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23 juin 2021 3 23 /06 /juin /2021 15:23

Jusqu’à présent, on se contentait des taux de participation existants, même s’ils ne dépassaient que rarement les 50 %, sauf pour la Présidentielle : 75 % et les municipales (sauf 2020) : 60%. Politiques et commentateurs se satisfaisaient de ces résultats marqués par un désintérêt relatif mais réguliers des français pour le vote.

Il aura fallu ce funeste 20 juin qui n’a attiré qu’un électeur sur trois dans les bureaux de vote, à l’occasion des élections Régionales et Départementales, pour qu’on entende ou qu’on lise des choses sur le sujet de l’abstention et un début de réflexion critique sur le fonctionnement de nos institutions.

Etre à portée de baffes ne semble plus être la fonction d’élus locaux méconnus, remplacés dans ce rôle par le Président de la République, lui-même.

On recrute chez les abstentionnistes

Il fut un temps où on parlait de sympathiques pêcheurs à la ligne à défaut de se poser les bonnes questions, puis on a parlé d’insatisfaits notoires, d’adeptes du « tous pourris », preuve qu’ils commençaient à énerver et nous en étions arrivés à leur trouver parfois des excuses : modifications des conditions d’élections ou de territoires des circonscriptions, des jeunes pas concernés par un truc de vieux (déjà…), la météo,…

Cette fois-ci, nous avons été gâtés avec le Covid : choix des dates de scrutin inopportunes et corrélation avec le sentiment de libération et d’insouciance généré par la fin du confinement qui n’a rien arrangé.

C’est vrai que la fermeture prolongée des bistrots et brasseries, haut lieu du débat politique n’aura sans doute pas favorisé la participation, mais ce serait faire trop de cas de ces excuses toutes faites prêtes à servir aux médias par des politicards qui ne veulent surtout pas aborder les raisons plus profondes de ce désintérêt, sachant qu’ils pourraient avoir beaucoup à y perdre.

D’où vient le problème ?

Le sentiment que le Président de la République peut tout faire s’est renforcé au cours de ce mandat. Son mépris affichés vis-à-vis des élus locaux en début de mandat et la mise à l’écart des corps intermédiaires en général ont provoqué une aspiration vers le haut du débat et des revendications, parfois violentes, d’autant qu’il aura fortement contribué par ailleurs à disséminer les restes d’un parti socialiste déjà moribond.

La polarisation gauche/droite a volé en éclats sous ce quinquennat donnant naissance à un gloubi boulga idéologique allant de la strat up nation, en passant par la réforme à marche forcée si prisée du monde néolibéral, pour arriver à la drague lourdingue des jeunes avec les épisodes Mac Fly et Carlito et Justin Bieber.

Rien n’y aura fait et le bilan est terrible : les jeunes n’ont pas voté et la participation décline même chez les plus âgés. La gestion du Covid a laissé des traces qui auraient pu profiter à la participation électorale dans les territoires dont les élus pouvaient revendiquer quelques actions intéressantes (masques, mise à disposition de locaux pour la vaccination).

Ce Président n’aura, à aucun moment su tisser les liens avec les territoires ou prendre des dispositions pour les revitaliser et les conforter dans leur rôle de proximité avec les citoyens.

Ce n’est pas faute de pouvoir disposer d’éléments et de clignotants le mettant en garde : des études et ouvrages sur lesquels il aurait pu bâtir une action différente sont parus : « les territoires perdus de la République » (Emmanuel Brenner), « l’Archipel français » (J. Fourquet) ou « Plus rien à faire, Plus rien à foutre » de Brice Teinturier. A noter que ces deux derniers, sondeurs de leur état, sont bien meilleur dans l’écriture personnelle que dans la production d’enquêtes commandées par les médias et partis politiques qui n’ont pas su déceler cette vagues d’abstentionnistes.

Les taux d’abstention, vus sous ce prisme, ne sont donc pas une surprise.

Et les paramètres locaux dans tout ça ?

Une grande surprise et une satisfaction pour moi qui ferraille depuis longtemps sur la répartition des compétences et le mille-feuille, le regard parfois très critique porté par des éditorialistes et des politologues dans les médias, sur la décentralisation à la française.

Tout ou presque a été passé en revue. Le poids des grands corps d’Etat jacobins opposé depuis toujours à la décentralisation et qui n’ont eu de cesse que de l’affaiblir, en confiant des compétences de gestion (où tout continue de se décider à Paris), en battant en brèche l’autonomie fiscale des collectivités (tout en pantouflant pour certains à la tête des administrations locales) a bien été mis en avant.

Le charcutage des Régions à la Hollande qui devait présider à une réforme concomitante des administrations de l’Etat est à mettre au rang des fiascos politiques coûteux, inefficaces et contre lequel les pouvoirs locaux se montrent encore opposés (cas de l’Alsace, pour ne citer qu’elle).

Le saupoudrage de compétences, sans aucune logique, entre différents niveaux de collectivité a également été évoqué sans toutefois ne soit pointé du doigt la complaisance des élus des baronnies locales, qui trouvent un intérêt politique et financier personnel envers ces collectivités impuissantes, mais coûteuses pour le contribuable.

En caricaturant à peine, le citoyen qui ne comprend rien au système, arrive néanmoins à reconnaître certains de ces élus en photo dans la presse locale lors de l’inauguration d’un tronçon routier, d’un bâtiment public ou à l’occasion de la Sainte Barbe des pompiers. Encore que,… les difficultés arrivent lorsqu’il s’agit d’affecter ces élus à la collectivité locale dans laquelle ils exercent leur mandat.

Voici donc un second élément qui vient enrichir la réflexion et la compréhension sur le désintérêt des français vis-à-vis des dernières élections locales.

Remise en cause globale ou inertie habituelle ?

Il ne faudrait pas croire que la future loi 4D portée par Jacqueline Gouraud va modifier le cours des choses. Bien au contraire elle ne fera que conforter la situation et élargir le fossé entre les citoyens et les collectivités territoriales.

La politique du « secret du bonheur » symbolisée par trois petits singes (ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre) ne sera pas plus efficace.

Surtout ne pas attendre que la solution vienne des politiques eux-mêmes : eux et leurs partis qui se nourrissent sur la bête auraient trop à perdre. Ils se contenteront donc de parler de vote obligatoire, de prise en compte du vote blanc, de faciliter le vote par procuration ou de la possibilité de voter sur internet pour dire qu’ils s’intéressent à la question : fin du débat !

Tabler sur les médias ? Certains feront le job, d’autres, obnubilés par l’audience continueront à parler d’insécurité et d’immigration, leur fonds de commerce.

Quel sera le prochain déclencheur de la colère populaire ? Les zones urbaines de faible émission de pollution qui interdiront à ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un véhicule électrique de se rendre dans les villes avec leur véhicule Crit’air 3, étant entendu que le RN, parti « normalisé », ne fait plus rêver ?

Autant dire que si nous ne trouvons pas de solutions alternatives au système actuel, nous nous préparons à des lendemains difficiles dont l’abstention électorale n’est qu’un des signaux faibles.   

 

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