’hégémonie américaine, avec sa propre justice commerciale qui s’imposera à tous.

Les services publics seront « redimensionnés » à la hauteur de cette merveilleuse ambition de la « gauche moderne », avec moins de fonctionnaires, d’hôpitaux, d’enseignants, mais avec davantage de policiers, de justice expéditive et de prisons pour bien faire comprendre le concept de « gauche moderne » protectrice des intérêts économiques privés.

Pour l’instant, tout va bien !

Pour l’instant, la « gauche moderne » n’envisage pas de toucher aux prestations sociales, mais cela viendra bien : la bête économique et financière ne saurait se satisfaire de demi mesures. La seule issue consiste à espérer une crise économique et financière majeure qui rebattrait les cartes, car s’il est bien une maladie chronique dont souffre le monde économique et financier, c’est l’avidité et la connerie qui devraient précipiter sa chute.

Pour l’instant, la « gauche moderne » fournit encore la vaseline, mais jusqu’à quand ?

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