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22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 09:21

Vous êtes plus de 500 000 en France. On pourrait penser que le pays est bien administré, que chaque dépense publique est pesée au trébuchet de l’utilité et de la rigueur, et pourtant notre pays est endetté comme jamais et en déficit chronique.

Alors, que faites-vous dans vos assemblées, pensez-vous vraiment à l’avenir du pays, ou bien à autre chose, votre réélection, par exemple ? Agissez-vous en toute indépendance où êtes-vous soumis à la doxa économique qui vous demande d’investir, pour garantir l’emploi ou les bénéfices privés tout en baissant les impôts des plus riches et en augmentant les taxes pour les autres ?

Il serait temps de vous réveiller, les élus locaux en particulier, ôtez vos œillères. Vous n’êtes pas qu’une simple courroie de transmission de l’Etat qui vous maintient sous tutelle financière en modifiant périodiquement les règles de la fiscalité locale. Arrêtez de nous faire des ronds-points, des déviations et des investissements de prestige et baissez plutôt les dépenses de fonctionnement en faisant de la rénovation énergétique sur les bâtiments publics, en vous attaquant sérieusement aux fuites sur les réseaux d’eau ou bien en terminant une bonne fois pour toute la pose de la fibre optique. Et arrêtez de vous gargariser avec les polices municipales ou les pompiers qui ne sont que des dépenses de sécurité qui incombent à l’Etat et que vous acceptez, comme trop souvent, de prendre à votre charge (à la nôtre…). Rappelez-vous que vous êtes nos représentants.

Et pourquoi pas diminuer votre nombre qui tend à augmenter comme les coûts de fonctionnement induits, à chaque fois qu’il y a une réforme territoriale ? En commençant par les conseils départementaux qui sont devenus au fil du temps (avec plus de 80% de leur budget) des sous-traitants de l’Etat pour l’action sociale, les services de secours, la gestion des personnels techniques des collèges et ceux d’entretien des réseaux routiers départementaux, sans aucune marge de manœuvre. Ces compétences autrefois gérées par l’Etat (par des fonctionnaires, donc) ne nécessitent pas qu’elles le soient aujourd’hui par les élus des conseils départementaux (ils sont plus de 4000 en France…), et c’est loin, très loin, d’être gratuit…

Chacun à sa place, l’Etat responsable de la situation sociale du pays doit reprendre la compétence en matière d’action sociale et de sécurité et les autres compétences dévolues aux Régions ou au bloc communal.

Et ne me dites pas que c’est impossible… Cela a déjà été fait, avec la décentralisation, entre 1984 et 2004…    

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17 avril 2024 3 17 /04 /avril /2024 16:42

Mille feuille territorial : sortir des débats passionnés

Lorsqu’on parle de simplifier le mille-feuille territorial, on s’attire généralement les foudres des tenants du statu quo communal, départemental ou régional qui trouvent chacun des vertus ou des défauts à chaque niveau d’administration locale, au nom du clocher, d’une référence à la révolution ou bien d’un supposé rôle de cheval de Troie d’une Europe fédéraliste.

A partir de là, le débat est clos parce que passionné et il n’aborde jamais des éléments chiffrés ou d’organisation qui seraient à même d’éclairer les citoyens et de juger sur pièces pour enfin conclure que, soit c’est bien comme ça, soit que ce serait tout de même bien de simplifier un dispositif bien opaque pour beaucoup qui, par ailleurs, sont quasi unanimes pour dire qu’ils payent trop d’impôts

De quoi parle-t-on ?

On parle des collectivités territoriales administrées par des élus et non pas des services de l’Etat qui ne sont pas l’objet de cet article. Ces collectivités territoriales sont regroupées en un bloc communal très important composé des communes de communautés de communes et de syndicats. Il y a également 101 départements dirigés par les Conseils Départementaux et 18 Régions dirigées par les Conseils Régionaux. A ce stade, le nombre d’entités ne permet pas de conclure que c’est uniquement dans le bloc communal qu’il faudrait rationaliser. Pourtant, le système de double étage du bloc communal entre communes et communautés de communes semble ne pas convenir à tous les Maires qui voient leur pouvoir de décision dilué. La Cour des Comptes observe une répartition des tâches encore souvent trop confuse et pas toujours performante entre ces deux opérateurs, avec, bien évidemment des doublons qui impactent les budgets.

Nombre de structures 1/01/2022

 Bloc communal

 Départements

 Régions

 Total

Communes

                 34 951  

 

 

 

Intercos fiscalité propre

                   1 255  

 

 

 

Syndicats (SIVOM, SIVU,…)

                   8 882  

 

 

 

Départements

 

                    101  

 

 

Régions

 

 

                      18  

 

 

                 45 088  

                    101  

                      18  

                45 207  

 

Les mandats

Il est logique que le nombre de mandats du bloc communal soit le plus important du fait du nombre de communes et de structures syndicales. On ne parle en nombre d’élus dans le bloc communal puisque les 66015 mandats exercés dans les intercommunalités le sont par des élus municipaux désignés qui possèdent une double casquette. Par contre, mandat et nombre d’élus sont identiques pour les Départements et les Régions.

Nombre de mandats

 Bloc communal

 Départements

 Régions

 Total

Communes

               500 819  

 

 

 

Intercos fiscalité propre

                 66 015  

 

 

 

Départements

 

                 4 056  

 

 

Régions

 

 

                 1 927  

 

 

               566 834  

                 4 056  

                 1 927  

             572 817  

Les dépenses

Classiquement les dépenses concernent le fonctionnement des collectivités, (salaires versés aux personnels, les dépenses de fournitures et de consommations diverses, les loyers versés ou bien encore les indemnités des élus…), ainsi que l’investissement qui concerne notamment les dépenses de construction de bâtiments (écoles, centres sociaux, équipements sportifs, collèges. lycées,…)

Depuis la décentralisation, les dépenses de fonctionnement, notamment les charges de personnel ont progressé trois fois plus rapidement que les dépenses d’investissement, mais cela est dû en partie au transfert de dépenses de fonctionnement de l’Etat vers les collectivités locales (salares des personnels de collèges et lycées et d’entretien des routes), sans doute aussi aux doublons signalés plus haut entre communes et communautés de communes et à la « réforme » des Régions qui s’est traduite par un alignement vers le haut des primes et indemnités des salariés et des élus.

Dépenses (Md€)

 Bloc communal

 Départements

 Régions

 Total

Dépenses de fonctionnement

                         99  

                      58  

                      23  

                     179  

Dépenses d'investissement

                         33  

                      11  

                      13  

                        57  

Totaux

                       132  

                      69  

                      36  

                     237  

 

Les recettes

Les principales recettes des collectivités proviennent des impôts reversés par l’Etat (foncier bâti ou non bâti, Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, imposition forfaitaire des entreprises de réseaux,…) (TVA, TICPE, Droits de mutations à titre onéreux, en particulier) ainsi que de la Dotation Globale de Fonctionnement. On notera que c’est l’Etat qui vote les impôts et les taxes et que par conséquent, il peut décider à tout moment d’en supprimer un (la taxe d’habitation, par exemple). A noter enfin que Les droits de mutations (frais de notaire) étant tributaires de l’activité économique du secteur de l’immobilier, l’effondrement actuel de cette recette des Départements pose un gros problème aux Conseils départementaux.

Il est permis de penser que la volatilité des recettes des collectivités ne permettant pas une vision stable à moyen et long terme, les politiques d’investissement des collectivités deviennent plus ou moins la variable d’ajustement des assemblées élues du fait du manque d’élasticité des dépenses de fonctionnement.

Principales recettes (Md€)

 Bloc communal

 Départements

 Régions

 Total

Impôts et taxes

                         84  

                      48  

                      25  

                     157  

Dotation de l'Etat (DGF)

                         18  

                         8  

 

                        27  

 

                       102  

                      57  

                      25  

                     184  

 

Les principales dépenses

Il ne s’agit pas de retrouver la somme de 237 Milliards d’euros notée dans un précédent tableau mais de s’intéresser à des dépenses présentées par fonction. Cette analyse porte sur un montant significatif de 176 milliards d’euros. La lecture de ce tableau est très instructive puisqu’elle permet dans une optique de simplification du mille-feuille de mettre le doigt sur les chevauchements entre collectivités de compétences qui pourraient être exercées par une seule. C’est le cas pour les collèges par les Départements et les lycées par les Régions dont le regroupement ne présenterait aucune difficulté. Même chose pour les transports et infrastructures de transport.

On notera enfin que les départements, s’agissant de la politique sociale, exercent simplement une fonction de sous-traitant pour le compte de l’Etat qui est en premier lieu responsable de la situation sociale du pays. Il serait donc, dès lors, logique qu’il reprenne à son compte l’entièreté de ces politiques (Santé action sociale, RSA et APA), ce qui leur donnerait de la cohérence et préviendrait mieux des tentatives de dérives (type Orpéa).

Notons aussi que l’opportunité de dépenses d’investissement peut  poser question. Elles peuvent procéder du tape à l’œil électoraliste plutôt que de la réduction des dépenses de fonctionnement par la rénovation énergétique des bâtiments de la collectivité par exemple. Par ailleurs les entreprises locales sont un formidable outil de pression afin d’obtenir le remplissage de leurs carnets de commandes.

Principales dépenses

 Présentation fonctionnelle

 

Fonct et Invest en Md€

 Bloc communal

 Départements

 Régions

 Totaux

Services généraux

                     21,2  

                     6,1  

                     2,7  

 

Sécurité

                        3,1  

                     2,9  

                     0,1  

 

Enseignement

                     11,4  

                     5,9  

                     8,4  

 

Formation Professionnelle

 

 

                     3,1  

 

Culture

                        5,3  

                     1,9  

                     1,2  

 

Sports Loisirs Jeunesse

                        7,4  

 

 

 

Santé Action sociale

                        8,3  

                   23,6  

                     0,9  

 

RMI/RSA/APA

 

                   17,4  

 

 

Envir. Aménag. Sces Urbains

                        7,9  

                     2,6  

                     2,1  

 

Transports et infra de Transport

                        6,4  

                     7,0  

                   11,5  

 

Gestion Fonds Européens

 

 

                     2,2  

 

Action économique

                        0,8  

                     1,1  

                     3,0  

 

Autres

 

                     0,1  

                     0,1  

 

 

                     71,8  

                   68,6  

                   35,3  

                     176  

Les emplois des collectivités locales

C’est un sujet sensible, tant la gestion des ressources humaines n’intéresse que moyennement les élus qui y voient surtout un problème nuisible à leur image, surtout en cas de conflit social à l’approche d’une élection. Trop de fonctionnaires, pas assez ? Les deux sans doute, mais aussi des doublons créés lors de la mise en place des intercommunalités avec des ressources humaines non transférées et qui sont sous employées dans certaines mairies et aussi de nouveaux postes créés dans les intercommunalités pour le fonctionnement, ou bien la direction générale, voire le cabinet des élus dirigeants. 

Emplois

 

 

 

 

Communes

           1 135 900  

 

 

 

Intercommunalités

               343 500  

 

 

 

Départements

 

            345 700  

 

 

Régions

 

 

              96 900  

 

 

           1 479 400  

            345 700  

              96 900  

          1 922 000  

 

Les indemnités des élus

Pour l’exercice de leur mandat, certains élus perçoivent des indemnités qui sont majorées s’ils exercent une fonction de Président, Vice-Président ou de conseiller délégué. Les conseillers municipaux ne touchent aucune indemnité sauf si un partage d’enveloppe est organisé par le Maire et les adjoints. Au total, ce sont 2.215 Milliards d’euros qui seraient versés (difficile d’avoir un chiffre précis et de savoir si ce montant intègre les charges sociales payées par les collectivités…)

Indemnités des élus (Millions d’euros)

 

 

 

 

Communes

                   1 500  

 

 

 

Intercommunalités

                       500  

 

 

 

Départements

 

                    150  

 

 

Régions

 

 

                      65  

 

 

                   2 000  

                    150  

                      65  

                  2 215  

 

En conclusion, on constate de nombreux dysfonctionnements dans l’édifice du mille-feuille. Ils tiennent surtout à l’incapacité des élus à remettre en cause leur fonctionnement afin de préserver leur statut et leur mandat (et le fonctionnement des partis politiques), et à leur très grande porosité à l’égard des lobbies professionnel et associatif.

Pour autant, il n’est pas interdit de penser que le Conseil Départemental est le maillon faible de cet édifice complexe et coûteux et que sa disparition au vu de l’analyse de ses compétences qui précède pourrait être envisagée sans que cela entraîne de grands bouleversements dans le paysage territorial du pays et au mode de fonctionnement de terrain, mais au contraire à une clarification politico-administrative.

Le gain issu de la suppression de l’ensemble des mandats de conseiller départemental (150 Millions d’euros) ne comprend pas les frais de fonctionnement de ces assemblées (communication, cabinets, direction générale, frais de réception, chauffeurs et voitures et autre collaborateurs ad hoc,…) et dépasserait sans doute le Milliard d’euros au final.

Quant au concept de « conseiller territorial » qui siègerait à la Région pour représenter les départements, ce n’est rien d’autre qu’une tentative désespérée de recyclage de l’ensemble des élus qui bloquerait le fonctionnement des assemblées régionales en les transformant en champ clos de boutiquiers réclamant des subventions pour leurs cantons.

Le bloc communal demanderait à être revu pour assurer davantage de fluidité entre ses deux étages et peut-être en créant le lien avec les Régions dont on s’interroge toujours sur le découpage effectué en 2016.

 

Sources :

 https://www.budget.gouv.fr/panorama-finances-publique/administrations-publiques-locales-apul

https://www.collectivites-locales.gouv.fr/files/Accueil/DESL/WEB-Chiffres-cle%CC%81s%20des%20CL%202022.pdf

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11 avril 2024 4 11 /04 /avril /2024 22:26

Depuis 1982, la France n’est plus officiellement un pays centralisé. Avec les lois Deferre, un certain nombre de compétences, hors régaliennes (Police Justice, Armée,…) ont été progressivement transférées à des collectivités territoriales dirigées par des élus ou des EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale), à la tête desquels officient par délégués de ces collectivités territoriales.

Au début, tout allait bien

Pourtant, les choses avaient bien commencé puisque même les élus (de droite) qui étaient contre cette décentralisation, s’en sont emparée et ont vu le profit politique qu’ils pouvaient en tirer. Au fil du temps des féodalités se sont constituées et on a reproduit au niveau local les oppositions droite/gauche, comme au Parlement, mais après tout n’était-ce pas là une manifestation de la démocratie locale ?

Cette décentralisation a été accompagnée à ses débuts de transferts financiers de la part de l’Etat permettant aux collectivités de voir venir et d’investir (routes, collèges, lycées,…) et de valoriser le travail des élus locaux auprès de la population.

Puis ça s’est dégradé

En plus de 40 ans, les choses ont évolué (Communautés de Communes), d’autres compétences ont été rajoutées, le nombre de régions à diminué, sans que le paysage global soit davantage compréhensible pour le citoyen lambda : qui connait son conseiller départemental ou régional, quelles sont les compétences de ces collectivités, à quoi sert la communauté de commune et quelles sont les compétences résiduelles des communes ? Bien malin qui pourrait répondre à ces questions et ainsi exercer un contrôle éclairé.

La gestion de proximité de compétences, emblème de la décentralisation est devenue un concept flou que peu de citoyens maîtrisent au point de s’en désintéresser voire de faire sécession en boudant les urnes

De mal en pis

Tout aurait donc pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si ce bel édifice ne s’était pas fragilisé : atteintes aux ressources des collectivités par la réforme de la fiscalité ou la baisse des dotations de l’Etat pour cause de disette étatique, transferts de charges et non plus de compétences de la part de l’Etat (personnels des collèges et lycées et d’entretien des routes, en 2004) ou bien transfert de compétences entre collectivités (du Département à la Région) et création d’un nouveau niveau, les intercommunalités .

Les assemblées locales n’ont pas toujours été d’une extrême prudence en matière d’investissements et se sont parfois lancées dans le tape à l’œil (4 voies, ronds-points, équipements de prestige,…) au détriment du quotidien (rénovations énergétiques,…). Ils sont été soumis également aux « amicales » pressions des entreprises locales pour que les carnets de commandes soient toujours bien remplis. Ils ont également « étoffés » leurs services mais sont toujours réticents à réduire la toile par vents contraires et ils ont également recrutés des « chargés de missions » des collaborateurs de cabinets, des secrétariats de groupes politiques, créé des services de communication et par conséquent augmenté notablement les dépenses d’administration dans les budgets locaux, ce qui représente des sommes conséquentes au niveau du pays.

Les dépenses des intercommunalités (plus de 270 000 agents) atteignaient 37.7 Milliards d’euros en 2021. Pour autant les dépenses des communes, évaluées à 74.6 Milliards, n’ont pas baissé et la Cour des Comptes pointe une répartition des tâches confuse et pas toujours performante.

Les hérauts de la décentralisation

Si le citoyen lambda déplore l’illisibilité du système et ne peut que constater l’augmentation des impôts et taxes locales, conséquence des dérives locales, il se trouve parmi les élus, d’ardents défenseurs du système toujours prêts à cacher la poussière sous le tapis et redemander plus de décentralisation qui les fait vivre.

Ce sont les députés de droite qui souhaitent rétablir une dose de cumul avec des vice-présidences locales, qui leur permettraient d’augmenter leurs indemnités et aussi piloter en sous-main des exécutifs locaux pour préparer un atterrissage en douceur en cas de défaite électorale à l’assemblée. Une autre proposition d’actualité consiste à rétablir la fameuse réserve parlementaire qui permettait aux députés et sénateurs « d’arroser » quasiment sans contrôle financier leurs territoires pour toucher les dividendes lors des élections.

C’est également le président de la commission sur le mille-feuille territorial, nommé par Macron (Eric Woerth) qui a déclaré d’emblée qu’il n’était pas question pour lui de proposer une diminution du nombre d’élus…

C’est également un député de l’Ouest de la France qui exhume une proposition de Sarkozy, celle du Conseiller Territorial qui siègerait à la Région. Cette proposition, outre le fait qu’elle aurait pour effet d’augmenter les dépenses (comme lors de la création catastrophique des grandes régions voulues par Hollande) transformerait les conseils régionaux en lieu ou s’exerceraient les pressions électoralistes pour la création d’un rond-point, la restructuration d’un collège voire à des délibérations sans fins pour l’octroi d’une subvention de 500 € à l’association de la confrérie du marron et de la châtaigne. Pour avoir vécu de l’intérieur les débats d’une assemblée départementale, j’ai pu constater qu’on pouvait passer plus de temps à discutailler sur ce genre de dossier alors que d’autres dossiers, à 80 Millions ou plus, passaient comme une fleur en 10 minutes…

On pourrait citer également un ancien président de région, plusieurs fois ministre, qui propose, dans le cadre d’une « autonomie » régionale, de porter la réflexion au stade de la réalisation, en l’associant aux enjeux écologiques. On me permettra de faire remarquer ici que 85% des bâtiments publics (dont les lycées au niveau régional) sont des passoires thermiques et qu’il conviendrait d’abord de résoudre cette question avant d’envisager autre chose, autrement dit de balayer devant sa porte

Enfin, un autre un élu local de Mayenne nous propose rien moins que de « décentraliser pour réarmer la Nation », (fichtre !) en alignant un certain nombre de banalités qu’on nous ressasse sans fin : « faire confiance aux acteurs de terrain », « majorités de projet », « nouvelle gouvernance entre l’Etat et les collectivités locales », « régénérer la démocratie locale », « replacer le citoyen au centre des réformes futures », « répondre aux besoins des citoyens, notamment les plus fragiles ».

La conclusion de ce charabia pour technos signifie que les élus locaux, assis sur leur rente, ont carrément raté le coche depuis plus de quarante ans et se sont conduits collectivement comme une caste irresponsable cherchant à conserver ses privilèges et qui souhaite encore aujourd’hui conserver le système et préserver le fonds de commerce des partis politiques.

 

 

Alors, « décentralisation, stop ou encore ? »

La réponse à cette question est bien évidemment stop, en précisant que trop nombreux sont les élus qui  parlent en notre nom. Il faut donc faut tailler dans le vif en supprimant, en particulier, le Conseil Départemental et en revoyant l’articulation entre les communes et les intercommunalités pour clarifier les compétences et les dépenses, le tout ayant comme finalité de remettre le citoyen au cœur du système et surtout diminuer le nombre d’élus.

Et surtout leur dire qu’ils sont de moins en moins légitimes pour décider quoi que ce soit sur ce dossier.     

 

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1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 22:18

L’idée de réformer n’a pas bonne presse parmi les salariés : la dernière réforme, celle de la retraite n’a pas laissé que des bons souvenirs, en attendant la prochaine concernant l’indemnisation du chômage… Par contre, elles sont bien accueillies chez les patrons qui les attendent, voire les suscitent. Donc pas de réformes qui iraient à l’encontre les intérêts des secteurs économiques et financiers, sanctuarisés. Quant à des  réformes de structures pour l’Etat et les collectivités locales, il est permis de rêver…

Par conséquent, pour combler le déficit de 5.5% de 2023 on aura donc recours au rabotage qui  se concentrera sur les particuliers, d’une manière ou d’une autre. Alors on rabotera les indemnités de chômage, et on dégradera le transport des malades en VSL. Un petit coup aussi sans doute sur certaines niches fiscales, et on augmentera les franchises médicales pour les hauts revenus, tout en proclamant qu’on « n’augmentera pas les impôts « pour ne pas piocher dans la poche des français », comprenne qui pourra…

On ne règle rien par conséquent et on attend simplement que la croissance reparte, que cela créé des emplois et des recettes fiscales grâce au fameux « ruissellement » : toujours le même refrain asséné par Bruno Le Maire qui semble marqué par un biais d’optimisme qui consiste à penser que les choses vont s’arranger alors que les crises se succèdent.

La limite du discours est cependant atteinte parce que l’inflation, la shrinkflation ou la cheapflation et les taux d’intérêts élevés ont déjà fait beaucoup de ravages chez le consommateur qui réduit drastiquement ses dépenses, ou reporte des achats d’équipement. On ne peut donc pas se satisfaire de la seule demande pour relancer la croissance.

Il serait donc urgent d’élargir le champ de la réforme

Réformer, c’est d’abord faire le bilan des subventions diverses et variées, des dégrèvements de cotisations sociales, des baisses d’impôts, concédés aux entreprises ou aux rentiers et en mesurer l’efficacité sur notre économie. On découvrira certainement les limites de ce genre de politique qui enrichit surtout ceux qui en bénéficient et qui préfèrent sans doute conforter leur rente plutôt que d’investir dans des activités créatrices d’emplois et arrêter le discours qui consiste à dire que les aides évitent des suppressions d’emplois à défaut d’en créer. Les baisses d’impôt sur le capital devraient donc être conditionnées au financement d’actions nouvelles, productives.

Une seconde piste de réforme concerne l’organisation décentralisée du pays et  la manière dont les élus locaux utilisent l’argent public qui provient de dotations de l’Etat ou du reversement d’impôts et de taxes et qui servent in fine à faire des investissements qui profitent aux entreprises bénéficiant par ailleurs d’aides de l’Etat… Mais ne s’intéresser qu’à ce circuit serait passer à côté d’une source importante des dépenses des collectivités territoriales, à savoir le trop grand nombre de prescripteurs de dépenses dû à la multiplicité de ces strates ainsi qu’à toute la logistique humaine et matérielle induite par ce trop-plein d’élus. On doit avoir comme objectif de supprimer une strate (le Conseil Départemental en redonnant à l’Etat, qui est responsable de la situation sociale du pays, l’action sociale, compétence qui représente environ 70 % des dépenses et en donnant aux régions les compétences collèges et infrastructures routières).

Troisième piste,  la recherche d’efficacité des services de l’Etat avec ses multiples « succursales » (Agences, Etablissements publics et autres structures qui peuvent parfois servir à recaser d’anciens ministres ou des recalés du suffrage universel…), soit en redonnant aux Ministères leurs compétences de base soit en taillant dans les structures ministérielles les services qui font double emploi avec ces « succursales ».

Quatrième piste, la réforme complète de la fiscalité, en particulier l’impôt sur le revenu (barème, niches fiscales) afin d’y intégrer les revenus du capital (loyers, intérêts, dividendes et plus-values) dont on ne comprend pas pour quelle raison ils sont taxés différemment, les revenus salariaux et ceux du capital participant à la constitution du PIB. (Patrick ARTUS, économiste en chef de Natixis)

Analysons maintenant les freins à cet élargissement du domaine de la réforme

1 – le modèle économique politique du pays est celui du ruissellement qui plait bien aux secteurs économique et financier puisqu’on voit bien qu’ils peuvent aisément le contourner au profit de l’augmentation de la rente. Par ailleurs, l’Etat impécunieux est un Etat faible et peu capable, s’il se trouvait qu’il en ait envie, d’imposer un changement de règles aux entreprises qui n’hésitent jamais à utiliser le chantage à la suppression d’emplois afin d’obtenir une énième baisse d’impôts (les impôts de production actuellement).

Afin d’obscurcir le paysage pour obtenir que rien ne change, on convoque quelques supplétifs afin de masquer les ravages du néolibéralisme qui nous est imposé :

  • Le pauvre petit agriculteur pour justifier des aides de l’Etat (avec nos impôts) alors que la solution des prix agricoles réside avant tout dans le profit réalisé dans les filières de transformation agricole avec l’aimable complicité de la FNSEA.
  • Les « pauvres petits investisseurs immobiliers » qui ont acheté un « petit » appartement pour compléter leur « petite » retraite, et qui n’ont pas les moyens de faire des travaux d’isolation, et revoir à la baisse l’ambition gouvernementale et permettre à nouveau la location de passoires thermiques.
  • Les « classes moyennes », concept très flou, pour dire qu’on va leur baisser l’impôt sur le revenu avec comme artifice de communication, l’espoir que beaucoup de ceux qui sont soumis à cet impôt s’y reconnaitront et se détacheront du reste des français en étant valorisés.

On le voit, le monde merveilleux de l’entreprise a beaucoup de nécessiteux dont il est utile de « recueillir la parole » avant de prendre des décisions qui pourraient leur être néfastes et surtout nuire à leurs intérêts tout en faisant croire au monde du travail qu’il pourrait être possible cependant qu’on leur jette quelques miettes.

C’est compliqué, tout ça, et surtout difficile à expliquer aux Français qui ne vont rien y comprendre. C’est du domaine des experts, les « sachants » en particulier les économistes et autres journalistes dévoués à la « cause ». Difficile donc de faire Nation, de parler du consentement à l’impôt, voire de consentir à la réforme du modèle social français. C’est donc camp contre camp que cela se passe, sachant que dans le camp de l’économie et de la finance, outre les facilités offertes pour l’optimisation fiscale (qui permet de minorer les impôts à payer en France), on possède l’arme ultime, celui de la délocalisation des activités à l’étranger, menace un peu foireuse toutefois en cette période d’incertitudes liée aux conflits actuels et à la pression sur le trafic maritime mondial.

2 – Dans le camp d’en face, celui des salariés, les manœuvres de division créent des clivages artificiels basés sur la peur de se faire remplacer dans son emploi à partir d’un certain âge, on suscite la jalousie, le maintien de clivages (hommes/femmes). En l’absence de cohésion liée également au chantage à la fermeture d’activités, on fait donc le gros dos en se permettant parfois de regarder de travers les « Fonctionnaires privilégiés » qui sont les mêmes que ceux dont ils se moquaient il y a trente ou quarante ans avant que les grilles salariales du privé ne soient indexées sur le SMIC… Ce monde du salariat, qui a fait le constat que le ni gauche, ni droite était une escroquerie aurait tendance aujourd’hui (au nom du « on n’a pas encore essayé ») à alimenter les troupes des partis populistes ce qui donnera en fait un délai supplémentaire pour parfaire l’influence du monde économique et financier sur la marche du pays.

3 - Autre catégorie très clivante, qui fait office de repoussoir (plus dans le camp des salariés que dans celui de l’entreprise qui sait s’en accommoder), celles des « assistés » qui vivent grassement, bien sûr, sur le dos des autres, à savoir les chômeurs, les malades, les handicapés qui perçoivent des allocations « à rien foutre », auxquels on peut ajouter, selon le discours les qualificatifs de fraudeurs, le summum étant atteint lorsqu’il s’agit d’un immigré.

 

Voilà pour les « forces en présence » mais le tableau serait incomplet si nous ne parlions pas d’une autre catégorie très importante et dont le rôle est injustement méconnu, la classe politique qui met en scène le récit qui précède, légifère, adopte les normes qui plaisent aux industriels, et vote tout ce que le gouvernement propose en matière de restriction sociale entre deux lois dites « sociétales ». On a déjà vu que les clivages entre politiques étaient déjà gommés ce qui a grandement facilité les reniements et donc les transferts entre partis pour participer à un gouvernement « ni gauche, ni droite » et favorisé la montée en gamme de partis populistes qui ne tarderons pas à faire leur « coming-out » pro patronal après être arrivés au pouvoir.

Pour que le système puisse s’implanter durablement, le monde politique a déployé un immense paravent basé sur l’électoralisme, avec des collectivités locales nombreuses, au point de rendre le dispositif illisible pour le citoyen moyen, et des «opérateurs de l’Etat » chargés de préserver le pouvoir central,

On imagine bien que tout ce dispositif favorise la déresponsabilisation, créé de faux débats qui entretiennent l’illusion populaire d’une vie démocratique riche, illusion construite par un lobby peut visible mais très actif, celui des élus et des partis politiques.

Il serait injuste de ne pas parler également des corps de hauts fonctionnaires de l’Etat et des Collectivités territoriale qui s’opposeront le moment venu à toute réforme qui pourrait nuire à leur prestige et au déroulement de leur carrière et feront bloc avec des élus qui pourraient être concerné par la suppression d’un niveau de collectivité territoriale.

 

Pour conclure, quelques citations qui vont bien avec cet article :

 

  • Le suffrage universel peut conduire à la dictature des imbéciles lorsqu’il n’est pas assorti d’une instruction publique éclairant les esprits (Condorcet)
  • « Le système ne choisit pas les meilleurs, il choisit les plus conformes, et c’est dangereux ». (Albert Jacquard)
  • Rien n’est plus difficile à prendre en main, rien n’est plus délicat à guider, rien n’est plus incertain dans ses résultats que de chercher à promouvoir le changement, l’introduction d’un nouvel ordre des choses. Ceci s’explique par le fait que ceux qui pourraient gagner au change en identifient mal les bénéfices, alors que ceux qui ont à y perdre en connaissent exactement les conséquences et sont prêts à tout pour les éviter. (Machiavel)

 

 

 

 

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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 08:31

On a longtemps vanté les mérites de la « mondialisation heureuse » censée résoudre tous les problèmes et apporter la paix.

Nous avons mis un mouchoir sur notre nez et des bouchons dans nos oreilles lorsque certains de nos partenaires commerciaux importants ont réprimés certaines ethnies minoritaires de leurs pays, réprimé massivement des manifestations contre des codes vestimentaires contraignants ou des pratiques religieuses jugées déviantes.

Nous avons hésité à condamner l’intervention militaire contre un pays souverain et assisté à ses effets sur sa population et à la destruction de ses villes par des frappes aveugles et nous détournons le regard devant  le développement des conflits locaux en considérant qu’ils ne modifieront qu’à la marge le dogme économique.

Nous voyons émerger in fine une coalition de régimes dictatoriaux qui concentrent toutes ces tares et qui prétendent, de plus, refondre l’ordre mondial à leur image en utilisant les armes commerciales que nous leur avons abandonnées.

Nous avons fermé les yeux sur ce lent glissement. Le pouvoir politique n’est plus que le supplétif de boutiquiers âpres au gain, mettant en péril notre économie et sapant notre crédibilité politique. Le « réalisme politique » est devenu le corollaire de cet abandon moral au profit d’intérêts particuliers qui ont formaté pas à pas cette mondialisation à leur image et celle de leurs actionnaires.

Notre industrie s’est délocalisée et les bénéfices s’évadent dans des paradis fiscaux. Nous croulons sous une dette qui augmente chaque année et on s’apprête à racler les fonds de tiroirs à peine 2 mois après le vote du budget : exit les créations d’emplois de service public, oublié le logement social, raboté le plan pour l’isolation des logements…

Le gouvernement « augmente le pouvoir d’achat » des particuliers en supprimant des taxes, abaissant des cotisations, et autres impôts qui alimentaient les finances des collectivités locales et les budgets sociaux, au nom de la « compétitivité » des entreprises qui n’y voient que des bénéfices.

Nous sommes à l’os. La décroissance s’installe sans qu’on la décrète. La consommation, qui est le seul moteur de notre économie,  est en berne parce que les prix continuent d’augmenter et que de nouvelles pratiques se font jour chez les consommateurs.

Déjà, chez nous, les couteaux s’affutent chez quelques petits autocrates en puissance, peu regardants sur leurs alliances avec les régimes dictatoriaux…  

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16 janvier 2024 2 16 /01 /janvier /2024 18:29

Le Président de la République a nommé Eric Woerth pour conduire une mission de 6 mois sur la Décentralisation. Dans la lettre de mission, le Président lui demande de réfléchir à la « simplification de l’organisation territoriale en vue de réduire le nombre de strates décentralisées aujourd’hui trop nombreuses ».

D’emblée, le député a affirmé qu’il n’était pas question pour lui de s’attaquer au millefeuille territorial. De son côté, l’ancienne première Ministre a assuré qu’il n’était pas question de supprimer les départements, ni aucune collectivité territoriale.

Mission mal partie donc, qui conteste les orientations présidentielles, et fait surtout la part belle aux lobbies des élus et groupes politiques qui cherchent à protéger leur gagne-pain, sans se soucier des défauts et carences du système.

C’est peu de dire que le citoyen de base a beaucoup de mal à s’y retrouver entre ces différentes strates. S’agissant du financement, le jeu de bonneteau fiscal pratiqué par le gouvernement entre les impôts et taxes et leur affectation qui varie entre collectivités rendent les choses encore moins lisibles et les marges de manœuvre s’amenuisent.

Toutes ses strates, fragilisées par les financements qui se tarissent continuent cependant de fonctionner avec des ressources humaines importantes et génèrent d’autres coûts liés au fonctionnement des assemblées d’élus (indemnités, véhicules, secrétariats, collaborateurs des groupes politiques, communication,…)

Il convient donc de rentrer dans le vif du sujet, à savoir la répartition des compétences et regrouper ce qui peut l’être (la construction et le fonctionnement des collèges et des lycées répartis entre Régions et Départements, par exemple), prendre acte des carences en matière de gestion des EHPAD (soulignés dans le livre « Les fossoyeurs » par Victor Castanet en 2022) pour aller vers un opérateur unique, ou bien encore mettre fin aux frais indus des services de secours provoqués par l’attente aux urgences en redonnant à l’Etat (qui à la main sur les dépenses de santé) cette compétence « sécurité ». On pourra aussi se pencher sur l’empreinte carbone des collectivités locales, sachant par exemple que 85 % du parc immobilier scolaire est globalement en mauvais état et de faible efficacité énergétique *

C’est bien en étudiant ces questions (et d’autres) à la base que l’on pourra redessiner la carte des collectivités et non en s’en remettant aux seuls intérêts des élus.

(*) Rapport d’information à l’Assemblée Nationale

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15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 11:34

On achève bien les chevaux

Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, "On achève bien les chevaux" est le premier roman noir d'Horace McCoy (*). Ce texte intemporel, est une violente dénonciation du rêve américain. Particulièrement noir et désespéré, il s'attache à explorer l'envers du décor en décrivant la misère de ceux prêts à toutes les humiliations pour pouvoir gagner simplement de quoi survivre.

Désœuvrés et sans argent, Robert et Gloria, figurants au cinéma n'ont eu qu'un long parcours chaotique semé d'échecs. Ils décident de s'inscrire à un marathon de danse dans l'espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu'à tournoyer des semaines entières au rythme de l'orchestre (**).

Il existe des similitudes entre la description du « rêve américain » inatteignable, décrit dans le roman d'Horace McCoy « On achève bien les chevaux » et la Russie de Poutine qui recrute des volontaires - primes alléchantes à ceux qui survivront - pour aller se faire tuer en Ukraine au rythme de l’orchestre du Kremlin, dans un tragique bal des zombies.

Nous ne sommes plus dans la fiction, mais dans la triste réalité. L’annexion surprise de la Crimée n’a pas pu être réitérée et la prise « en douceur » de Kiev et de l’Ukraine est un échec. « L’opération spéciale » s’est transformée en guerre totale (il faut bien appeler les choses par leur nom). C’est désormais la guerre du Donbass et son bourbier qui font référence.

Vingt mois après, les « buts de guerre » ne sont pas atteints. L’Ukraine résiste, avec l’aide des occidentaux, et la Russie est obligée de faire appel à des alliés sulfureux comme la Chine, la Corée du Nord, l’Iran ou les monarchies du Golfe pour contourner les sanctions, refaire ses stocks de munitions ou maintenir les cours du pétrole. Poutine est devenu l’obligé des dirigeants de ces pays autocratiques eux aussi peu portés sur les droits des hommes et des femmes.

Ces « alliés » de circonstance sauront se payer sur la bête le moment venu, lorsqu’il s’agira de toucher les dividendes de leur soutien, qui ressemble fort à la corde qui soutient le pendu.

Des signes de faiblesse existent aussi sur le terrain. La Russie occupe 18% de l’Ukraine, sans avoir pu assurer sa domination sur la mer Noire ni occuper Odessa, principal port.  Les attaques ukrainiennes sur la Crimée et sa flotte ont fragilisé et exclu la Russie de cette zone maritime et rouvert la voie à l’exportation de céréales.

La stratégie de défense consistant à bétonner et à miner à outrance la ligne de front, a été complétée   par des assauts meurtriers pour les fantassins russes et le pilonnage massif et aveugle de l’Ukraine sur les lignes de front, les villes et leurs infrastructures, touchant en particulier les civils afin d’atteindre le moral de la population.

La Russie est en « économie de guerre » Tous les moyens de production sont consacrés à cet effort, au détriment de la population touchée par l’inflation et les oligarques sont priés de marcher au pas. La Russie affiche une démographique en berne. Ceux qui ont quitté le pays au début du conflit et les nombreux morts de cette guerre amplifieront cette trajectoire. La proposition  faite aux femmes russes de faire chacune 7 ou 8 enfants relève du tragique.

Sur quoi « règne » aujourd’hui Poutine, Tsar vieillissant ? Un territoire dévasté par ses bombes et pollué par des millions de mines et dépeuplé et une Russie affaiblie. Il faudrait des décennies de reconstruction et de dépollution pour que son rêve fou s’accomplisse. La nation russe y survivrait-elle sans s’engager encore plus dans la voie de la vassalisation vis-à-vis de ses encombrants alliés et voisins ?

(* voir également le film de Sydney Pollack tiré de ce roman)

(**Source : site BABELIO)

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 10:06

La maison individuelle en lotissement, largement développée depuis les années 70 est aujourd’hui décriée comme principal facteur d’artificialisation des sols, devant le réseau routier (Ouest France du 11/11/2023).

Créer un lotissement répondait au départ pour les élus locaux à la nécessité de dynamiser la vie de communes, sans avoir toujours les moyens de répondre aux besoins, nombreux, des nouvelles populations venant de la ville…

L’accompagnement financier de ces projets au nom d’un «aménagement du territoire » par les conseils généraux a souvent cristallisé des oppositions politiques, (et aussi villes/campagnes), et comme il fallait pouvoir offrir de bonnes conditions de déplacements aux néo-ruraux travaillant en ville, un réseau routier départemental « performant », avec déviations, ronds-points et ouvrages d’art a été créé, leur permettant de venir avec leurs voitures s’agglutiner rapidement dans des bouchons, aux portes des villes…

Des particuliers ont fait confiance au modèle proposé et fait ce qu’ils font toujours lorsqu’on stimule le rêve et la consommation, en l’espèce, construire des maisons à 30 Kms du lieu de travail, parce que le terrain n’était pas cher.

Lorsqu’on porte un regard critique sur le modèle du lotissement, minimiser les responsabilités des élus dans la consommation de terres agricoles et de l’augmentation de la pollution automobile fausse de fait la réflexion et oriente la responsabilité de l’artificialisation des sols vers ses seuls habitants.

Au nom de la préservation de modèles existants, la réflexion politique est fortement imprégnée par les alliances et les financements, et les décisions se limitent souvent au court terme lié au calendrier électoral. Les impacts délétères de ces systèmes ne sont jamais évoqués et c’est toujours le citoyen qui est montré du doigt et convoqué pour réparer, in fine, les erreurs.

Dernière question : quel aurait été l’avenir des terres agricoles non utilisées par des lotissements et le développement des réseaux routiers d’accès aux villes ? Une utilisation préservant l’environnement ou bien la reproduction d’un modèle d’agriculture intensive avec pesticides et bassines et multiplication d’élevages polluants ?

En contemplant depuis mon lopin de terre en lotissement le cycle des saisons et ses couleurs, la diversité des oiseaux qui viennent s’y nourrir, les abeilles qui butinent dans mes fleurs et la vie qui grouille dans mon compost, je n’ai pas conscience d’avoir « artificialisé » des sols, mais plutôt de les avoir préservés.

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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 10:23

En France, il y a 5.2 millions de passoires thermiques c’est-à-dire des logements classés F et G dans le Diagnostic de Performance Energétique (DPE), soit 17 % des 30 Millions de logements composant le parc, toutes catégories confondues (maisons individuelles et parc privé, en location ou habité par les propriétaires, et parc de logements sociaux).

Autant dire que les propriétaires occupants ou locataires de ces logements ont vu flamber leurs factures d’énergie avec la crise récente.

La « solution » MaPrim’Rénov

Le gouvernement vient de mettre 4 Milliards d’euros sur la table et espère atteindre 200 000 rénovations pour 2024 avec son nouveau dispositif « MaPrimRénov » qui cherche désormais à favoriser les rénovations globales, visant l’efficacité et la remontée du classement de ces logements en catégorie B du DPE.

Le montant moyen attribué par rénovation pour 2024 (4 Milliards/200 000) s’établit donc à 20 000 €, somme nettement insuffisante pour couvrir des rénovations globales de logement estimées à 70 000 €, ou 53 000 (pour une amélioration du DPE de G à D) selon les exemples fournis par France Rénov’ dans sa plaquette de présentation du plan gouvernemental.

Même si d’autres aides de moindre ampleur, limitées au changement d’une chaudière pour une pompe à chaleur subsistent, il semble difficile de croire pour des raisons budgétaires, mais aussi de délai d’instruction des dossiers que l’objectif de 200 000 rénovations thermiques d’ampleur sera atteint en 2024.

A ce rythme, et sous réserve que le gouvernement maintienne son effort budgétaire, il faudra au mieux plus de 30 ans pour résorber le parc des passoires thermiques.

Point positif, les demandeurs (classements F et G des DPE) seront accompagnés dans leurs démarches par des « tiers de confiance » conseillers de France Rénov’ situés dans 560 espaces conseils. Cela devrait éviter les arnaques et autres déconvenues des dispositifs précédents (isolation à 0 €). Les dossiers seront ensuite gérés par l’ANAH qui pilotera l’ensemble des aspects de financement (et qui jouera sans doute également le rôle de frein ou d’aiguillon en fonction des crédits votés).

La face cachée du dispositif

 Lorsqu’on rentre un peu plus dans le dispositif, on relève quelques détails et effets pervers. En annonçant son plan, le gouvernement a précisé que tous les propriétaires sont concernés, qu’ils occupent leur bien ou le mettent en location, c’est-à-dire que les attentistes occupant leurs passoires et/ou les propriétaires qui se sont contentés de percevoir des loyers (en faisant payer de lourdes charges d’énergie à leurs locataires) vont pouvoir à priori bénéficier du dispositif : chacun appréciera….).

On notera par ailleurs que les mesures d’interdiction de locations de passoires thermiques (les G en 2025 et les F en 2028) ont du plomb dans l’aile : Bruno Le Maire, toujours sensible aux lobbyistes, et « contre l’écologie punitive » bien entendu ,a proposé de « décaler les calendriers », en raison de la hausse des taux (!), mais il faut bien le dire en raison de la baisse des budgets de l’Etat en faveur du logement qui va provoquer une tension sur l’offre. Ces « pauvres » propriétaires auront donc un sursis supplémentaire pour faire des travaux et ainsi bénéficier des aides prévues par le gouvernement….

Autre question importante : en favorisant l’installation de pompes à chaleur en remplacement de chaudières au fuel ou au gaz, le gouvernement s’est-il assuré que l’électricité nécessaire pourra être fournie aux utilisateurs, compte tenu par ailleurs de la montée en puissance du parc de véhicules électriques ? Indice inquiétant : l’Etat annonce qu’il va tester la limitation temporaire de la consommation d’électricité d’environ 200 000 foyers…

Il faut également prévoir une augmentation des prestations des entreprises de rénovations en raison de la demande provoquée par le dispositif. On peut déjà constater l’envolée des prix pour les pompes à chaleur et l’isolation par l’extérieur et les effets d’aubaine ne sont pas loin.

On remarquera enfin que les dispositifs de « confort d’été », c’est à dire la pose de stores et bannes extérieurs sont éligibles au dispositif, ce qui est surprenant, alors qu’ils n’apportent aucune amélioration de la performance énergétique à partir du moment où le logement rénové dispose de doubles vitrages et de volets roulants, par exemple. Là également, il faut sans doute voir la patte d’un lobby auprès du gouvernement.

L’arbre qui cache la forêt

Ce côté « volontariste » évite de parler de la situation énergétique déplorable du parc immobilier de l’Etat et de celui des collectivités territoriales (Administrations, hôpitaux, universités, lycées, collèges, établissements sportifs, casernements, prisons, tribunaux,…).

MaPrimRénov’, qui incite les particuliers à se mettre en conformité avec les objectifs de développement durable, ne serait-il pas l’arbre qui cache la forêt du gâchis énergétique des collectivités publiques et aussi des 10 milliards promis aux entreprises polluantes (Ouest-France du 12/05/2023) qui font pourtant de juteux bénéfices redistribués aux actionnaires (Total, Arcelor,…) ?

 

Les intérêts privés sont plus puissants que l’Etat qui doit se contenter de bricoler dans son coin des mesurettes limitées en mettant la poussière sous le tapis. S’il fallait expliquer l’abstention aux élections, on ne s’y prendrait pas autrement.      

 

  

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18 octobre 2023 3 18 /10 /octobre /2023 09:17

De temps en temps, le petit monde des collectivités territoriales s’enflamme : un congrès des régions sans annonce de l’Etat, une rentrée financière difficile pour des départements, l’augmentation de la taxe foncière des communes…, toutes ces actualités font l’objet d’articles et d’empoignades pathétiques.

Il suffit en plus d’une vague promesse d’autonomie faite aux Corses pour que chacun y aille de son discours, en fonction de son positionnement et de son calendrier pour réclamer, sous conditions, financières, bien entendu, davantage d’autonomie pour les régions.

Avant de commencer à faire rêver avec ce concept d’autonomie, rappelons simplement que la décentralisation dans notre pays est à bout de souffle, qu’elle subit depuis plusieurs décennies les caprices d’un pouvoir central à l’agonie financière, qui a considérablement affaibli les collectivités locales en multipliant les structures, modifiant leurs périmètres, leur attribuant beaucoup de compétences, surtout de gestion, tout en sabrant leur autonomie financière.

Au final, une organisation illisible pour le citoyen, source de doublons et coûteuse en fonctionnement, mais qui semble pourtant satisfaire les élus et partis de tous bords qui y voient des opportunités de faire carrière ou de devenir influents dans le paysage politique français.

La décentralisation ne fait plus rêver, elle est devenue un énorme « machin » avec ses 35000 communes, 18 Régions, 101 Départements, 1254 intercommunalités, 8800 syndicats et ses 520 000 élus qui font tourner la boutique.

Alors, nouvelles compétences, nouveaux financements, autonomie, pour relancer la machine ? Non !

D’abord, remettre à plat la répartition des compétences et éventuellement conclure à la suppression d’un niveau : Le gouvernement est directement responsable de la sécurité et de la situation sociale du pays, et pourtant ce sont les départements qui gèrent les services d’incendie et de secours et les services sociaux : Pourquoi ?

Ensuite, s’interroger sur les coûts de fonctionnement internes, les indemnités et frais divers et variés perçus par les élus et les partis politiques, leurs frais de communication, les coûts de fonctionnement des assemblées…

Plutôt que de procéder à un énième rafistolage qui ne règlera rien, les élus s’honoreraient à faire cet état des lieux qui serait apprécié par les citoyens et qui montrerait au gouvernement que son propre fonctionnement, entre Ministères, Agences et Etablissement publics divers et variés, mérite d’être également mis sur la table.

Avec 3000 Milliards de dette, le temps n’est plus aux débats stériles, mais à l’action.

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