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8 octobre 2019 2 08 /10 /octobre /2019 11:29

Soyez rassurés, le budget 2020 de l’Etat vous sera présenté avec des beaux petits rubans autour mais quand vous aurez ouvert le paquet cadeau concocté par le gouvernement vous constaterez sans doute qu’avec un déficit de près de 100 milliards (dépenses autour de 400 milliards et recettes de 300), il y aura beaucoup de perdants et peu de gagnants.

La baisse des impôts

Super, l’impôt sur le revenu va baisser et la taxe d’habitation sera bientôt supprimée, encore faut ’il être assujettis à ces impôts, ce qui n’est le cas que à peine de la moitié des contribuables pour l’impôt sur le revenu. Pour la taxe d’habitation, compte tenu des dégrèvements accordés tout le monde ne la paye pas non plus et il faudra attendre 2022 pour les plus aisés.

Encore faut-il intégrer quelques paramètres importants qui permettent de passer outre l’affichage et s’interroger sur les effets de ces mesures. Certes, en théorie, cela devrait permettre de relancer la consommation, mais consommer est-il l’alpha et l’oméga, à une époque où l’on s’interroge sur l’avenir des ressources planétaires ? Alors il y a de fortes chances que ces gains terminent sur des livrets d’épargne afin de préparer la déflagration sur les retraites en cours et la dépendance de fin de vie, autrement dit en épargne de précaution.

Ces mesures ne bénéficieront par ailleurs pas à ceux qui ne payent pas d’impôts et aux demandeurs d’emplois déjà dans la précarité et qui verront leurs fins de mois se transformer en cauchemar en raison de la baisse drastique des conditions d’indemnisation du chômage.

La fin de la taxe d’habitation dont on ne sait toujours pas comment elle sera compensée aux collectivités locales se traduira par une réduction des budgets sociaux locaux et il y a fort à craindre que les plus démunis devront se contenter de la seule mesure de réduction de 1 euro sur la redevance télévision prévue au budget : champagne !  

Donc, l’Etat organise son appauvrissement et son inaction

Ce ne sont ni les ventes des bijoux de familles (ADP, Française des Jeux), ni la hausse de la collecte de la TVA consécutives aux baisses d’impôts ou aux mesures de relance « gilets jaunes » qui vont permettre à l’Etat d’avoir un budget présentable : le déficit de 100 Milliards financé par de la dette, comme d’habitude,  nous le démontre aisément.

Peut-être que le gouvernement, dans un effort de communication destinés aux imbéciles, nous fera t’il le coup des taux d’intérêts négatifs qui seraient, en quelque sorte, un impôt sur le capital qui lui permet de s’endetter à bon compte en baissant la charge de la dette, mais en occultant les 2000 milliards de dette en capital.

Les mesures « gilets jaunes » très bien accueillies par le Medef, consistent, on le sait à pouvoir verser à certains salariés des primes défiscalisées et désocialisées, c’est à dire que l’Etat implore les entreprises d’avoir recours (quand elles le peuvent) à ces gratifications, sachant que ce sont des recettes en moins pour les caisses de l’Etat et celles des régimes sociaux.

Et comme il faut tout de même faire des économies, ce sera en supprimant des emplois de fonctionnaires

Gérald Darmanin a annoncé que la Direction générale des Finances publiques donnerait l'exemple avec près de 6000 postes en moins sur trois ans. Plus surprenant la Transition écologique (près de 5000 emplois supprimés en trois ans) et celui des Solidarités et de la santé (-1080 postes) font les frais de la rigueur.

Autrement dit, la réouverture de guichets de finances publiques en zones défavorisées est un vœu pieux, la surveillance des usines Seveso (comme celle qui a brûlé à Rouen), le contrôle des entreprises du médicament qui organisent les pénuries ou bien encore le règlement de la situation des services d’urgence montrent bien la distorsion existante entre la communication gouvernementale et les actes.

Place aux bouts de ficelles, comme les démarches en lignes pour tout le monde qui donnent à notre pays une image de « Start up Nation », place aux autocontrôles des industriels et entreprises pharmaceutiques qui nous donnent le scandale de Rouen, celui du lait contaminé chez Besnier, de la viande polonaise ou bien encore le Médiator ou les prix qui explosent pour les médicaments qui soignent le cancer.

On l’a vu récemment, la communication gouvernementale qui n’arrête pas de bafouiller constitue désormais le mode d’action principal d’un Etat qui préfère déverser l’argent public en subventions et aux baisses de charges des entreprises, sans contreparties, favorisant ainsi la rente, l’accumulation des richesses et l’évasion fiscale, plutôt que de se préoccuper de ses citoyens.

Et ce n’est pas tout

Dans sa volonté irrépressible de limiter son action au régalien, c’est-à-dire la justice, l’armée et le maintien de l’ordre (si précieux en période de crise sociale), l’Etat se désengage sans trop le dire du champ de l’accompagnement social, cherche à tordre les systèmes d’aides au plus défavorisés et à laminer les systèmes de retraites, au nom de « l’égalité », bien sûr en favorisant les compagnies d’assurances.

Il nous l’avait dit : « les aides, ça coûte un pognon de dingue » et il avait même dans un grand élan néolibéral baissé les APL de 5 euros par mois. Il est désormais en train de tripatouiller dans le système du financement du logement social et baisser les dotations aux départements pour l’aide sociale, faisant ainsi de ces collectivités locales des organismes de « défaisance » pour les « dettes pourries » de l’Etat à l’image du CDR qui gère les dettes du Crédit Lyonnais.

En attendant des jours moins bons, nous avons eu droit à l’épisode de la CSG pour tous les retraités, puis pas pour tous, à l’équilibre des comptes de la Sécu en début d’année puis à son déficit de 5 milliards, in fine, suite à l’exonération des charges sociales sur les heures supplémentaires et les primes exceptionnelles de fin d’année. On n’a aucune idée du ruissellement provoqué sur l’économie  par la suppression de l’ISF, et pour cause, les riches sont de plus en plus riches et se substituent à l’Etat pour la reconstruction de Notre Dame de Paris (ce serait bien qu’ils se mobilisent aussi pour les urgences hospitalières…) et nous sommes toujours à la recherche de la cohérence du jeu de chaises musicales financière qui consiste à faire la part belle aux « premiers de cordée » et à laisser les autres se démerder pour les fins de mois.

On est dans la politique spectacle avec grands débats sur tous le sujets avec des acteurs de seconde zone qui bafouillent devant les micros et dont le nez s’allonge et s’il fallait endormir encore un peu plus les français, on nous propose un débat à la con sur le coût de l’immigration plaçant ainsi le sujet  « au cœur des préoccupations des français », ce qui est loin d’être le cas.

En fait, M. Macron s’aperçoit bien qu’il n’a plus la confiance du peuple pour la conduite des affaires. Il place donc le sujet sur ce qui a fait le succès de la petite entreprise Le Pen depuis quarante ans en espérant une fois de plus se poser en sauveur : « moi où le chaos », jusqu’à ce que la ficelle se casse…

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1 octobre 2019 2 01 /10 /octobre /2019 11:23

Le bilan de Jacques Chirac a été largement survendu au cours de ces trois derniers jours. Le quasi unanimisme de la machine à laver médiatique, sous le coup d’une émotion réelle mais loin d’être partagée par tout le monde ne servira pas la vérité sur le bilan de cet homme politique.

L’homme ambitieux

Sans vouloir le qualifier de roi fainéant, comme le fit Sarkozy, il faut bien reconnaître que son bilan est surtout marqué par une ambition, celle de devenir Président de la République, sachant que le poste constitue davantage aujourd’hui l’incarnation d’un roi, d’un guide pour le peuple qu’un dirigeant en capacité d’agir. Son action, malgré les promesses électorales se réduit souvent à peau de chagrin sous les coups de boutoirs du néolibéralisme. En cela, Chirac ne fut ni meilleur, ni pire que tous les autres Présidents depuis les années  80.

Alors, Chirac ? Humain ? Engagé sur certains dossiers, comme le handicap ? Fauve politique ? Roublard ? Truculent ? Amoureux des terroirs ? Hyperactif ? Sympathique ? Gargantuesque ?...

Oui, tout cela est vrai, mais aussi un opportuniste au bilan politique faible et en tous les cas occulté par une image façonnée par lui-même son entourage et les médias.

La machine à laver médiatique

Au cours des hommages hagiographiques distillés par tous les médias aidés en cela par les gardiens du temple chiraquien faisant la tournée des plateaux et faisant la part belle aux séquences d’archives, on en vient presque à regretter que le Président Chirac ne se soit pas occupé du pays dans son ensemble à l‘image de ce qu’il a fait pour la Corrèze ou pour la charcuterie lors de ses passages au salon de l’agriculture.

Bref, on a eu parfois l’impression que les français n’ont pas élu un Président de la République mais un président du Conseil Général.

Le clou du mauvais goût pendant cette période de deuil revient à l’IFOP qui élève Chirac au rang de Président de la République préféré des personnes interrogées, avec de Gaulle… On se prend à douter du jugement des Français, sous le coup de l’émotion sans doute, et on s’interroge sur leur capacité (et sur l’opportunité) à juger deux hommes politiques à 40 ans d’intervalle. On croit percevoir les ravages sur le cerveau de la téléréalité et des réseaux sociaux qui nous incitent à réagir dans l’instant.

C’est vrai que de Gaulle n’était pas très tête de veau et bière et qu’il n’allait pas taper dans le dos des électeurs au bistrot du coin et on ne lui connaissait pas de frasques extra conjugales. C’est vrai également qu’il payait les repas de ses invités privés à l’Elysée. Rien de commun avec Chirac, par conséquent ni sur le comportement individuel, ni sur l’action politique qu’il est difficile de mettre en parallèle, les époques étant différentes.

Sur le plan judiciaire, rien à voir non plus. Pas les moindres incriminations de de Gaulle pour abus de confiance, détournements de fonds publics, prise illégale d’intérêts, bref, vraisemblablement un nain politique pour les personnes sondées…

Bref, c’est la nostalgie d’une France rassemblée avec un type sympa qu’on inviterait bien à l’apéro chez soi qui fait office de bilan.

Quel bilan politique ?

Des intentions, mais peu de réalisation sur le plan intérieur et parfois une absence de sens politique comme la dissolution de l’Assemblée Nationale. L’abandon de réformes controversées sur les retraites ou de la rémunération de jeunes salariés et surtout un second mandat vide alors qu’il avait en main toutes les cartes pour fédérer une France républicaine après les 82 % de voix au second tour de la présidentielle. On notera également l’échec du référendum européen de 2005, (qui s’est traduit par un tour de cochon sarkosyste trois ans plus tard) qui donne une image contrastée de sa politique européenne.

A son actif, des décisions ou des engagements qui ne coûtent rien mais qui font du bien comme le refus de l’engagement du pays dans la guerre en Irak ou bien encore le discours de Johannesburg sur « la planète qui brûle et nous regardons ailleurs ».

Alors, le pire des Présidents ?

Non ! Comme son prédécesseur et ses successeurs, il est allé chercher une légitimité difficile à acquérir sur le plan intérieur à cause du néolibéralisme ambiant, en promouvant une politique extérieure susceptible d’entrainer les Français.

Mitterand capitula rapidement contre les « puissances de l’argent » et instaura la rigueur dès 1983 et en politique étrangère fit des gestes forts comme celui vis-à-vis de l’Allemagne. Sur la plan personnel, il s’illustra avec sa double vie qu’il s’efforça de masquer, au prix d’écoutes téléphoniques douteuses.

Avec Sarkozy, on allait voir ce qu’on allait voir. Son activisme pro médef et pro mondialisation annonçait des réformes qui se sont crashées sur la crise financière de 2008 provoquée par ceux-là même qu’il prétendait favoriser. Voilà pourquoi, aujourd’hui, les français ont du mal à entendre le mot « réforme » qui se traduit par régression sociale. Il est peu de dire que le raid en Lybie censé protéger notre civilisation ne fut pas compris par le peuple qui a eu tendance à y voir un règlement de compte personnel avec Kadhafi. Avec Sarkozy, nous eûmes droit à la mise en scène permanente de la vie de couple qui fit le bonheur des gazettes et surtout à une rafale de mises en examen en cours consécutive au financement de la campagne présidentielle.

Que dire de Hollande, sinon qu’il s’aligna rapidement sur les thèses néolibérales après avoir proclamé pendant la campagne électorale que « son ennemi c’était la finance » ? Beau résultat, avec les vingt milliards du CICE aujourd’hui pérennisés  qui font les beaux jours des actionnaires des entreprises du CAC 40 avides de résultats. Pour le reste, le symbole du Président réunificateur a été obtenu lors des attentats de 2015 et les frasques extra conjugales n’impliquèrent pas d’autres dépenses que celles d’un scooter.

Et Macron dans tout cela ? D’abord des symboles, celui d’un jeune président arrivé au sommet au prix de la trahison de son prédécesseur. Ensuite, une volonté inexpugnable de « réformer » assortie de saillies verbales sur ces allocations qui coûtent un pognon de dingue ou bien encore les ponctions sur les retraités modestes ou la prompte récupérations des bienfaits supposés du CICE instauré par Hollande . Bref, un Sarkozy potentiellement puissance dix… sauf si les français, constatant que la réforme des retraites et de l’assurance chômage vont encore se traduire par une régression sociale et une augmentation des dividendes des actionnaires, ne mettent le holà. La mort de Chirac le jour du lancement du grand débat sur les retraites à Rodez peut ressembler à la malédiction du chat noir. S’agissant enfin de la planète, Macron met en œuvre le principe énoncé par Chirac, c’est-à-dire qu’il incite à regarder ailleurs…, vers l’Amazonie, ou bien en demandant aux jeunes d’aller manifester en Pologne au lieu de balayer devant sa porte, bref, la synthèse parfaite du ni de gauche ni de droite accompagnée d’une dérive autoritaire.    

 

En conclusion, CHIRAC aura été le symbole d’une forme d’immobilisme politique, d’une absence de corpus idéologique, mais un type tout de même franchement sympa et légèrement magouilleur…. Pas le cas de ses illustres successeurs cités dans cet article qui sous couvert d’aimer la France et de la regarder dans les yeux se sont empressés de servir la soupe au Médef et autres lobbies financiers et industriels sans que des résultats sur la vie quotidienne des français s’en ressente, au contraire.

Il ne reste qu’à espérer que les Français, éclairés par l’histoire, arrêtent de répondre aux sondages sous le coup de l’émotion en mettant sur un pied d’égalité De Gaulle et Chirac et prennent enfin en mains leurs destinées.   

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28 juillet 2019 7 28 /07 /juillet /2019 11:36

Après le départ de Hulot, la création d’un Conseil de défense écologique, le départ d’un marquis aux petits pieds pourtant blanc comme neige près à se rallier à toutes les causes pour peu que cela lui permette de faire briller sa particule au firmament de la vacuité politique, et enfin la nomination d’une techno qui cumule transports et écologie, essayons de faire un point.

Depuis que Macron a décidé que le bon niveau pour l’écologie, c’était l’Europe c’est peu de dire que la présence d’un Ministre de l’écologie dans le gouvernement n’est pas utile sinon pour signer en catimini des arrêtés favorables à la chasse et autres dérogations à la règle pour des agriculteurs qui construisent des retenues sans autorisations.

Tout se décide donc (ou pas) au Conseil de défense écologique qui est à l’écologie ce qu’est l’IGPN à la police, c’est-à-dire que cela permet de ne plus traiter les questions à chaud mais de les délayer dans le temps en espérant que les victimes oublieront.

Nous sommes dans la gestion du temps politique, donc court, alors, on bricole, on diffère, on analyse, on créé des groupes de travail dans lesquels les défenseurs de l’environnement seront minoritaires, on met en avant le bio en oubliant de verser les aides, ou bien les circuits courts qui n’offrent pas toujours les garanties sanitaires nécessaires, on communique sur la nécessité de fermer le robinet quand on se brosse les dents.

Devant la presse, on s’interroge sur le modèle agricole, les cultures gourmandes en eau, ou les systèmes d’irrigation plus économes, mais sans jamais se donner les moyens de réformer la politique agricole. On pose des questions juste pour dire qu’on est bien au courant des difficultés mais qu’on n’y peut rien, la FNSEA et les Chambres d’agricultures dirigeant de fait la politique agricole du pays.

Cela donne des choses cocasses comme le creusement en toute illégalité d’une retenue d’eau financée par la chambre d’agriculture du Lot et Garonne sans que les autorités ne bronchent ou si peu : tout cela devrait être régularisé a posteriori…

Autre cocasserie, l’assèchement progressif de la Gartempe dans la Creuse a conduit le Maire d’une commune a inciter ses administrés à acheter le l’eau en bouteilles plastiques : elle est pas belle la vie ? Les industriels comme Nestlé  qui pompent sans retenue nos nappes phréatiques (alors que l’eau devrait être un bien commun) et se font des bénéfices importants, vont pouvoir les accroitre sur le dos des consommateurs, sans que l’on se pose la question des responsabilités du manque d’eau. Comble de l’humour noir, il se trouve des habitants concernés se disant prêts à faire un effort, et donc à payer, sans se poser de questions.

Autre bel exemple de la gestion à court terme, mais qui commence à s’éterniser (plus de trente ans tout de même, que le problème existe), les algues vertes qui prolifèrent sur le terreau des rejets et de la pollution agricole. Chaque année, on entend dire que les choses s’améliorent, sauf que cette année, c’est la cata et que même l’usine de traitement de Lantic (22) a dû fermer ses portes devant l’afflux de déchets ramassés sur les plages. A part le décès reconnu imputable aux algues vertes d’un conducteur de camion affecté au ramassage des algues vertes échouées sur les plages, les autres incidents (mort d’un cheval, d’une harde de sangliers) démontrant bien la dangerosité de l’hydrogène sulfuré que dégagent les algues en pourrissant sur les plages sont largement sous-estimés. Ce sont donc des panneaux interdisant l’accès aux plages, l’argent dépensé par les communes et le manque de recettes du tourisme qui font office de réponse définitive aux questions.

L’agriculture, les ressources en eau, les méfaits des pollutions liées aux rejets et traitements des sols, tout cela fait déjà beaucoup, mais il y a une contrainte moins connue concernant l’agriculture : préserver les terres en évitant l’étalement urbain… Les établissements publics fonciers prélèvent une taxe sur les ménages affectée à des aménagements dans le domaine de l’habitat destiné à préserver  (donc, densification urbaine) le terrain de jeu de l’agriculture intensive.

Tout cela serait bien si ce dogme de la préservation n’avait pas d’effets pervers. Comment faire comprendre au pékin moyen que préserver des terres agricoles chargées en nitrates, glyphosates et autre pesticides s’inscrit dans une démarche écologique ? Comment faire comprendre à ce même pékin que cette politique provoque une hausse des coûts de l’immobilier et la raréfaction des biens ? Ce qu’il comprend très bien ce pékin moyen, c’est qu’obligé de se loger en périphérie à 20 bornes de son travail, il devra prendre sa bagnole, en changer souvent s’il veut avoir la bonne vignette crit’air. Au final ça lui coûtera cher, parce que le dogme de la préservation des terres agricoles empêchera la construction de voies dédiées aux transports collectifs qui lui rendraient bien service pourtant… La trottinette et le vélo ne sont pas une réponse à tout.

Autre effet pervers, la rénovation urbaine qui touche désormais toutes les communes situées dans des grosses intercommunalités et qui aboutit à la densification de l’urbanisme et l’accroissement des populations (sans solutions nouvelles de transports collectifs) par la suppression de zones vertes et par conséquent à la création d’ilots de chaleur lors des canicules. Bel exemple d’incompatibilité entre les projets d’urbanisme et la gestion au quotidien des effets du réchauffement et l’absence de réponse en matière de mobilités.

Bon, ne soyons pas complètement pessimistes, le CETA et le Mercosur, vont bientôt mettre de l’ordre dans tout cela puisque la pollution liée à notre modèle d’agriculture intensive sera externalisée dans les pays de ces nouveaux partenaires commerciaux. Le problème sera réglé puisque nous importerons les mêmes produits pollués que nous continuerons de manger et nous en ferons subir les conséquences à des populations lointaines. Cela s’appelle externaliser. Notre pays sera bientôt un éden, pays de référence en matière de culture bio moins gourmande en eau et en espaces. Nous pourrons à nouveau investir dans des voies réservées pour les transports en commun et sur nos routes ne circulerons plus que des véhicules électriques qui seront bientôt les seuls à bénéficier de la prime à la conversion… De nouvelles opportunités s’ouvriront peut être alors pour le transport ferroviaire permettant l’accroissement du fret et la diminution du nombre de camions avec ferroutage obligatoire. Bon, nous sommes loin de tout cela mais c’est peut-être ce schéma qui est en germe chez nos docteurs Folamour gouvernementaux. Pour l’instant, constatons simplement que la nouvelle Ministre de l’écologie est en train de torpiller la ligne du train des fruits et légumes entre Perpignan et Rungis. Le court terme, toujours…

Que faire pour diminuer les gaz à effets de serre liée aux bâtiments ? Dans ce domaine il suffit de décortiquer les dispositifs mis en place pour prévoir un fiasco en ce domaine. La gestion de fait du dispositif a été déléguée au secteur privé. Un véritable harcèlement téléphonique est en œuvre pour vous proposer l’isolation à 1 euro et les méthodes sont loin d’être honnêtes puisque les appelants se font passer pour des autorités administratives (Etat, Région, département, agence,…) pour vous convaincre d’isoler votre maison même si c’est déjà fait et même si vous n’y avez pas droit (plafond de ressources). Ils oublient de vous dire qu’une fois la surface (limitée) prévue isolée, il vous faudra passer à la caisse si vous voulez faire le reste. Grosse arnaque, donc, et tout cela avec l’accord de l’Etat et grâce à l’incompétence du système Bloctel qui ne régule absolument pas ces appels téléphoniques litigieux.

Et si on voulait définitivement se convaincre de l’inefficacité du dispositif, il suffit de constater que Mme Borne, la nouvelle Ministre de l’Ecologie (sic) s’est opposée à un amendement parlementaire au projet de loi Climat Energie, interdisant la mise en location des passoires thermiques à partir de 2023. Il ne faut surtout pas désespérer les bailleurs privés vont donc pouvoir continuer à louer leurs taudis thermiques. Ce sera pour plus tard, après la prochaine échéance électorale… avec une date de mise en œuvre dépassant la fin du prochain mandat pour que les nouveaux venus au pouvoir puissent abroger le texte, ce qui permettra aux tenants actuels du pouvoir de dénoncer « une forfaiture » et «une attaque sans précédent contre la planète »…

Interchangeables, et toujours sous l’influence des lobbies qui leur promettent les pires conséquences en matière d’emplois si des mesures trop contraignantes sont mises en œuvres, nos petits marquis ministériels et leurs godillots parlementaires sont juste là pour parler et dire que demain on rasera gratis et pour se faire réélire et profiter de la cantine, pas pour être efficace.  

C’est le Ministère de la Parole qui s’agite et produit du vent. Pas besoin de crédits affectés à ce Ministère. A défaut de mesures cohérentes, on continuera de taxer en faisant croire que c’est bon pour la planète.

C’est la politique du brumisateur, de la gourde, de la fin du coton-tige et des pailles en plastique, du mousseur de robinet, et de la brosse à dents au manche en bambou. C’est dire si le climat va s’améliorer !

 

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17 mai 2019 5 17 /05 /mai /2019 20:48

Il suffit d’annoncer que l’on va s’abstenir lors du vote pour les européennes, pour aussitôt être voué aux gémonies ou à tout le moins interdit de parole.

L’affirmation « tu ne votes pas, donc tu n’as pas le droit de parler » est relativement fréquente, de même que celle «abstention = vote Macron » ou bien encore « voter c’est plus citoyen que de rester chez soi».

On découvre également des choix pour le RN qui se font en dehors de toute considération programmatique, uniquement, dans le cas d’espèce, pour donner une leçon à Macron. Le vote est donc un vote défouloir et non un vote d’adhésion.

Enfin, il faut parler de l’obsession du vote, avec la sempiternelle affirmation « il y en a qui sont morts pour ça… » ou bien encore, et cela peut être compris, la peur du qu’en dira-t-on dans les petites communes où une forme de contrôle social existe encore et qui se traduira par un vote nul ou blanc noté en bas de colonne.

Revenons sur le vote blanc puisque sa reconnaissance (blanc, c’est exprimé) faisait partie des revendications des gilets jaunes, notamment, et qui a été balayé d’un revers de main par M. Macron pas pressé de reconnaître que les élections se gagnent aujourd’hui avec une majorité de 20 % des inscrits ou moins, selon les cas. Donc, voter blanc, c’est comme pisser dans un violon dans la mesure où les commentateurs diront qu’untel ou un autre a gagné les élections avec 51 % des suffrages exprimés.

Enfin, on me dit qu’avec 34 listes, j’ai le choix… Entendons-nous, les élections européennes sont l’occasion pour des petits partis ou rassemblements divers et variés d’obtenir une visibilité télévisuelle étant entendu qu’on ne verra jamais leurs affiches sur les panneaux électoraux et qu’on ne trouvera pas de bulletin de vote à leur nom le jour du scrutin.

C’est aussi l’occasion de constater que « la gauche », ou supposée telle est tellement éparpillée façon puzzle qu’on est en droit de prédire la fin du PS après quelques tentatives d’acharnement thérapeutique. La juste conclusion des « directives » de Terra Nova qui avait conseillé à ce parti d’abandonner les classes populaires, pour s’intéresser aux classes moyennes. Résultat, les classes populaires défilent avec les gilets jaunes ou ont rejoint le RN et les classes moyennes sont chez Macron, pour l’instant (tout dépend de la définition de « classes moyennes »). 

Vous aurez remarqué, qu’à ce stade du débat, on ne parle pas ou très peu d’Europe et de programmes. Tout a été fait pour polariser le débat entre Macron et Le Pen (qui au passage ne sont pas candidats).

Alors, bien sûr, on a vu revenir des deux côtés le débat habituel sur l’immigration et l’affirmation d’un combat entre « populistes et progressistes » sans qu’on nous donne une définition précise de cette expression et des conséquences de l’élection majoritaire des uns ou des autres à Bruxelles. Nous avons eu droit également à une petite dose de laïcité et d’une dose plus significative de « défense européenne » sans qu’on nous explique qui était notre ennemi.

Etrangement,  mais ce n’est pas un hasard, on parle très peu de l’Europe sociale (sauf pour un pseudo Smic européen) ou de fiscalité, ni de la présence au sein de l’Europe de paradis fiscaux comme l’Irlande, le Luxembourg ou Malte… qui faussent la fameuse libre concurrence et la libre circulation et favorisent l’optimisation fiscale. On ne parle pas non plus des travailleurs détachés (près de 520 000 en France) qui concurrencent directement les travailleurs français et participent au déséquilibre de notre système de protection sociale aussi sûrement que les primes et heures supplémentaires « désocialisées » et/ou « défiscalisées ».

On ne parle pas non plus de la fameuse règle de l’unanimité nécessaire à l’adoption d’une politique commune, ce qui explique, par exemple, que les promesses sur la biodiversité et l’écologie ou la renégociation des traités n’engagent que ceux qui les écoutent.

Enfin, pas d’analyse critique sur les conséquences de l’élargissement passé de l’Europe aux pays de l’Est en matière de délocalisation d’activités industrielles ni sur le caractère concurrentiel en matière d’emplois.

Cerise sur le gâteau, la pantalonnade du Brexit et les délais successifs accordés pour des raisons pas toujours très claires : à côté d’un Macron, figure un peu forcée de l’intransigeance, Merkel, qui ne souhaite pas plus que cela la sortie de la Grande Bretagne pour des raisons économiques qui lui sont propres, nous donne une image très individualiste de cette Europe qui devient un peu du chacun pour soi.

Alors, on nous parle des « apports » de l’Europe, à savoir qu’elle garantit la paix du continent, qu’elle facilite la libre circulation des personnes, que le rapprochement des normes facilite l’intégration commerciale que la politique redistributive favorise les territoires les moins développés et que l’Europe repose sur un ensemble de valeurs qui sont celle de la démocratie et de l’état de droit.

Sauf que tout cela semble aujourd’hui un peu usé et très partiel surtout depuis que la finance, la mondialisation, l’optimisation fiscale et l’accès au marché européen par des pays qui se contrefichent de nos normes juridiques et de notre engouement pour nos « valeurs » et qui les battent en brèche un peu plus chaque jour se sont mis en tête que l’idéalisme n’était pas une valeur cotée en bourse.

Alors voyez-vous, je ne vois aucune perspective de changement dans le débat imbécile et stérile qui cherche à nous endormir et nous faire oublier les véritables enjeux. Je m’abstiendrai le 26 mai prochain parce que les résultats, quels qu’ils soient, n’ont aucune chance de déboucher sur une transformation de l’Europe.

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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 16:24

C’est l’expression largement utilisée lorsqu’on veut expliquer les modalités d’intervention des forces de l’ordre. Légitime, veut lire légale, c’est-à-dire qui trouve sa source dans la loi votée par le parlement. Bien sûr, il y aurait beaucoup à redire tant certaines images d’interventions des forces de l’ordre qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux donnent une image très particulière de cette légitimité.

Le sentiment qui prévaut aujourd’hui, c’est que la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre c’est, quelle que soit la manière, empêcher non seulement des casseurs d’opérer, ce qui est logique, mais de développer un mode violent, dans lequel le discernement n’est plus de mise, et dont la finalité est de dissuader les manifestants de manifester avec comme dommage collatéral la radicalisation de certains manifestants.

Il est clair que les forces de l’ordre dont certaines composantes ou individus ne font pas dans la dentelle, ont perdu aujourd’hui la popularité qu’elles avaient pu avoir lors des attentats de 2005 et on n’entend plus guère la chanson de Renaud : « J’ai embrassé un flic ».

Pourquoi en sommes-nous arrivés à ce stade ? Comme l’indique Alain Bauer, Professeur de criminologie : « Tout gouvernement, confronté à un mouvement social essaye le pourrissement, puis la violence ».

S’agissant du pourrissement on a vu les choses à l’œuvre lors du début du mouvement des gilets jaunes à l’automne dernier. Ne rien voir, ne rien dire (sauf une communication gouvernementale destinée à discréditer le mouvement), et ne rien entendre : le secret du bonheur ! Sauf que la particularité de ce mouvement fait que ça n’a pas marché et que Macron a dû lâcher du lest le 10 décembre.

Depuis, nous sommes revenus au pourrissement avec le grand débat avec, point d’orgue, quelques annonces sorties de nulle part sur les retraites et le temps de travail et le rejet ou le report d’autres mesures, techniques éprouvées des gouvernants pour refiler la patate chaude aux successeurs.

Avec ce retour du pourrissement, mal accueilli, est venu le temps de la répression des manifestants sans distinction avec l’alibi des Black Bloc, avec dommages collatéraux évidents. C’est ce qui s’est passé mercredi. Cette stratégie s’est accompagnée de la manipulation de l’information, avec la complaisance des chaînes d’info en continu au sujet de l’intrusion à l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière.

Tout le monde s’accorde à dire que ces « casseurs » ceux « qui s’attaquent aux services publics » comme l’ont si bien dit le Premier Ministre et celui de l’Intérieur n’étaient que des manifestants pris dans une « nasse » policière et qui effarés par la violence de la répression n’ont fait que chercher une échappatoire.

Les propos tenus par ces responsables politiques laissent pantois, surtout en l’absence de conclusions d’une enquête, ce qui dénote la volonté évidente de manipulation de l’information.

Donc, pourrissement permanent, manipulation de l’info et violence croissante de la répression avec dérives individuelles des membres des forces de l’ordre qui ont oublié leurs cours de déontologie.

Pourquoi ne sort-on pas de ce conflit ? Parce que ses sources échappent au cadre habituel. Il ne s’agit pas d’un conflit catégoriel comme une grève dans les hôpitaux dont les effets sont neutres pour le service public. Pas non plus une grève dans le secteur public dont on sait que la force diminue avec le temps et les retenues sur salaires, ni la démonstration de force de salariés d’entreprises lâchés par leurs actionnaires qui trouvent leur bonheur dans des contrées moins fermes sur le droit du travail et des salaires et qu‘on calmera avec un « Plan de sauvegarde de l’emploi ».

Le mouvement syndical totalement discrédité aujourd’hui dont l’objet principal est de sauver les meubles de sa petite entreprise est inaudible soit parce qu’il reste droit dans ses bottes avec la lutte des classes, en appelle à la révolution pour d’autres ou recherche désespérément jouer un rôle que Macron ne veut pas leur donner.

Le mouvement qui émerge et qui accepte de copiner avec les plus extrémistes à cela de singulier qu’il ne rentre pas dans le schéma du discours politique actuel. Les pansements du 10 décembre sortent du cadre traditionnel d’un gouvernement de droite qui ne voit que par l’entreprise pour résoudre une crise qui s’éternise.

Il est en effet paradoxal que les mesures adoptées visent à augmenter le pouvoir d’achat des actifs par le versement de primes à l’emploi, le dégrèvement des cotisations sociales ou la défiscalisation des heures supplémentaires ou primes annuelles, creusant ainsi sans barguigner le déficit de l’Etat. Les bénéficiaires de ces « largesses » ont tort de se réjouir. Cela se paiera avec la baisse des retraites et de la protection sociale. C’est une bombe à retardement.

Le mouvement actuel n’est pas celui des fainéants, des faux chômeurs ou des vieux qui crachent jaune, c’est celui des actifs, qu’ils soient salariés, commerçants, artisans ou agriculteurs qui n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois parce que les dépenses contraintes augmentent régulièrement et que l’endettement fait des ravages.

Ils font mine de ne rien comprendre. Ou plutôt, ils comprennent très bien mais ne veulent pas déplaire à leurs commanditaires comme le Medef gavé au CICE ou bien les multinationales et les bonnes âmes de Davos qui font la loi, celle du libre-échange, de la libre circulation des capitaux et des travailleurs qui viennent concurrencer les autres, et de l’évasion fiscale.

Ils refusent d’entendre que le modèle imposé par ces bonnes âmes qui n’hésitent pas à balancer des dizaines de millions dans la corbeille à la quête pour la reconstruction de Notre Dame est considéré comme un crachat à la figure de ceux qui travaillent et de ceux qui voudraient bien travailler si les actionnaires n’étaient pas si rapaces, de ceux qui veulent vivre dignement tout simplement, tout au long du mois.

Il faut donc protéger l’ordre établi, celui de la doxa néolibérale, des bienfaits de la mondialisation avec cette Europe qui devrait protéger et qui se comporte comme le petit commissionnaire de cette nébuleuse qui dirige le monde.

Pour protéger l’ordre établi, il ne faut pas rechigner à abonder les budgets du maintien de l’ordre et de l’armée, même si cela porte préjudice aux budgets sociaux ou à celui de la justice. Pour la culture, on sait déjà qu’il existe des mécènes…

Voilà, c’est nouveau, ça vient de sortir. Le conflit social actuel sorte du cadre traditionnel et s’intéresse à la reprise en mains de la gouvernance par les citoyens. Il est parti pour durer. Les politiques aux ordres sont comme des lapins pris dans les phares d’une voiture.

C’est dire si le pourrissement et la violence « légitime » ont de beaux jours devant eux.

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28 avril 2019 7 28 /04 /avril /2019 08:55

Décentralisation, Macron, canton…

Victoire ! La solution aux problèmes d’éloignement et des carences en matière de mobilité est trouvée : un guichet « France services » dans chaque canton.

Dans mon département, il y aurait donc 27 guichets estampillés « France Services » dont 6 dans la ville centre de 200 000 habitants… Cherchez l’erreur !

Et encore, on a de la chance, car depuis la réforme du mode d’élection des conseillers territoriaux (Un homme et une femme dans chaque canton), c’est le double de guichets qui aurait dû être mis en place.

Au fait, c’est quoi un canton ? Avant la dernière réforme, le canton, constitué au moment de la révolution, était une circonscription administrative qui avait du sens dans la mesure où la mobilité des citoyens et les échanges entre cantons et avec le chef-lieu de département étaient limités. On y trouvait les services publics de proximité. Peu à peu, l’Etat a fermé ces services…

En 2013, ces cantons ont été redécoupés, d’une part pour satisfaire les questions de parité, et d’autre part afin de rééquilibrer le nombre d’électeurs en fonction de l’évolution de la démographie. Le tripatouillage électoral a bien évidemment eu sa place dans le redécoupage et aujourd’hui le canton idéalisé n’est plus qu’un lointain souvenir.

Question subsidiaire : connaissez-vous les noms des deux conseillers départementaux qui représentent votre canton, les rencontrez-vous souvent et avez-vous une idée des compétences du Conseil Départemental ? Savez-vous que les dépenses contraintes « déléguées par l’Etat », le social et les collèges en particulier, représentent plus de 70 % des budgets départementaux et que les marges de manœuvre des élus représentent des queues de cerise ?

Ajoutons que les cantons dans les grandes villes avec des découpages savants entre quartiers et périphérie ne ressemblent à rien sinon à occuper des conseillers municipaux qui cumulent avec un mandat au Conseil Départemental, voire à l’intercommunalité ou la Métropole. Nous ne sommes pas loin du conflit d’intérêt.

Le Conseil Départemental est une collectivité en soins palliatifs, avec son mode d’élection par « canton » de conseillers départementaux dont les compétences se rétrécissent comme peau de chagrin après chaque réforme.

Cette collectivité « nourrit » cependant un peu plus de 4000 élus en France (et un nombre conséquent de personnels politiques indispensables bien sûr). Ses compétences (avec les personnels qui les exercent) pourraient être réparties dans d’autres collectivités sans que le citoyen lambda s’en aperçoive.   

Alors pourquoi avoir pris comme territoire le canton pour répondre aux besoins de services publics ? Cette proposition est inepte en milieu urbain et demande à être validée en milieu rural.

Autant dire que tout cela ressemble fort à une lubie d’énarque, griffonnée sur un coin de table, un peu comme le redécoupage des régions sous Hollande, ce qui signifie que cela nous coûtera plus cher au final.

On est dans le normatif propre aux énarques qui ne sont jamais allés sur le terrain, qui n’ont jamais brigué les suffrages des électeurs au Conseil Départemental

Comment faire pour répondre au besoin de proximité qui émane du terrain ?

D’abord rationnaliser  le mille-feuille territorial par la suppression du Conseil départemental qui est de trop.

S’appuyer ensuite sur les expériences menées par les communes et les intercommunalités en matière de guichets uniques et sur la territorialisation de services des Conseils Départementaux qui existe dans certains départements avec parfois des camping-car qui se déplacent dans les communes pour aller au plus près du citoyen.

Intégrer dans la réflexion les agences des opérateurs de l’Etat (CAF, CPAM, Pôle emploi, par exemple) et en incluant bien évidemment les missions de l’Etat effectuées actuellement dans les Préfectures et sous-Préfectures. La question de l’utilité des Sous-Préfectures sera alors posée.

Associer à la réflexion le monde associatif. Je pense en particulier aux associations qui mettent déjà à disposition de centres sociaux des écrivains publics ou à celles qui accompagnent les demandeurs d’emploi pour les aider dans leurs démarches (CV, lettres de motivation, entrainements aux entretiens d’embauche,…).

Les Missions locales, les CCI ou les Chambres de Métiers peuvent également trouver leur place dans ce dispositif.

La Région, décriée depuis le redécoupage Hollande a toute sa place également, non seulement pour ses compétences en matière de transports (scolaires ou interurbains), de formation professionnelle ou de lycées (et pourquoi pas de collèges), mais aussi parce qu’elle se veut le relais des Pays, espaces de solidarité qui maillent les Départements et aussi qu’elle a sur ce dossier une formidable opportunité. Ce serait l’occasion pour elle, comme chef de file, de coordonner ce projet en appliquant la différenciation entre territoires, notamment en travaillant sur les déséquilibres entre les Métropoles, le périurbain et le milieu rural sur un espace pertinent.

 

Tout au long du processus, il faudra entendre les demandes qui émanent de la population et faire ensuite des choix en matière d’implantation territoriale, étant entendu que le choix du canton est une ânerie monumentale.

 

Cela suppose enfin que les collectivités et l’Etat jouent le jeu en mettant leur égo et leurs différences politiques de côté et que les personnels des collectivités territoriales, ceux de l’Etat, de ses opérateurs et ceux des chambres consulaires s’impliquent pleinement sur la construction d’un modèle efficace répondant aux souhaits de la population.

 

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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 18:06

Grâce à Dieu, comme aurait pu le dire un cardinal confronté à la justice des hommes, il n’y a pas eu de mort, et pourtant, l’impression qui se dégage, au-delà des fumées de l’incendie de Notre Dame de Paris, c’est une forme d’indécence, d’enflure dans les propos et surtout l’illumination divine de l’existence d’un patrimoine que l’Etat laisse pourrir lentement parce que la suppression de l’ISF est plus urgente que l’entretien de nos vielles pierres et qui ne mérite qu’un petit loto du patrimoine.

Une impression également que toute vie doit cesser, que les urgences sociales n’en sont plus, que tout d’un coup on redécouvre le courage et l’abnégation des sapeurs-pompiers, qu’ils soient de Paris ou de province, qui veillent chaque jour sur nous, en mettant en scène une cérémonie à l’Elysée. Et pourtant ce sont les mêmes qui s’étaient illustrés il y a quelques semaines seulement dans l’incendie d’un immeuble dans le 16ème arrondissement qui avait fait dix morts, celui-là.

J’ai tendance à penser que les déboires matériels ne sont rien à côté de la perte d’une vie mais on vient de m’asséner le contraire. La dimension religieuse n’y est pas pour rien, le contexte social et politique non plus, pas plus que la proximité des élections européennes qui nécessite de se rassembler autour d’un homme et de son projet, aussi contestés soient-il, et qui, tout en nuances, nous appelle à la grande réconciliation autour de sa personne et se créé sur les décombres, un destin national.

J’aime bien les églises, pas par conviction, mais parce qu’elles recèlent toute la créativité de l’homme, sa ferveur, l’idée que l’on peut se réunir autour d’une vision commune, fut-elle aujourd’hui contestée par des dérives cléricales. J’aime bien les églises aussi par ce qu’elles sont un des derniers lieux où règne le silence, le calme que j’apprécie et, chose non négligeable, la fraîcheur en été. Autant dire que, même si je les visite, j’apprécie moyennement les églises à touristes et je m’interroge toujours sur les motivations de « pèlerins » qui font des selfies sur les parvis et sur la concentration de marchands du temple dans les rue adjacentes. Je préfère de loin les petites chapelles bretonnes perdues dans la nature, aux trésors artistiques inestimables, et dont je tairai le nom et le lieu, de peur qu’elles ne deviennent le lieu de pèlerinages consuméristes.

Derrière l’incendie de Notre Dame, c’est non seulement un questionnement sur les réactions des uns et des autres, c’est aussi la révélation de la médiocrité de notre société dans son ensemble. Passons sur les politiques qui semblent condamnés à errer comme des âmes en peine devant les caméras de télévision et intéressons-nous à ce que sinistre évènement provoque. Cela va de l’augmentation des ventes des boules avec Notre Dame sous la neige et autres colifichets inutiles à celle des ventes des « Misérables » de Victor Hugo, ce qui relève un peu le niveau. Côté Judas, on remarquera la mise en place d’arnaques aux dons pour la reconstruction. L’église, dans son ensemble, est restée digne et sobre, comme il convenait, mais doit se méfier des récupérations politiques et autres et éviter d’apparaître trop sur les podiums, d’autant que le financement de la reconstruction semble aujourd’hui assuré. Soyons rassurés sur les impacts en matière de tourisme et de balance commerciale : il existe aussi un tourisme des catastrophes, et la Ville de Paris recèle bien d’autres trésors à montrer qu’ils soient religieux ou laïcs.

La médiocrité s’affiche aussi à tout moment dans les médias. Ce sont des démentis nécessaires concernant un éventuel pyromane déambulant sur les structures, révélateur des ravages des réseaux sociaux sur le comportement de nos contemporains. Ces sont aussi les débats sur la nature et les techniques de reconstruction au cours desquels on interroge complaisamment des « experts » ou des architectes qui nous pondent une bouse sur une feuille de papier en deux minutes chrono, lesquels experts ou architectes seront remisé au purgatoire des vaniteux. C’est aussi la prise en mains des choses au « plus haut niveau » et la nomination d’un représentant spécial du Président, Général de son état, dont la vocation première, à moins qu’il n’appartienne à l’arme du génie, n’est pas de construire, et dont les rapports avec les architectes en chef des monuments historiques pourraient s’avérer problématiques. La somme des égos n’est pas annonciatrice d’une entente cordiale.

Enfin, médiocrité suprême, nos richissimes donateurs qui trouvent anormal qu’on les critique pour leur geste « désintéressé » qui se chiffrent en dizaines voire centaines de millions, ce qui est normal pour eux, totalement déconnectés du peuple mais qui ressemble fort à une provocation pour ce peuple dont l’unité de valeur est la baguette de pain ou le litre d’essence. Désintéressé ce geste ? Pas complètement, même sans la défiscalisation dont ces mécènes profitent déjà largement. Il permet également de lancer un message aux politiques : si vous rétablissez l’ISF il est certain qu’on ne donnera plus… ce qu’ils ont déjà commencé à faire aux travers des dons déductibles sur cet impôt dont on sait déjà que sa suppression n’a profité que très peu à l’économie.

Alors voilà, plus que de médiocrité, c’est d’indécence qu’il convient de parler à propos de ces artistes de la finance, des affaires et de l’évasion fiscale : nous voulons bien faire l’aumône à cet état impécunieux, à condition qu’il continue bien à préserver nos intérêts et nous voulons pouvoir cibler nos bonnes œuvres. Pas question que notre argent aille à la piétaille et aux hôpitaux. Peut-être qu’un jour, à la sortie de la messe, nous jetterons une pièce à un misérable, juste pour nous donner bonne conscience.

Et puisque nous parlons affaires, il serait sans doute juste que ces généreux donateurs soient consultés sur la nature du projet de reconstruction : pourquoi pas une galerie à la gloire de leurs entreprises dans les combles de la cathédrale avec versement d’une partie de bénéfices des entrées au diocèse ou plus modestement tout de même une plaque en marbre avec les noms gravés à l’or fin à l’entrée de la basilique, ce ne serait que justice, non ?

Les évènements marquants ou les épreuves que nous traversons provoquent différentes sortes d’émotion, de la plus pure à la plus feinte ou à la plus calculée. Ils sont révélateurs de grandeur ou de bassesse. Ainsi vont les choses…

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4 avril 2019 4 04 /04 /avril /2019 21:35

C’est du moins ce que souhaite Macron, et avec lui tout le gotha du monde économique et financier ainsi que nos élites autoproclamées, chantres de la mondialisation, qui savent si bien gérer le pays. Y arrivera-t-il ? Rien de moins sûr, sauf à renverser la table, ce qui serait surprenant.

Alors, on prend les mêmes et on recommence ?

Après avoir snobé et méprisé le petit peuple pendant le début de son quinquennat et ignoré les institutions sauf l’Assemblée Nationale avec ses godillots en marche, Macron a entrepris une calinothérapie avec les Maires au cours de réunions marathon et reçu en son palais quelques associations d’élus.

Par contre, les autres corps intermédiaires, comme on dit, ont été superbement ignorés, en particulier les syndicats représentatifs des salariés, étant entendu que les syndicats patronaux et autres lobbies bancaires ont vraisemblablement été reçus discrètement et nuitamment à l’Elysée.

Mis à part cette dernière catégorie au-dessus de tout qui ne semble que moyennement concernée à partir du moment où elle sera libre de faire ce qu’elle veut et continuer à toucher les milliards du CICE sans contreparties, ce sont donc les élus locaux qui ont été désignés pour monter au front et calmer le petit peuple autrement qu’avec des flash Ball.

Peut-on faire confiance uniquement aux élus ?

La réponse est dans la question : aucun élu, qu’il soit local ou national n’a vu venir la crise des gilets jaunes, et pourtant, ils sont 540 000 dans notre pays.

Mention spéciale pour le Sénat qui « représente les territoires » comme on dit dans la constitution, dont on pourrait penser que l’absentéisme chronique qui règne sur les bancs de cette docte assemblée serait le signe d’une activité de terrain intense, sauf que les inaugurations de ronds-points et les banquets d’anciens combattants ne donnent qu’une image furtive de la vie réelle dans les territoires.

Mention spéciale également pour les nouveaux élus LREM de l’Assemblée Nationale qui pour certains ont découvert à l’occasion du « grand débat » la rudesse du terrain, occupés qu’ils étaient auparavant à voter comme un seul homme les textes gouvernementaux, dont les amendements favorables aux pesticides.

Et les élus locaux dans tout ça ?

Le « bloc communal » comme on dit, composé des communes et des intercommunalités, s’évertue à faire vivre son territoire, à le rendre attractif en créant des zones artisanales (et les ronds-points qui vont avec) ou des supermarchés en périphérie des villes moyennes, vidant ainsi les centres villes de ses emplois commerciaux. Le bloc communal c’est aussi la solidarité de proximité avec des nuances selon les majorités à la manœuvre et l’entente qui règne, ou pas, entre les exécutifs des communes et des intercommunalités. Pour autant, souvent le nez dans le guidon, le travail de ces élus de proximité est salué par beaucoup de monde malgré les baisses de dotations de l’Etat qui ont précipité le malaise social.

Pour les Conseils départementaux, la question de leur utilité est posée dans la mesure où ils sont désormais quasi uniquement des prestataires pour le compte de l’Etat, s’agissant des politiques sociales qui pourraient très bien être gérées par les CAF, ce qui supprimerait un niveau du mille-feuille territorial et un peu plus de 4000 élus.

La question de la suppression du Conseil départemental est d’autant plus envisageable lorsqu’il cohabite avec une ville centre et sa métropole. Le mélange des genres avec le cumul des mandats entre conseil départemental et conseil de métropole ou conseil municipal de la ville centre pose par ailleurs des questions en matière de déontologie politique (!).

La Région, de par ses compétences, notamment en matière économique, en aménagement du territoire (avec ses liens avec les intercommunalités et les pays) et en transports est désormais un élément clé des politiques locales, sauf que la dernière réforme des régions avec ses découpages imbéciles la rend désormais moins lisible. Les surcoûts entraînés par ces regroupements font par ailleurs beaucoup réagir les contribuables locaux.

Un des éléments militant en faveur des Régions, outre leurs compétences étendues, vient du fait qu’elles sont aidées dans leurs réflexions par les CESER (Conseil Economique Social et Environnemental Régional).

Alors, cette sortie de crise ?

Comme indiqué plus haut, Macron a choisi de mettre en lumière les élus locaux pensant qu’ils seraient à même de canaliser les mécontentements alors qu’ils n’ont rien vu venir de la crise.

La réponse, si elle se limite à la construction de ce pare feu, risque d’être un peu courte et il en faudra plus pour que les gilets jaunes affichés ou en soutien rentrent tranquillement chez eux. Les réponses fiscales devront être à la hauteur ainsi que les réponses institutionnelles. Il faudra notamment expliquer comment la suppression de la taxe d’habitation, de la redevance télé et éventuellement la modification du barème de l’impôt sur le revenu seront compensées dans les budgets des collectivités locales et de l’Etat, sans oublier la fameuse taxe carbone…

Sur le plan institutionnel, il faudra faire des choix qui déplairont sans doute aux élus, dans la mesure où on ne peut plus se payer le luxe d’avoir 540 000 élus soit 1 pour 122 habitants.

Comme indiqué plus haut, la disparition des Conseils Départementaux me semble évidente (avec transferts des compétences aux autres collectivités), sans transferts des élus. Il faudra donc prévoir une représentation citoyenne des départements dans les CESER en diminuant la représentation des organisations syndicales et patronales.

Enfin, des nouvelles formes d’intervention administrative au sein de Maisons départementales (plusieurs par départements) viendront renforcer l’accès aux services pour les citoyens et les élus locaux sur toutes les compétences des collectivités locales et celles de l’Etat dans les Départements.

Passer de la démocratie représentative à une démocratie participative intégrant les citoyens aux décisions et en leur permettant l’accès à des services publics locaux de proximité et de qualité, tel devrait être l’enjeu de ces réformes institutionnelles au sein des Régions.

Sans parler des réformes nécessaires au sein de l’Etat…

Macron sera-t-il à la hauteur de l’enjeu ?

 

 

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 16:12

C’est la petite musique que l’on entend actuellement tant de la part des commentateurs que du gouvernement dans le cadre de la sortie du grand débat.

Plus de décentralisation ? Fort bien, mais pourquoi faire ?

Petit rappel

On a commencé à entendre parler de décentralisation dans les années 80, lorsque Mitterrand et Deferre avaient transféré aux collectivités locales, toute une série de compétences que l’Etat exerçait (mal) jusqu’alors.

Routes, collèges, lycées, transports, action sociale, ports,… furent alors transférées notamment aux Départements et Régions, qui, affranchis de la tutelle préfectorale, purent mettre en œuvre leur savoir-faire pour se lancer dans la réhabilitation des bâtiments scolaires, le réseau routier (avec les ronds-points…), adopter des règles pour les transports scolaires et interurbains ou bien encore adapter l’action sociale au terrain.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes d’autant que l’Etat avait transféré les crédits nécessaires et ne lésinait pas sur les indexations annuelles. La croissance économique encore significative, donnait aux collectivités des marges de manœuvre supplémentaires en fiscalité locale.

Quand la bise fut venue, c’est-à-dire la crise, l’Etat fort généreux jusqu’alors, commença à serrer la vis financière des dotations aux collectivités. Pour autant, n’étaient-ce les critiques sur le principe même de décentralisation qui mettait fin à l’égalité des citoyens en fonction de la richesse de leurs territoires, notamment en matière de social, cette première phase a pu être considérée comme un succès en rendant les centres de décision plus proches des citoyens, ce qui est actuellement la problématique posée par les citoyens lors du grand débat, ce qui signifie que la machine s’est grippée au fil du temps.

La seconde vague de décentralisation, dite « Raffarin » a surtout consisté à refiler aux départements et aux Régions la gestion de personnels de l’Etat (personnels TOS des collèges et lycées et personnels d’entretien du réseau routier). Aucune plus-value dans cette nouvelle vague, simplement un transfert de charges et un surcoût nécessité par des remises à niveau.

Derrière la décentralisation, il y a des élus

Un peu plus de 4000 conseillers départementaux et un peu plus de 2000 conseillers régionaux ont pris en mains ces nouvelles compétences et se sont également saisis de la « clause de compétence générale » qui permet d’intervenir au-delà des compétences dévolues pour favoriser l’économie locale par exemple ou bien encore construire des ouvrages de prestige (hôtels départementaux ou régionaux), financer des campus privés, verser des subventions à des associations diverses et variées… le tout étant destiné à faire rayonner le prestige d’un territoire et de ses élus en favorisant leur réélection.

Les frais de structure de ces collectivités ont bien évidemment explosé : frais de communication avec ses personnels dédiés chantant la gloire des élus, personnels de cabinets, de groupe, contractuels de haute volée payés cher) et autres réceptions ou voyages d’études, travaux hors compétences obligatoires ainsi que frais d’études et expertises privées divers et variés, ont « distrait » une part non négligeable du budget qui aurait dû être affecté aux compétences obligatoires, et au final augmentation de la fiscalité locale.

Un peu d’ordre a été mis dans tout cela par la suppression récente de la clause de compétence générale des départements ce qui fait désormais de cette collectivité une structure « croupion », qui gère principalement, pour le compte de l’Etat les aides sociales, les personnels TOS des collèges et les personnels techniques des routes.

Si on veut diminuer le mille-feuille, on sait donc quelle branche couper.

Décentralisation, piège à c..s ?

Le projet actuel du gouvernement découle des souhaits exprimés au cours du grand débat, d’avoir plus de proximité, ce qui pour Macron se traduit par « favoriser les synergies, supprimer les doublons et accélérer les démarches pour les élus, les entreprises et les citoyens ». C’est beau comme du Verlaine, surtout de la part d’un Président qui n’a découvert que tout récemment, au cours de son marathon, l’existence des élus locaux qu’il avait snobés jusque-là.

Par ailleurs, le projet prévoit le retour du « Conseiller territorial », cher à Sarkozy, à la fois conseiller départemental et conseiller régional, avec une nuance toutefois : 3500 conseillers territoriaux succéderaient aux 6000 conseillers départementaux actuels, d’où une économie non négligeable. Sur le papier seulement, car, on l’a vu lors de la réforme Hollande, le redécoupage des Régions a généré des surcoûts de fonctionnent (déplacements, locaux, hébergements, frais de personnel,…).

Alors à part les modifications de structures, quelles nouvelles compétences seraient transférées aux collectivités locales ?

Selon Darmanin, incité par Macron (le Canard Enchaîné du 13 mars), « Si on va vers une nouvelle étape de la décentralisation, il faut y aller franchement, transférer les compétences et les financements qui vont avec. Si les collectivités veulent construire plus d’infrastructures, il faut qu’elles l’assument et qu’elles puissent lever un impôt pour les financer ».

Sauf que, la construction de nouvelles infrastructures a quand même du plomb dans l’aile depuis que des dangereux manifestants soucieux de la planète, s’y opposent…

Sauf que les nouvelles infrastructures créées sont parfois gérées par des « partenaires privés » dans le cadre de délégations de service public ou de concessions et que les coûts sont répercutés sur l’usager…

Sauf que, depuis quelques années, l’Etat diminue les dotations versées aux collectivités locales…

Sauf que, au final, ce sont les contribuables qui payent tout ça, ce qui n’est pas franchement une demande des gilets jaunes…

Alors, maîtriser l’impôt national et augmenter l’impôt local ressemble fort à une arnaque.

Au-delà du cosmétique, quelles nouvelles compétences transférer aux collectivités ?

On trouvera bien quelques élus en manque de reconnaissance accepter les bras ouverts les propositions gouvernementales. Ce sont les mêmes qui, deux ou trois ans après, viendront hurler devant les caméras qu’ils ont été grugés et qu’ils demandent à l’Etat une rallonge financière, qu’ils n’obtiendront pas. Un simple jeu de rôle, ultra dépassé…

On a donc le choix avec tout ce qui n’est pas régalien (police, justice, armée, en particulier), c’est-à-dire qu’à priori tout le reste serait susceptible d’être transféré en tout ou partie aux collectivités : enseignement, travail et emploi, concurrence et consommation, agriculture, environnement,… bref, un transfert explosif de tous les emmerdements au niveau local avec des élus en tenue de campagne pour expliquer qu’il faut augmenter les impôts pour remettre à niveau les services transférés.

L’entourloupe n’est pas loin…

Macron, débarrassé de tout ce qui l’irrite actuellement dans la gestion du quotidien, pourrait se consacrer à son œuvre européenne, se faire le chantre de la paix au Sahel, continuer de brader notre outil industriel et donner des leçons aux autres pays en matière d’environnement et à certains autres (pas tous) des leçons en matière de démocratie et de droits de l’homme.

Et bien non, il faut refuser ce schéma, et si les petites astuces autour du conseiller territorial peuvent avoir un certain crédit (à condition que l’on diminue le nombre de conseillers et que l’on supprime les coûts de fonctionnement des conseils départementaux), la proximité n’est pas et ne sera jamais la solution, dès lors que l’Etat se désengage des territoires en fermant des services publics de proximité.

Alors, oui pour le conseiller territorial gérant à la fois les affaires départementales et régionales, sauf pour l’ensemble du volet « action sociale » qui, comme chacun sait, coûte un « pognon de dingue » et qui devrait être recentralisé à l’Etat. Au moins, Macron, prendrait ses responsabilités auprès des bénéficiaires et ne les ferait plus assumer par des élus locaux démunis ou bien soucieux de trouver des « contreparties au versement des aides sociales ». Il faut mettre fin à cette course à l’échalote entre élus locaux, qui en fonction de leur étiquette, s’amusent à stigmatiser les bénéficiaires de minimas sociaux.

Cette recentralisation du social à l’Etat (via les CAF) aurait également le mérite de l’égalité de traitement sur tout le territoire.

Pour le reste, il faut que l’Etat arrête de fermer des services publics de proximité et mette en commun des moyens avec les collectivités locales au sein de « Maisons départementales » destinées à favoriser les démarches des élus locaux, des entreprises et des citoyens.

Il faut également une assemblée citoyenne par département destinée à suivre ces évolutions et proposer des schémas d’organisation, des renforcements ou des correctifs.

 

En conclusion, une nouvelle vague de décentralisation n’est surtout pas la solution et l’arnaque se profile. Il faut sortir des vieux schémas, ce qui n’est pas donné aux énarques ou aux futurs énarques, dont les examinateurs au concours d’entrée nous disent « qu’ils sont timorés et frileux dans leurs réponses, ce qui empêche une réflexion personnelle du sujet, et dont l’originalité est une denrée rare ».

Mieux vaut faire sans…  

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4 mars 2019 1 04 /03 /mars /2019 18:19

Cette proposition fait partie du grand débat à un moment où cette institution, qui assure en principe la représentation des collectivités territoriales, cherche surtout à se valoriser au travers de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. Qu’en est-il exactement ?

Une hirondelle ne fait pas le printemps.

Certes, on peut noter avec intérêt que la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla soit allée au bout de ses investigations, là où la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale a été brillamment torpillée par la Présidente de la commission des lois LREM, vraisemblablement sur ordre du « Château ».

Ainsi donc, le Sénat aurait fait preuve de son indépendance, de son sérieux et de son impartialité en menant des débats irréprochables et en mettant en lumière les zones d’ombres du dossier des nervis de l’Elysée.

C’est vrai que sans ce travail nous n’aurions sans doute pas été informés de toutes les dérives d’un conseiller sécurité à l’Elysée, adepte forcené du « en même temps », ce qui l’a conduit outre ses dérives d’auxiliaire de police Place de la Contrescarpe début mai à négocier des contrats avec des oligarques russes douteux, faisant de l’Elysée une véritable « start-up Nation ».

Il est probable que toutes ces dérives en grande partie révélées par la presse seraient restées au stade de l’entrefilet en page 4 si l’écho donné par la commission d’enquête sénatoriale ne lui avait pas donné le caractère d’une affaire d’Etat. Dont acte !

Quelles suites ?

Passé ce coup d’éclat, on est en droit de s’interroger sur les suites judiciaires qui seront données à cette affaire. Pas sûr que Larcher, le Président du Sénat, toujours soucieux de ne pas heurter le pouvoir exécutif, et son Bureau qui se réunira prochainement donnent suite aux conclusions de la commission d’enquête qui demande que la justice soit saisie contre A. Kohler, P. Strzoda et le Général L. Lavergne  qui, à l’Elysée auraient couvert les agissements de Benalla et de son comparse Crase.

Par ailleurs, Larcher, qui tient à conserver son fromage, voit d’un mauvais œil la dimension prise par le Président de la commission d’enquête, Philippe Bas, qu’il soupçonne de vouloir prendre sa place.

Bref, cet épisode relèverait davantage d’une querelle entre conseillers généraux en fin de banquet que d’une institution prestigieuse et indispensable censée participer aux destinées du pays.

Le Sénat, à quoi ça sert et combien ça coûte ?

La question du coût est indissociable de l’utilité de cette valeureuse institution. Pour nous amadouer on nous sort régulièrement le chiffre de 5 € par français et par an, ce qui semble donné, mais quand on calcule le coût au sénateur on arrive à 1 Million d’euros par an ce qui change un peu la perception surtout lorsqu’on constate l’absentéisme lors des votes en assemblée conséquence de la faible influence du Sénat sur la politique du pays.

Le Sénat participe en effet à l’élaboration de la loi, mais ce sont les députés qui ont le dernier mot. Autant dire que le rôle du Sénat est mineur : un petit amendement de temps en temps, une commission mixte paritaire avec les députés et hop, le tour est joué. Ce petit jeu subtil entre les deux chambres participe au rallongement des délais pour l’application des lois, par ailleurs ralentie par la publication des décrets prévus et qui se font attendre.

Parmi les autres « avantages » du Sénat on nous rebat les oreilles, son rôle modérateur face à la « fougue des députés » qui les amènerait à commettre des erreurs. L’argument ne tient pas la route une seconde surtout quand on sait que c’est le gouvernement qui à la mainmise sur l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale, ce qui évite toute surprise.

La grande blague du Sénat « représentant des territoires »

Pourquoi donc nos brillants sénateurs n’ont-ils pas vu venir la crise des gilets jaunes qui est sans conteste le révélateur d’un sentiment d’abandon des populations dans les territoires ? Trop occupés à se reposer après une bonne tête de veau au comice agricole, ou en voyage d’études dans des contrées exotiques ou bien encore mobilisés par la remise d’une décoration à un Maire méritant qui saura s’en souvenir lors du prochain renouvellement, les sénateurs, tout justes sortis d’une sieste réparatrice, n’ont rien vu venir…

S’ils sont capables de deviser avec les associations des Maires ou bien les représentants des lobbies agricoles ou de l’agro-alimentaire ou de rédiger un rapport qui finira dans une armoire, les sénateurs semblent ne pas avoir intégré la dimension populaire de leur mandat qui aurait mérité pour le moins de se soucier des habitants des territoires étranglés fiscalement par la politique du gouvernement et en butte aux questions de mobilité.

Ils avaient pourtant un boulevard devant eux avec la vague élue en 2017 de députés urbains et surtout hors sol de la République en Marche. Ils pouvaient enfin faire honneur à leur mandat de représentant des territoires. Même pas… Ils n’ont rien vu se profiler, pas vu non plus que les lois gouvernementales qu’ils ont votées allaient produire de tels effets.

Et comme ces privilégiés de la République ne manquent pas d’air, ils en sont aujourd’hui à réclamer le cumul des mandats entre Maires et parlementaires pour rétablir le lien avec les territoires.

Chacun jugera…

Non, décidément la suppression du Sénat s’impose.

 

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